Le Grenier Gardangeois se lance dans la biométhanisation

ÉNERGIE. Christian Grenier et Stéphanie Taylor, du Grenier Gardangeois, travaillent à l’implantation d’une usine de biométhanisation de proximité dans le rang Séraphine avec la complicité de deux partenaires partageant les mêmes valeurs écologiques et entrepreneuriales.

Christian Grenier, un producteur agricole de quatrième génération diplômé de l’Université Laval, pourra enfin concrétiser son rêve grâce à une entente de partenariat avec Prorec, une entreprise de Saint-Hyacinthe dédiée à la valorisation des rejets alimentaires, et Keridis BioÉnergie, une société de Mont-Saint-Hilaire spécialisée dans la réalisation de projets de biométhanisation et l’exploitation d’installations de GNR (gaz naturel renouvelable).

Valorisation du biogaz

Le Grenier Gardangeois exploite une douzaine d’installations spécialisées dans l’élevage du porc et du poulet tout en s’adonnant aux grandes cultures (maïs et soya).

Le père, l’oncle et les deux cousins de l’actuel propriétaire ont implanté une usine de traitement du lisier, en 2005-2006, sur la ferme familiale.

« La vieille usine, en opération depuis près de deux décennies, sert à transformer le lisier en engrais, mais ne dispose pas des équipements requis pour valoriser le biogaz. Notre nouvelle usine sera nettement plus complète et permettra notamment de dégrader les matières organiques résiduelles pour produire du fertilisant (digestat) et un gaz riche en méthane qui sera réinjecté dans le réseau de gaz naturel », indique M. Grenier.

Le projet du Grenier Gardangeois a reçu un bon accueil chez Énergir qui cherche à multiplier par cinq le volume de gaz naturel renouvelable distribué dans son réseau. Seulement 2 % de son volume actuel est constitué de GNR alors que son objectif pour 2030 se chiffre à 10 %.

« Nous avons également droit à une bonne collaboration des autorités municipales », ajoute M. Grenier.

Notre interlocuteur mentionne par ailleurs que la nouvelle usine sera érigée à 500 mètres de la voie publique et produira moins d’odeur que l’ancienne usine ou que les fosses à purin du voisinage.

« Le transbordement du fumier et du lisier se fera à l’intérieur, derrière des portes closes », explique-t-il.

Projet de proximité

Le projet d’usine de biométhanisation du Grenier Gardangeois se distingue du projet de Nature Energy actuellement en voie de réalisation à Farnham à plusieurs niveaux.

Le Grenier Gardangeois prévoit être en mesure de traiter 100 000 tonnes de matières organiques par année alors que Nature Energy envisage un volume de 700 000 tonnes.

Nature Energy entend faire appel à la collaboration de 120 à 150 producteurs agricoles de la région dans un rayon de 30 à 40 km autour de Farnham. Le projet du Grenier Gardangeois implique une quinzaine de producteurs établis dans un rayon de 7 km autour de ses installations.

« Nous allons nous approvisionner directement chez nos voisins et plus précisément chez sept producteurs laitiers, quatre éleveurs de poulet/dinde et quatre producteurs de pommes. Le plus gros de nos intrants (75 %) sera constitué de lisier et de fumier alors que le reste proviendra de résidus agroalimentaires non utilisables pour la consommation humaine ou l’alimentation animale », signale M. Grenier.

Ce dernier tient également à préciser que les sous-produits laitiers déjà utilisés par les agriculteurs de la région pour nourrir leurs animaux ne seront pas détournés vers l’usine de biométhanisation.

M. Grenier ajoute que cette initiative va permettre aux producteurs participants d’être plus verts, d’améliorer leur bilan carbone tout, en leur évitant d’avoir à augmenter la grosseur de leurs fosses à fumier ou à purin.

Il est également intéressant de noter que les matières organiques provenant des installations du Grenier Gardangeois seront directement acheminées à l’usine de biométhanisation à l’aide de conduites souterraines. Il ne sera pas nécessaire de les transborder ni de les acheminer via le réseau routier.

Financement

La construction de l’usine de biométhanisation dans le secteur agricole d’Ange Gardien nécessitera des investissements de quelques dizaines de millions de dollars et pourrait être subventionné à hauteur de 50 % dans le cadre du Programme de soutien à la production de GNR relevant du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.

« Nous devrions savoir dans les prochains jours si notre projet est retenu pour une subvention. Notre demande de certificat d’autorisation auprès du ministère de l’Environnement devrait par ailleurs être déposée d’ici le 20 avril », précise Stéphanie Taylor.

Le Grenier Gardangeois prévoit aménager le site d’ici l’hiver prochain et entreprendre la construction au printemps 2025.

« La mise en service de l’usine est prévue pour la fin 2025 ou le début de 2026 », ajoute Mme Taylor.