Le Groupe Meloche redécolle
AFFAIRES. Le Groupe Meloche, une entreprise spécialisée dans la fabrication de pièces d’avion métalliques par procédé d’usinage, a des objectifs ambitieux. Alors que la reprise est bel et bien lancée, après des mois très difficiles durant la crise, l’entreprise souhaite faire passer son chiffre d’affaires à 200 M$ d’ici 2026, plus du double de celui d’avant la pandémie.
« Ça va venir par la croissance naturelle des programmes d’avion sur lesquels on fabrique des pièces et on prévoit dans notre plan stratégique quelques acquisitions », a indiqué le président du Groupe Meloche, Hugue Meloche.
L’entreprise compte sur cinq usines, dont une à Bromont, située sur la rue du Pacifique Est. Cette usine est intimement liée aux besoins de son client principal à Bromont, GE Aviation.
« On est arrivés là parce que GE cherchait à rapprocher ses fournisseurs stratégiques près d’eux, a expliqué M. Meloche. En 2009, on a atterri à Bromont et on est très liés dans la chaîne d’approvisionnement de GE. »
Si l’entreprise compte sur environ 300 travailleurs, l’usine de Bromont est plus petite en termes d’emplois, entre autres, parce qu’elle est très automatisée. C’est environ 25 personnes qui travaillent pour le Groupe Meloche à Bromont et l’entreprise souhaite augmenter ce chiffre de presque une vingtaine d’ici cinq ans.
« Il n’y a pas beaucoup d’employés, mais il génère un volume impressionnant, c’est de la fabrication à haut volume, a affirmé M. Meloche. On fabrique des centaines de milliers de pièces par semaine. »
D’ailleurs, le Groupe Meloche a profité de la pandémie pour compléter sa cellule robotisée à Bromont.
« Ça faisait quelques années qu’on travaillait là-dessus, mais quand la pandémie est arrivée, ça nous a libérés pas mal de temps et de ressources pour compléter ces grands projets d’automatisation pour se préparer à la reprise. »
MAIN-D’ŒUVRE
Les problèmes de pénurie de main-d’œuvre touchent presque tous les secteurs et le Groupe Meloche n’y échappe pas.
Si l’entreprise est parvenue du moins à garder ses employés en évitant les mises à pied pendant la pandémie, elle sait d’ores et déjà que le recrutement de la main-d’œuvre sera son principal défi alors qu’elle vise les plus hauts sommets.
« Où on a le plus de difficulté à recruter, c’est principalement pour les opérateurs non qualifiés, a affirmé Hugue Meloche. C’est là qu’il y a une guerre un peu. Ce sont les gens avec le moins de qualifications qui sont les plus difficiles à aller chercher. »
La situation est encore plus difficile en région. Le Groupe Meloche compte sur des usines à Montréal, à Valleyfield et à Beauharnois, en plus de Bromont. « On a une usine à Montréal, c’est peut-être un peu plus facile là-bas, a indiqué le président du groupe. Nos usines en région, à Valleyfield et à Bromont, ce n’est pas facile. Ce qui est particulièrement difficile, c’est que nos usines travaillent six jours pendant 24 heures. On n’a pas trop de misère à avoir des gens sur les quarts de travail réguliers, mais quand on arrive la nuit, les fins de semaine, les gens ont le choix. »
« Il y a plusieurs solutions, les travailleurs immigrants, l’automatisation, la formation, a-t-il ajouté. On essaie d’être actifs dans tous les domaines. Ce n’est pas une solution qui va régler l’enjeu de main-d’œuvre au Québec, mais plusieurs petites actions qui peuvent aider. »
Hugue Meloche remarque déjà que la pénurie met un frein à son expansion.
« L’an prochain, on est obligés de retrancher des ventes parce qu’on se dit qu’on ne sera pas capables de les faire. Le problème n’est pas au niveau de la génération de revenus, mais vraiment d’être capable d’exécuter et suivre la cadence de la reprise. »
Si la majorité des activités du secteur aérospatiale ont repris leur rythme habituel, c’est beaucoup moins le cas pour ce qui est du secteur des vols internationaux, ce qui touche une partie du chiffre d’affaires du Groupe Meloche.
« Les gros avions, ça, ce n’est pas repris, mais les vols domestiques, les avions d’affaires, les vols cargo, ça, c’est presque revenu complètement au niveau avant pandémie. Pour les vols internationaux, les experts disent que ça ne reprendra pas avant fin 2023, début 2024. Tant et aussi longtemps que tous les pays ne sont pas vaccinés, et ce n’est pas pour demain matin, les vols internationaux, ça va être long. »