Le mont Pinacle: un sommet qui n’a rien perdu de son attrait
Même si la population n’a plus accès au sommet du mont Pinacle depuis longtemps, ce massif continue de fasciner les habitants de Frelighsburg et les touristes de passage dans la région. Un groupe de réflexion tente actuellement de déterminer de quelle façon on pourrait permettre à la population de se réapproprier ce milieu naturel, de façon responsable, sans mettre en péril son écosystème et sans porter atteinte à la quiétude des propriétaires des lieux. La démarche demandera du temps… et du doigté!
Le comité de travail, mis sur pied en mai 2012, s’est réuni à quelques reprises au cours de la dernière année pour définir ses objectifs et élaborer un plan d’action pour convaincre les propriétaires de la montagne du sérieux de sa démarche.
«Ce sommet est fascinant. Le contempler de loin ou en faire le tour, sans pouvoir y accéder, c’est cependant un peu frustrant. Tout le monde est cependant bien conscient de la fragilité du site et admet qu’un accès à la montagne devrait être réservé à de petits groupes, tout en étant encadré de façon très stricte. Personne n’a intérêt à ce que le Pinacle soit dévasté et devienne un caillou chauve», plaide Jacques Ducharme, maire de Frelighsburg et membre du groupe de réflexion.
Il faut rappeler que le mont Pinacle constitue l’un des derniers massifs de la Montérégie encore à l’état sauvage. Un projet privé de centre de ski avec terrain de golf et condos élaboré à la fin des années quatre-vingt avait profondément divisé la communauté de Frelighsburg et donné lieu à une longue saga judiciaire qui s’est terminée en Cour suprême. La population locale se souvient encore des prises de bec mémorables entre les partisans du développement récréotouristique et les défenseurs de la conservation de la nature. La petite municipalité aura mis plusieurs années à rétablir les liens entre les deux clans.
Faire les choses correctement
Les membres du comité de travail – deux élus municipaux et une poignée de citoyens – ne veulent pas faire les choses à moitié, sachant très bien qu’ils n’auront pas nécessairement de deuxième chance pour mener le projet à bien.
«Les propriétaires de la montagne n’accepteront pas n’importe quoi en échange d’un droit de passage. Notre projet doit être solide et prendre en considération tous les aspects de la question», ajoute le maire Ducharme.
Ce dernier reconnaît que l’on ne peut pas se fier uniquement à la bonne foi des gens et qu’un encadrement très strict est nécessaire pour éviter tout dérapage.
«Il faudra être créatif en matière d’encadrement. On devra sans doute baliser les sentiers, aménager des passerelles, mais l’installation de clôtures est exclue, car elle nuirait à la libre circulation des animaux. À la limite, ça prend presque un cours pour apprendre à marcher sur les cailloux sans écraser la mousse. Les randonneurs d’expérience peuvent en témoigner», indique M. Ducharme.
Et pas question de se fier uniquement à des bénévoles pour assurer la surveillance des lieux. On devra prévoir l’embauche de personnel…
«Il faudra donc trouver de l’argent, car c’est le nerf de la guerre et les fondations qui financent ce genre d’activité ne sont pas très nombreuses au Québec. On va tenter de voir ce qui se fait ailleurs, de mettre à profit l’expertise des autres organisations exploitant des sites naturels», poursuit le maire de Frelighsburg.
Le Mont Pinacle en chiffres
-Sommet de la chaîne des Appalaches qui culmine à 712 m d’altitude.
-1 977 acres dézonés en vue d’un projet de centre de ski avec condos. Un regroupement soutient le projet de développement récréotouristique.
-Deux associations prônent la préservation des milieux naturels. Plus de 100 donateurs appuient une levée de fonds de la Fiducie. Deux terrains de 146 et 8,26 acres acquis par la Fiducie foncière. Servitudes de conservation sur neuf terrains ceinturant la montagne.
-823 acres de terre protégés à perpétuité à la base du mont Pinacle.
-Réseau de sentiers d’interprétation de 4 km avec 50 panneaux illustrés.
Source: Fiducie foncière du mont Pinacle