Le niveau d’eau en baisse de 15 pouces au lac Brome

Le présent été n’a pas été de tout repos pour le lac Brome. L’imposante étendue a vu son niveau d’eau chuter de 15 pouces. Une situation qui a suscité plusieurs plaintes et questionnements de la part des citoyens et plaisanciers, qui ne pouvaient plus mettre leur embarcation à l’eau. Des problèmes de sonde et de mauvaises prévisions météorologiques en juillet dernier sont à l’origine de cette baisse historique.

«Je n’ai jamais vu le lac aussi bas!», lance René Côté, qui possède un chalet sur le bord du lac Brome depuis 15 ans. Ses voisins ont tous mis leur bateau sur des élévateurs en raison du bas niveau de l’eau.

«Depuis deux, trois semaines, il y a moins de bateaux sur le lac. Les voisins et moi, on s’est demandé si c’était parce qu’on n’avait pas eu assez de pluie? Je ne peux plus me promener avec mon ponton, et c’est la première fois que ça arrive.»

Le niveau de l’eau du lac Brome doit être maintenu à 196,9 mètres au-dessus de la mer depuis l’entente conclue entre le gouvernement du Québec, Bromont et Lac-Brome, en 1984, explique Pierre Beaudoin, secrétaire de Renaissance Lac Brome, un organisme voué à la protection du lac Brome et de son bassin versant.

«Mais ce n’est pas parce que le niveau est bas qu’automatiquement, on peut ouvrir les valves du barrage pour le remplir», plaide-t-il. Car les conséquences sont nombreuses.

Le lac Brome doit fournir un minimum d’eau à la Ville de Bromont. Si la quantité d’eau émise est trop grande, Brigham risque l’inondation. De plus, l’équilibre du lac doit être conservé (pH) afin de ne pas nuire à sa faune aquatique.

Lorsque de fortes précipitations sont prévues, il faut vider le lac pour éviter des débordements. C’est ce qui s’est produit en juillet dernier.

«L’eau attendue n’est jamais tombée, alors on l’a vidé inutilement. On a eu une canicule longue tout de suite après, ce qui fait que fin juillet, le niveau était de 10 pouces plus bas qu’à l’habitude, et à la fin août, on était à 15 pouces trop bas», indique Pierre Beaudoin.

Des dizaines de bris de coques et d’hélices ont été rapportés, et il y a eu prolifération d’algues.

Problèmes de sonde

Deux sondes mesurent le débit d’eau du lac Brome: une mesure le niveau de l’eau, et l’autre mesure le débit (mètre cube par seconde).

Le Centre d’expertise hydrique Québec gère les données en ligne sur le site du Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP).

Un gestionnaire de la Ville de Lac-Brome supervise le débit de l’eau en s’y rendant plusieurs fois par jour et en vérifiant les données fournies par la sonde.

«Il est géré de façon assujettie au fonctionnement manuel, mais ça prend trois, quatre heures avant de savoir où on est rendus, alors on a livré plus d’eau que prévu, indique Gilles Decelles, maire de Lac-Brome. On a assez d’eau pour alimenter Bromont, mais on a besoin d’améliorer le système. Les actions sont déjà lancées.»

Mesures correctives

Pour corriger la situation, la sonde devrait être relocalisée afin d’émettre les «vraies données». Plusieurs options sont envisagées, dont l’installation d’un automatisme pour l’ouverture et la fermeture des valves selon les données.

«L’humain va rester dans le portrait, parce qu’il faudra gérer d’autres situations de canicule au cours des prochaines années. Les événements extrêmes causés par les changements climatiques viennent amplifier le défi», souligne M. Beaudoin.