Les entrepreneurs de Brome-Missisquoi affichent un optimisme prudent

ÉCONOMIE.  Le vent d’optimisme qui soufflait dans Brome-Missisquoi, début 2022, au sortir de la pandémie, a été mis à rude épreuve par la hausse de l’inflation et la guerre en Ukraine. Les entrepreneurs de la région n’ont pas perdu confiance pour autant, selon un sondage réalisé pour le compte du Centre local de développement (CLD).

: »Les membres de la communauté d’affaires sont préoccupés par la pénurie de main-d’oeuvre, les problèmes de liquidité, l’augmentation des taux d’intérêt et la hausse des prix à la consommation. Plusieurs d’entre eux se disent fatigués, épuisés et manquent de temps pour planifier », indique le président du CLD, Louis Villeneuve, en guise d’introduction au Rendez-vous économique Brome-Missisquoi.

Ce dernier perçoit néanmoins un optimiste prudent chez les entrepreneurs d’ici.

« Pas moins de 86 % d’entre eux se disent confiants ou très confiants en l’avenir et 90 % affirment même avoir des projets d’innovation », ajoute M. Villeneuve.

Le président du CLD est par ailleurs conscient que les défis à relever sont importants.

« La communauté d’affaires doit se préparer à la relance économique, poursuivre le virage technologique, réussir les transferts d’entreprises, attirer de nouveaux travailleurs et trouver des logements pour les héberger tout en s’assurant de préserver l’environnement », résume-t-il.

Année de transition

Jovanka Charbonneau, économiste principale à la Banque de développement du Canada (BDC), définit 2023 comme une année de transition.

« L’incertitude économique va persister en 2023, mais nous ne prévoyons pas de récession. La prudence est de mise car les signaux d’alarme se multiplient, mais il n’y a pas de place pour la panique », indique-t-elle.

Selon le scénario optimiste, le Canada pourrait terminer l’année avec un taux de croissance positif de +0,5 %. Selon un scénario plus pessimiste, le Canada pourrait connaître un taux de croissance négatif de -1 %. On parle déjà d’une reprise économique de l’ordre de +1 % en 2024.

Mme Charbonneau signale que l’inflation se stabilise, mais ajoute que le retour des bas taux d’intérêt n’est pas pour demain. La consommation des biens a commencé à ralentir au dernier trimestre de 2022, car les ménages payent leurs dettes, mais le revenu disponible des consommateurs demeure élevé.

L’économiste de la BDC note également que le marché de l’immobilier ralentit avec une baisse des ventes résidentielles (-29 %) et que les prix de vente moyens des propriétés diminuent (-0,7 %). Les investissements dans le secteur résidentiel sont également à la baisse.

Plein emploi

Jovanka Charbonneau rappelle par ailleurs que le taux de chômage demeure très bas, aussi bien au Québec (4,2 %) qu’au Canada (5 %). 

« À 4,2 %, on est très près du plein emploi », affirme-t-elle, en faisant référence au taux de chômage dit naturel.

Et comme la création d’emploi a surpassé la moyenne historique en 2022, la pénurie de main-d’œuvre va continuer de causer des maux de tête aux employeurs.

Le vieillissement de la population (20,8 % en 2022 contre 12,9 % en 2000 ont 65 ans et plus) et le départ à la retraite de nombreux Québécois (56 000 en 2023 contre 25 700 en 2000) ne facilitent pas la tâche aux entreprises en manque de personnel. On estime par ailleurs que plus de 20 % des travailleurs d’ici – actuellement âgés de 55 ans et plus – vont prendre leur retraite au cours des dix prochaines années.