Les marchés publics ont la cote
Les producteurs agricoles de Brome- Missisquoi et de la Haute-Yamaska ont adopté de nouvelles stratégies de mise en marché au cours des dernières années… et les résultats sont encourageants!
«La vente à la ferme a longtemps constitué le seul lien direct entre les consommateurs et les producteurs agricoles. C’était avant le retour en force des marchés publics et la naissance des marchés de solidarité régionale», indique Pierre Genesse, conseiller en développement rural au CLD de Brome-Missisquoi et copropriétaire du vignoble Le Domaine Vitis, à Brigham.
Brome-Missisquoi peut désormais compter sur la présence de trois marchés publics (Farnham, Bedford et Knowlton) et d’un marché de solidarité régionale (Cowansville-Waterloo). Granby a également renoué avec la tradition du marché public voilà cinq ans. Ces organisations regroupent plusieurs dizaines d’entreprises locales, du fromager à l’éleveur, de la chocolatière au boulanger, qui invitent la population à faire provision de produits frais et savoureux.
«Nous vendons nos produits au marché public de Lac-Brome, chaque samedi, du début juin à la mi-octobre. Nos ventes aux marchés représentent 35% de notre volume d’affaires», indique Jean-Martin Fortier, copropriétaire des Jardins de la Grelinette, une entreprise maraîchère de à Saint-Armand qui se spécialise dans la production biologique certifiée.
Pierre Genesse voit encore plus grand et se plaît à rêver du jour où les marchés publics d’ici ouvriront leurs portes plusieurs jours par semaine. Selon lui, tout est possible à condition que la demande le justifie…
«Nos marchés publics ne sont ouverts qu’une seule journée, pendant la saison estivale. Il y aurait peut-être lieu de modifier la vocation de ces établissements en les rendant accessibles à l’année, comme c’est le cas à Saint-Hyacinthe ou à Drummondville», estime M.Genesse.
La situation est fort différente pour le Marché de solidarité régionale de Cowansville, qui est ouvert à l’année et prend en quelque sorte la relève des marchés publics, à l’automne, quand ces derniers ferment leurs portes pour la saison froide.
«Notre marché compte 200 membres et offre une gamme de 300 produits via Internet. Notre organisation conserve 15% des recettes pour les frais de gestion et de publicité, mais remet tout le reste aux producteurs qui se partagent ainsi plus 100 000$ chaque année», précise Éric Ferland, porte-parole du Marché de solidarité régionale de Cowansville.
Plusieurs s’entendent également pour dire que plusieurs petites localités auraient avantage à implanter un marché public dans les limites de leur territoire.
«Ça prend de bonnes idées, du jus de bras et un peu d’argent. Il va sans dire qu’un coup de pouce de la municipalité, au moment du démarrage, facilite grandement les choses. La masse critique viendra avec le temps», poursuit M. Genesse.
@ST:Tout le monde y gagne
@R:La présence d’un marché public stimule l’économie locale et profite à tout le monde, en plus d’être bénéfique sur le plan environnemental.
«Les gens se pointent au marché, tôt le matin, et en repartent avec les bras pleins de produits de chez nous», fait remarquer Hugues Ouellette, propriétaire de la Fromagerie des Cantons (Farnham) et président de la coopérative de solidarité La Station gourmande.
Ce dernier apprécie également le contact direct avec les consommateurs et les liens d’amitié qui se tissent entre les producteurs d’un même marché public.
Lise Lamoureux, propriétaire du P’tit cochon rond (Saint-Joachim-de-Shefford), rappelle que les gens sont de plus en plus avertis et aiment bien savoir qui produit les denrées qu’ils consomment.
«Grâce au marché public, les producteurs et les clients en viennent à former une seule et grande famille», précise-t-elle.
Vicky Villeneuve, coordonnatrice au développement régional au Conseil de l’industrie bioalimentaire de l’Estrie, ajoute qu’une partie de plus en plus importante de la population manifeste la volonté d’acheter et de consommer des produits locaux.
«Il n’est pas toujours facile de trouver des produits de notre région dans les supermarchés. Les épiciers n’ont pas toute la latitude voulue et doivent souvent composer avec les politiques d’achat des grandes bannières», affirme Mme Villeneuve, dont l’organisme vient de lancer la deuxième édition de la carte napperon des marchés publics et de solidarité des Cantons-de-l’Est, disponible dans les bureaux d’information touristique.
L’achat local est par ailleurs bénéfique pour la qualité de l’environnement, car il diminue la production de gaz à effet de serre.
«Il n’est pas normal que des fraises, cueillies dans Brome-Missisquoi, doivent transiter par Toronto avant de revenir dans les magasins de la région», estime Éric Ferland.
Ce dernier rappelle qu’un produit dit local est généralement consommé dans un rayon de 100 km alors qu’un produit importé peut franchir jusqu’à 2 500 km avant de se retrouver sur la table du consommateur. Toute une différence!