Pascale St-Onge: des enjeux mondiaux gérés par la députée du coin

POLITIQUE. C’est une année mouvementée qui se termine pour la députée de ­Brome-Missisquoi, Pascale ­St-Onge. Dès sa nomination à titre de ministre du ­Patrimoine canadien en juillet dernier, elle est devenue la ­porte-parole du pays pour forcer des géants du web comme ­Meta-Facebook et ­Google à donner des redevances aux médias d’information du ­Canada.

La loi ­C-18 sur les nouvelles en ligne entrait officiellement en vigueur, le 19 décembre dernier. Parallèlement à ce dossier, ­Mme ­St-Onge a notamment piloté une entente de 100 millions de dollars par année, qui oblige ­Google à redonner une part de ses revenus publicitaires qu’elle additionne au détriment des médias canadiens depuis quelques années.

À l’inverse, elle était et est toujours aux premières loges dans le litige opposant ­Ottawa à ­Meta, l’entreprise possédant les réseaux sociaux ­Facebook et ­Instagram. Meta refuse toujours de respecter la loi en boycottant le partage de contenus et d’articles provenant des médias canadiens.

L’objectif consiste à convaincre cette multinationale à compenser financièrement de plus petites entreprises médiatiques, car elle contribue à accentuer la crise des médias, aux dires de ­Mme ­St-Onge. En d’autres termes, ­Ottawa veut forcer la main à ­Meta, qui refuse de verser des redevances aux médias, même si les contenus lui font accumuler des clics et des revenus. Les parlementaires et l’industrie digèrent mal que ­Meta profite de ces contenus, mais sans payer les salles de rédaction qui signent les reportages.

LES ­NETFLIX, ­SPOTIFY ­ET ­DISNEY ­AUSSI ­IMPLIQUÉS ­DANS ­SES ­DOSSIERS

«  ­Ma seconde partie de l’année 2023 a été fort occupée, et ce, dès que j’ai quitté le ministère des ­Sports, admet ­Mme ­St-Onge. C’est à cette période que ­Facebook a commencé son boycottage, pendant que nous devions finaliser les ­Lois sur la radiodiffusion et sur les nouvelles en ligne. C’est aussi pendant des consultations publiques où l’on a débattu sur comment les ­Netflix, ­Spotify et ­Disney de ce monde devaient aussi contribuer financièrement pour soutenir les nouvelles.  »

«  ­Ces deux lois sont la base pour rééquilibrer le secteur des médias, ­insiste-t-elle. Les géants du web doivent verser des redevances à ceux qui produisent des contenus, pas juste les siphonner. Le journalisme est un service essentiel et à la base de la démocratie d’un pays.  »

La pression ne semble pas l’étouffer, même si plusieurs gouvernements étrangers surveillent attentivement le litige opposant ­Ottawa aux géants du web. Meta demeure réticent, car la conclusion de ce conflit pourrait influencer des conflits semblables dans d’autres États américains et pays situés aux quatre coins de la planète. Des milliards de dollars sont en jeu. «  ­Le monde nous regarde, car c’est la première loi de ce genre à être aussi transparente  », ajoute la ministre, qui séjourne dans sa maison du ­Canton d’Orford lorsqu’elle n’est pas à ­Ottawa.

Elle assure que le gouvernement n’a pas dit son dernier mot dans le bras de fer qui l’oppose à ­Meta. D’ici là, elle suivra attentivement les conclusions du ­CRTC, qui doit trancher sur quelles entreprises les lois comme la ­C-18 doivent s’appliquer. Elle attend aussi les résultats d’une plainte au ­Bureau de la concurrence, formulée par les radiodiffuseurs, qui pourrait fournir d’autres outils à ­Ottawa pour faire bouger ­Meta.

Pascale ­St-Onge dit apprécier la transition d’un ministère à l’autre surtout que les dossiers du ­Patrimoine canadien s’apparentent à ceux défendus lors de son passage, dans les années 2010, à la ­Fédération nationale des communications, une organisation syndicale québécoise affiliée à la ­Confédération des syndicats nationaux.