Production de boissons: un changement s’impose, dit Charles Crawford

NON-SENS. Jugeant illogique que les producteurs de certaines boissons alcoolisées ne puissent vendre leurs propres produits, l’Association des micro-distilleries du Québec (AMDQ), co-présidée par Charles Crawford (Domaine Pinnacle) et Michel Jodoin (Cidrerie Michel Jodoin), s’attaque à la question. Un projet de loi en ce sens avait d’ailleurs été déposé, en 2013, par le député libéral d’Huntingdon, Stéphane Billette.

Le Domaine Pinnacle, sis à Frelighsburg, a été sermonné dans un jugement rendu récemment public par la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) (voir autre texte) et aux dires de Charles Crawford, ce n’est pas le premier producteur à subir ces conséquences.

«À notre boutique de Frelighsburg, nous vendons nos cidres depuis 2001 avec un permis artisanal. On a lancé, il y a quelques années, une liqueur à base de crème, basée sur le cidre de glace qu’on vend également à la boutique. La Régie n’était pas d’accord (à ce qu’on les vende) parce qu’elle considère que ce produit concerne un permis de distillerie, même si c’est un produit assemblé», explique Charles Crawford, président fondateur du Domaine Pinnacle.

Prise en délit à de multiples reprises, l’entreprise a été sermonnée par la RACJ. Actuellement, ces produits peuvent être uniquement vendus qu’à la SAQ. «Si la SAQ ne prend pas le produit, les ventes sont à zéro alors ça n’encourage pas les entrepreneurs à faire des choses», note M. Crawford.

Pour faire lever cette interdiction, jugée comme un non-sens par les fabricants concernés, cinq producteurs se sont réunis l’an dernier et ont créé l’AMDQ. «On veut faire du lobbying afin d’avoir le droit de vendre nos produits. Nous ne sommes pas d’accord avec la loi en place. On pense que c’est logique que les producteurs puissent vendre leurs produits. On est en train de monter un dossier pour le présenter au nouveau gouvernement. Je devrais avoir un dossier complet dans quelques semaines», dit-il.

M. Crawford raconte qu’en Ontario, en Nouvelle-Écosse, au Vermont et dans l’état de New York, les producteurs peuvent vendre leurs propres produits. «Ici, nous sommes limités. On veut qu’il y ait un changement de loi éventuellement. C’est pour cette raison que l’AMDQ a été créée il y a un peu plus d’un an», poursuit M. Crawford.

Projet de loi

L’an dernier, le député libéral Stéphane Billette a déposé le projet de loi 395 visant à modifier la Loi sur la Société des alcools du Québec et la Loi sur les permis d’alcool. En résumé, il est proposé de créer une nouvelle catégorie de permis et d’autoriser le producteur à vendre à ses produits à différents endroits. Le tout vise à promouvoir les boissons alcooliques fabriquées au Québec. «Avec ce projet de loi, on permettra la vente directe des produits. On espère que cette loi sera reprise et revue par le nouveau gouvernement. Il s’agit d’une initiative importante pour le développement de l’industrie», ajoute Charles Crawford.

Ce dernier souhaite que le député de Brome-Missisquoi et nouveau ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), Pierre Paradis, aille de l’avant avec ce projet de loi. «M. Paradis m’a dit qu’il allait se pencher dessus. J’ai aussi parlé avec les gens de la SAQ et ils sont favorables. Je crois que c’est une approche plus moderne et en lien avec ce qui se fait ailleurs. Ici, on est un peu en retard et je crois qu’il y a une opportunité de développer des produits intéressants», note-t-il en faisant référence à l’importante croissance des micro-distilleries aux États-Unis. Au moment d’aller sous presse, il n’avait pas été possible de s’entretenir avec Pierre Paradis.