Résidus verts: Brome-Missisquoi et Haute-Yamaska à l’heure des choix
ENVIRONNEMENT. Alors que les MRC de Memphrémagog et du Haut-Richelieu ont déjà fait leur choix, les MRC de Brome-Missisquoi et de la Haute-Yamaska réfléchissent toujours à la meilleure façon de valoriser les matières organiques sur leur territoire respectif afin de se plier aux exigences gouvernementales.
La MRC de la Haute-Yamaska a mis fin, début avril, au processus d’appel d’offres pour la construction et l’exploitation en partenariat public-privé (PPP) d’un centre de tri et de traitement des matières résiduelles.
«Trois maires sur huit ont mis voté en faveur de l’abandon de l’appel d’offres. Après dix ans de discussions, on recommence à zéro, on retourne à la case départ», résume le préfet Pascal Russell.
Le maire de Sainte-Cécile-de-Milton, Paul Sarrazin, confirme à son tour que la MRC de la Haute-Yamaska «repart avec une page blanche». Système à deux ou trois bacs, petite ou grosse installation, projet distinctif ou partenariat avec une autre MRC, toutes les options sont sur la table et rien n’est encore décidé, assure-t-il.
Les maires de la Haute-Yamaska devaient se rencontrer, lundi, afin de discuter du dossier et évaluer les différentes avenues qui s’offrent à eux.
«Comme on souhaite que tout le monde contribue à la réduction de la quantité de déchets envoyée à l’enfouissement, on veut s’assurer que les gens vont apprécier le système de traitement en place», explique M. Russell.
Ce dernier ajoute que le projet retenu devra être réalisable «à des coûts acceptables» et ne pas devenir «un fardeau» pour les contribuables.
L’abandon du projet de la MRC de la Haute-Yamaska ouvre une porte à la MRC voisine qui se cherche des partenaires pour la construction d’une usine de biométhanisation. Un projet piloté par la Régie intermunicipale d’élimination des déchets solides de Brome-Missisquoi (RIEDSBM), qui exploite déjà le site d’enfouissement du rang Saint-Joseph, à Cowansville.
«Ça aurait du sens qu’on regarde le projet de Brome-Missisquoi. C’est une option parmi d’autres. Faut se donner la chance de l’analyser», affirme M. Sarrazin.
Le préfet Pascal Russell précise la position du conseil…
«S’il y a un intérêt de la part des maires, dit-il, on demandera aux gens de la RIEDSBM de venir nous faire une présentation.»
Le projet de Cowansville
La RIEDSBM souhaite construire une usine de biométhanisation aux abords du site d’enfouissement de Cowansville afin de rencontrer les exigences gouvernementales et prolonger la durée de vie utile du site d’une douzaine d’années.
«Si on regarde le volume (30 000 tonnes) et les coûts (environ 25M $), les prévisions de l’usine du rang Saint-Joseph sont très similaires à celles de l’usine modèle de Rivière-du-Loup actuellement en voie de construction», précise le préfet de la MRC de Brome-Missisquoi et maire de Cowansville, Arthur Fauteux.
La biométhanisation est un processus biologique qui permet de décomposer la matière organique par des micro-organismes en l’absence d’oxygène (en anaérobie). Il s’agit d’un procédé qui transforme les résidus végétaux (gazon, feuilles, branches) et les déchets de table (retailles de légume, viandes, os, marc de café) en fertilisant organique (digestat) et en biogaz (méthane). La revente du biométhane sous forme liquide ou solide génère des revenus sujets à la fluctuation des prix du marché.
La RIEDSBM se dit ouverte aux discussions et estime que l’entrée en scène de nouveaux partenaires permettrait de partager les risques – assumés jusqu’ici par les quatre villes propriétaires que sont Cowansville, Farnham, Bedford et Dunham – d’améliorer la rentabilité de l’usine de biométhanisation et d’offrir à la clientèle des tarifs encore plus compétitifs.
«Ça va nous prendre beaucoup de volume pour rentabiliser le projet», affirme le président de la RIEDSBM, Pierre Janecek.
Selon la RIDSBM, la présence de nouveaux partenaires ne retarderait en rien la réalisation du projet déposé au ministère de l’Environnement en décembre 2011. Il s’agirait simplement de grossir les installations pour traiter les volumes de matière organique excédentaire. Alors que la MRC de Brome-Missisquoi compte 56 600 résidants dans 21 municipalités, la MRC de la Haute-Yamaska peut miser sur une population de 88 650 habitants répartis dans huit localités. L’entrée en scène de cette dernière viendrait modifier la donne.
«Si ça ne fonctionne pas, ça va nous prendre un plan B», laisse entendre M. Janecek.
Des représentants de la RIEDSBM et de la MRC du Haut-Richelieu avaient eu une première discussion – qualifiée de rencontre exploratoire – en juin 2014, mais les maires de cette région ont finalement opté pour la construction d’un centre de compostage pouvant traiter 50 000 tonnes de résidus par année. Ces installations seront aménagées au coût de 11,5M $ dans le secteur Saint-Athanase, à Saint-Jean-sur-Richelieu.
«Il y a à peine trois ans, 30 % des MRC penchaient pour le compostage et 70 % pour la biométhanisation. Aujourd’hui, 60 % favorisent plutôt le compostage», signale Daniel Bouliane, président de la compagnie Matrec.
La MRC de Memphrémagog ne possède pas de système de traitement des matières organiques sur son territoire. Treize des 17 municipalités de cette MRC collectent leurs résidus verts au moyen d’un bac brun et les acheminent à la plateforme de compostage sur andins opérée par la Régie intermunicipale de gestion des déchets solides de la région de Coaticook.
«Magog a abandonné son projet d’usine de biométhanisation et vient de signer un contrat avec la Régie de Coaticook pour le traitement de ses ordures ménagères et de ses matières organiques. Cette entente, qui doit prendre effet en juillet prochain, privera la RIEDSBM d’un client», précise Mélanie Désautels, chargée de projet en gestion des matières résiduelles à la MRC de Memphrémagog.
Avec la collaboration de Gilles Bérubé
Où traiter les matières organiques?
. MRC de Brome-Missisquoi: usine de biométhanisation à Cowansville (projet)
. MRC de la Haute-Yamaska: nouvelle stratégie en voie d’élaboration
. MRC du Haut-Richelieu: centre de compostage à Saint-Athanase (2016)
. MRC de Memphrémagog: plate-forme de compostage à Coaticook (actif)