SPA: l’adoption va bon train, sauf pour les pitbulls
Au retour des fêtes, la Société protectrice des animaux (SPA) des Cantons fonctionnait aux limites de sa capacité avec une cinquantaine de chiens et plus de 80 chats. Deux semaines plus tard, le cri d’alarme a été entendu et de nombreux pensionnaires à quatre pattes ont trouvé un nouveau foyer, tous sauf les pitbulls.
«L’adoption, c’est parti!», lance le directeur de la SPA, Carl Girard, visiblement heureux de ce revirement de situation. «Je suis agréablement surpris», ajoute-t-il. Une vingtaine de chats et autant de chiens ont été récemment adoptés par des gens de la région, mais aussi de l’extérieur. Seule ombre au portrait? Les pitbulls. «Ils sont victimes de leur mauvaise réputation. Quand les gens se rendent compte que ce sont des pitbulls, ils deviennent invisibles dans le chenil», remarque tristement le contrôleur animalier.
Pourtant, de tous les dossiers de morsures qu’a eus à enquêter Carl Girard, un seul concernait le pitbull. En décembre 2011, une joggeuse avait été mordue au poignet par un pitbull à Glen Sutton. «J’ai eu bien plus de morsures de golden et d’autres races que de pitbull, mais les morsures de pitbull sont spectaculaires», convient M. Girard.
Actuellement, la SPA accueille six pitbulls, soit deux adolescents et quatre adultes. Et parmi eux, une femelle a récemment donné naissance… à dix rejetons. «Je songe à stériliser les petits lorsqu’ils auront huit semaines», note Carl Girard.
Le directeur ne peut pas compter sur le <I>Pit Stop Montreal Rescue<I>, un organisme montréalais voué à la protection des pitbulls pour l’adoption. «Ils sont débordés», constate-t-il. Et impossible de les envoyer dans des refuges ontariens puisqu’ils sont bannis dans cette province.
Pas une vie pour un chien
Énergique, le pitbull est un chien qui a besoin de bouger. «Il doit être énergisé. Ce n’est pas une vie pour un chien de la passer dans un chenil. Le pitbull est victime sur toute la ligne. S’il n’est pas stimulé, son tempérament peut se dégrader et l’animal peut devenir agressif. Dans ce cas-là, je vais être obligé d’en euthanasier parce qu’on n’est pas capable de les faire adopter», remarque Carl Girard. Et c’est ce qui pourrait arriver à Dexter, un pitbull qui séjourne à la SPA depuis le mois d’août 2012. «Son tempérament a commencé à changer. À force de rester en dedans, il va capoter même si des bénévoles le font marcher tous les jours et qu’il va faire ses besoins dehors. Ce n’est pas une vie pour un chien», indique M. Girard.
L’animal est aussi banni, à tort selon Carl Girard, dans plusieurs municipalités et dans la région, dont à Farnham. M. Girard veut faire changer la donne lors du renouvellement de ses contrats municipaux.
Une main de fer dans un gant de velours
Carl Girard convient que cette race attire une certaine clientèle. «Il ne faut surtout pas se fier à l’apparence, il faut poser des questions pour voir ce que la personne veut faire avec», soutient-il. Et la violence n’est pas tolérée. S’il ressent de mauvaises intentions, il refuse l’adoption, comme ce fut le cas récemment. «Ce que ça prend pour avoir un pitbull, c’est une main de fer dans un gant de velours. C’est un chien qui a un gros tempérament. S’il se fait frapper, il va répliquer. Il lui faut quelqu’un de stable et de constant dans ses demandes», expose l’éleveur canin. Le pitbull, qui est croisé avec du terrier, est également une bête très indépendante.