Sutton prend de grands moyens dans un contexte de pénurie d’eau

MUNICIPAL. Prise avec des problèmes de pénurie d’eau qui pourraient s’accentuer avec les changements climatiques, la Ville de Sutton a décidé de mettre en place un plan d’action pour contrer les effets de cette situation. L’une des mesures est de demander à la MRC de Brome-Missisquoi d’essentiellement geler les nouvelles constructions dans le secteur montagne.

Ce gel, si autorisé par la MRC, se fera sous la forme d’un règlement de contrôle intérimaire qui interdira la subdivision des lots afin d’y construire plusieurs résidences.

Ce n’est pas dans trois ou dans cinq ans quand on va avoir le nez devant le problème qu’il faudra amener des solutions. Il faut déjà regarder toutes les possibilités pour trouver des solutions.

Robert Benoît, maire de Sutton

« On est prêts à prendre ces décisions politiques qui sont difficiles à prendre parce que d’une certaine façon, on bloque le développement, on bloque le fait d’aller chercher des nouveaux revenus, déclare le maire de Sutton, Robert Benoît. Les conséquences à moyen et à long terme sont beaucoup trop grandes. »

Des conséquences se font déjà justement sentir chez des résidents du secteur visé.

« Il y a des périodes où on doit demander aux citoyens de réduire leur consommation de façon importante question qu’il reste de l’eau dans le réseau, rapporte le directeur général de la Ville de Sutton, Pascal Smith. On y voit aussi un frein important au développement économique, que ce soit régional ou municipal. »

Selon un rapport de Tetra Tech commandé par la Ville et rendu public la semaine dernière, la capacité de production actuelle est déjà insuffisante en situation d’eau froide et la disponibilité de l’eau brute en été est également en deçà des besoins.

Outre le gel des constructions, la Ville mettra en place trois autres actions dans les prochains mois.

Elle compte réaliser une étude géologique et hydrogéologique afin de voir les possibilités de trouver de nouvelles sources d’eau à même ce secteur.

Selon le maire, le comité d’experts de la Ville, composé de citoyens spécialistes en la matière, serait confiant que cette solution porte fruit.

« Notre comité d’experts, ce sont trois citoyens spécialistes qui vivent à Sutton et qui ont travaillé bénévolement avec nous pour nous éduquer sur toute la question de la recharge de la nappe phréatique et toute la géologie. On peut bénéficier de ces experts-là et ils sont confiants qu’on va en trouver de l’eau. »

Une autre étude hydrogéologique sera également commandée dans le secteur village, dont les infrastructures ne sont pas reliées avec celles du secteur montagne, afin de confirmer les capacités de la nappe phréatique du puits Academy. Dans le secteur montagne, c’est de l’eau de surface provenant des lacs Spruce, Vogel et Mud qui est traitée.

La Ville poursuivra aussi ses mesures d’économie d’eau qu’elle compte renforcer, comme l’obligation d’installer des équipements à faible consommation d’eau, par exemple.

CHANGEMENTS CLIMATIQUES

La situation de pénurie d’eau dans le secteur montagne pourrait très bien s’empirer avec les changements climatiques, indique le maire Benoît.

« Ça ne s’en va pas pour le mieux, on le constate à l’heure actuelle. Si on regarde les précipitations de neige ou d’eau, c’est une problématique qu’on a eue dans les deux dernières années. Les ruisseaux étaient à sec, la rivière Sutton, à sec, la rivière aux Brochets, à sec. »

MAILLAGE DES DEUX SYSTÈMES

La situation ne se reproduit pas nécessairement du côté de secteur du village.

Toujours selon le rapport de Tetra Tech, mailler les deux systèmes, celui du village et du secteur montagne, pourrait permettre la construction de 400 nouvelles unités. Selon l’administration municipale, des projets sont en cours pour environ 800 nouvelles unités dans le secteur montagne uniquement.

La Municipalité continuera d’évaluer cette option si elle est viable, mais regarde d’autres alternatives

« Le rapport de Tétra Tech, le mandat qui avait été donné, ça venait de l’ancienne administration, rappelle M. Benoît. Ils étaient convaincus que la seule solution, c’était de pomper l’eau du village vers la montagne. Il faut regarder d’autres solutions aussi. »

Les coûts d’un tel maillage sont évalués à environ 15 M$.

« Quand on regarde l’aspect économique, qui était tenu secret, c’était d’ailleurs un enjeu pendant la période électorale, il y a un impact financier assez important, soutient M. Benoît. Il va falloir aller chercher des subventions, mais aussi faire payer les promoteurs. Comme municipalité, on ne peut pas demander à toute la population de partager les coûts pour des projets spécifiques qui ont des retombées uniquement pour des groupes de citoyens. »