Temps supplémentaire des policiers: 20% d’augmentation en trois ans
Les dépenses reliées aux heures supplémentaires des policiers de la région ont bondi de 19,7% de 2010 à 2012, révèlent des documents obtenus par JournalLeGuide.com via la Loi sur l’accès à l’information. Augmentation des effectifs policiers, participation à des escouades spécialisées et opérations spéciales expliquent la hausse du temps additionnel effectué par les représentants de la Loi.
En 2010, 29 071 heures ont été travaillées en surtemps par les policiers de Bromont, de Granby, de la Haute-Yamaska et de Brome-Missisquoi. La facture, fixée à 1 360 365,30$ en 2010, est passée à 1 628 701,30$ en 2012.
En trois ans, ce sont plus de 4,4M $ qui ont été dépensés par les services policiers de la région pour payer plus de 93 200 heures supplémentaires.
C’est dans la MRC de Brome-Missisquoi qu’on dénombre le plus haut montant versé aux policiers pour du surtemps. De février 2010 au 12 septembre 2013, 2 473 448$ ont été accordés en salaire pour la réalisation de 47 567 heures additionnelles. Pour la même période, les policiers de la Sûreté du Québec de la Haute-Yamaska ont reçu 853 351$ pour 16 411 heures supplémentaires travaillées. De son côté, le Service de police de Bromont a versé 1 005 393,20$ à ses policiers de 2007 à 2012.
Dans Brome-Missisquoi
D’après les données fournies par la SQ, les policiers de Brome-Missisquoi ont reçu 516 756$ en temps supplémentaire de février à décembre 2010. Ce chiffre est passé à 639 313$ en 2011 et à 654 606$ en 2012. Et pour la période comprise entre le 1<V>er<V> janvier et le 12 septembre 2013, la facture s’élève à 662 773$, une augmentation de 28,25% en un peu moins de quatre ans.
«Dans Brome-Missisquoi, les policiers ont été très proactifs en terme de perquisitions en 2013. Il y a certains montants de temps supplémentaires qui ont été alloués pour cela. Il y a aussi certains dossiers qui se travaillent de soir et de nuit», indique la sergente Aurélie Guindon, porte-parole de la Sûreté du Québec.
Les opérations de surveillance routière telles que les barrages routiers, les enquêtes policières, les escouades spéciales et les programmes, comme l’Opération cisaille constituent aussi du surtemps alloué.
La Sûreté du Québec indique également gérer le temps supplémentaire selon des budgets précis et doit répondre à certaines obligations. «La SQ a des engagements territoriaux au niveau des effectifs de patrouille, c’est-à-dire qu’il y a des effectifs minimums pour un secteur précis. Un policier qui s’absente, que ce soit pour un congé de maternité, de maladie, doit être remplacé», explique la sergente Guindon.
La Sûreté du Québec ne croit pas que l’ajout de nouvelles ressources policières représenterait une solution pour réduire le nombre d’heures additionnelles.
«Une proportion de ce temps supplémentaire peut être occasionnée par des événements impromptus où les policiers doivent être présents, mais pas nécessairement plus nombreux», précise la sergente Guindon.
Le délégué syndical du poste de Brome-Missisquoi, Hugo Lizotte, indique que le temps supplémentaire est bien géré au niveau de la direction. «C’est bien réparti, c’est équitable. Il n’y a pas de problématique. Le syndicat intervient s’il y a une iniquité, mais ce n’est pas le cas», dit-il.
Bromont
À Bromont, le nombre d’heures supplémentaires a augmenté de 62% entre 2007 et 2012 pour se solder à 4 807 unités (226 755,64$) au 31 décembre 2012. Jean Bourgeois, le directeur du Service de police de Bromont, explique cette augmentation par deux principaux facteurs. «Les chiffres ont augmenté au cours de deux ou trois dernières années en raison de notre participation aux ERM. C’est un facteur assez majeur parce qu’en matière d’enquête au crime organisé, il est certain que ça nécessite un bassin d’heures un peu plus grand que les enquêtes dites régulières», dit-il.
D’après les données obtenues, 950 heures supplémentaires ont été effectuées par les policiers bromontois «prêtés» à d’autres corps de police, dont la GRC et la SQ. Ces montants (52 813,42$) ont d’ailleurs été remboursés à la Ville en vertu d’ententes en vigueur.
L’attente d’une décision de la Cour suprême en lien avec des dossiers d’alcool au volant a aussi eu un rôle à jouer dans l’augmentation. «La décision a été rendue et ces dossiers sont arrivés à la Cour en lot ce qui a provoqué une augmentation des heures reliées aux assignations des policiers la Cour», soutient M. Bourgeois.
En ayant recours à du personnel surnuméraire en quantité suffisante, le Service de police de Bromont limite le temps supplémentaire et les coûts engendrés. Dix-sept policiers permanents, incluant le personnel des enquêtes, sont à l’emploi du Service. Huit autres policiers ont le statut de surnuméraire et ils comblent les absences comme celles causées par le prêt d’un policier à une escouade, un congé de maternité ou un remplacement de vacances. «La plupart du temps supplémentaire autre que l’ERM et la Cour est dû à la continuité dans un dossier qu’un policier sur le terrain peut rencontrer au quotidien», poursuit M. Bourgeois.
Du côté de la Fraternité des policiers et policières de Bromont, le président Sylvain D’Amour indique qu’aucune situation problématique n’a été rencontrée. «On réussit très bien avec les policiers qu’on a en place à répondre aux demandes de surtemps», dit-il.