Un commerce victime d’une fraude de 40 000$
Noël n’aura pas la même résonnance pour un commerce de Cowansville. Malgré de nombreuses vérifications, Restau-web.com, une entreprise spécialisée dans la vente d’équipements de restauration sur le Web, a été victime d’une fraude de plus de 40 000$ au cours des derniers jours.
Friteuses, assiettes à pizza, machine à expresso, four à pizza, table de préparation, meuble pour lave-vaisselle, plaque de cuisson, mélangeur, réfrigérateurs, la facture, taxes incluses, s’élève à 37 647,60$.
«Sans préavis, la banque a débité dans notre compte le montant, des frais et des intérêts. Ça monte à plus de 40 000$», lance Michelle Paradis, directrice des ventes chez Restau-web.com, une entreprise dont 85% des ventes sont faites via la toile.
Le cauchemar a débuté par un simple appel le 6 décembre dernier et s’en est suivi d’une première transaction le lendemain. Nom, numéro de carte de crédit, date d’expiration et numéro de sécurité, tout était là. Dès que le client reçoit la facture par courriel, il téléphone de nouveau pour une seconde commande et une troisième. «Cette fois-là, le client avait plusieurs cartes de crédit et il avait toutes les informations nécessaires. Le terminal nous donnait des numéros d’autorisation pour chacune des cartes», explique Mme Paradis qui a contacté JournalLeGuide.com le 18 décembre. C’est là que le doute commence à s’installer dans leur esprit. «On a fait des téléphones dans des banques parce qu’on sentait que c’était une fraude. Ils nous ont dit que si on avait un numéro d’autorisation, c’était correct. Ils nous ont dit que les grands magasins n’appellent pas chaque fois qu’il y a une transaction bizarre. On s’est dit okay. On a continué, mais à reculons. On n’avait pas d’autres ressources», enchaîne-t-elle.
Le fraudeur rappelle pour effectuer une autre transaction. «Le terminal nous a indiqué qu’on devait appeler la centrale. Ça disait que la carte était bloquée. Le client devait appeler sa banque. Il nous a ensuite rappelés et nous a donné le même numéro de carte. Il nous a dit que c’était débloqué et qu’on pouvait prendre le 5 000$. Après ça, on n’en a pu entendu parler», raconte-t-elle.
Une lumière rouge s’est aussi allumée dans leur esprit lorsque le client ne se souciait guère du type d’alimentation d’une friteuse. «Il l’a vu sur notre site. Lorsque je lui ai demandé s’il la voulait au propane ou au gaz naturel, il a répondu que ce n’était pas grave. Mais il y a des gens qui nous ont dit qu’il partait des pizzérias et qu’il était aussi revendeur. Et il ne négociait aucun prix», fait savoir la directrice des ventes.
Terminal bloqué
C’est une simple transaction avec un client en magasin, le 14 décembre dernier, qui a révélé le pot aux roses. «Lorsqu’on a passé sa carte de crédit, le terminal a indiqué que l’on devait appeler la centrale pour obtenir un numéro d’autorisation. La dame a dit qu’il y avait un problème avec le terminal. Il a été bloqué à cause d’une fraude, enchaîne Michelle Paradis. Elle disait qu’habituellement, on faisait des transactions pour environ 5 000$ et là, on était rendu à plus de 30 000$.»
Comble du malheur, l’institution financière a repris la somme directement dans le compte de l’entreprise, sans préavis. «Ils ont débité le compte et on n’a plus les équipements. On a essayé de joindre l’acheteur. Il y a un numéro qui n’est plus en service, l’autre, la boîte vocale n’a pas été activée et on n’a pas de réponse par courriel», ajoute Michelle Paradis.
Pour la durée de son enquête, l’institution financière a bloqué le terminal, et ce, pour une durée minimale de cinq à six mois. «Le terminal ne fonctionne plus. On peut juste transiger par chèque ou en argent comptant. On ne peut plus faire de vente sur le Web.»
Et le blâme pèserait maintenant sur la compagnie. «Ils disent qu’on aurait été supposé d’être plus vigilant, de faire des appels, mais on l’a fait, s’objecte la dame. Le nom qu’il nous a donné, Thomas Dadon, on a regardé sur Internet et il existe Thomas Dadon. On a fait des recherches. Avant même que ça commence à être bizarre, la première fois qu’il nous a donné deux cartes pour faire le paiement, tout de suite on a commencé à faire des recherches.» L’entreprise a aussi porté plainte à la Sûreté du Québec le 17 décembre et une enquête a été instituée.
«Lorsqu’on a pris conscience de ce qui arrivait, on était frustré! On fait quoi? On met la clé dans porte? On ne peut plus travailler, c’est ça qu’on fait vendre sur Internet, mais on a relevé nos manches.»
Peu d’information
Dans cette histoire, Michelle Paradis déplore le peu d’information disponible pour les détaillants. «Si on va sur Internet, il y a beaucoup d’information pour le consommateur, mais il n’y a rien pour le commerçant», indique-t-elle.
Malgré les nombreux appels que l’entreprise a logés, ils ne sont pas parvenus à se prémunir contre ce fraudeur. «Il n’y a personne qui nous a aidés pour nous dire non! Ils nous ont dit que ce n’était pas grave si le client a deux ou trois cartes de crédit, qu’il y a des compagnies qui fonctionnent comme ça, pourvu qu’on ait le numéro d’autorisation. Et au bout de la ligne, c’est le commerçant qui passe pour le fraudeur», dit-elle.
L’entreprise nage en plein brouillard et malgré cet épisode sombre, les affaires se poursuivent. «Depuis lundi (17 décembre), je fais des recherches sur le Web parce qu’il y a des soumissions qui rentrent quand même. On se bat où? On n’a pas d’information. Si notre business est fait comme ça, on fait quoi? Si notre client est au Nouveau-Brunswick, on ne peut pas se déplacer et le prendre en photo! Le gars ne se déplacera pas pour venir chercher son stock! Ne pas se déplacer, c’est le but d’acheter via Internet. Si la carte de crédit n’est pas assez fiable avec le numéro de sécurité pour le commerçant, on fait quoi? Pour nous, il n’était pas possible de cloner la carte sans le numéro de sécurité. Où sont nos recours? Où va-t-on s’informer?», questionne-t-elle.
Le commerce entend aussi noter les suggestions des gens pour essayer d’éviter une pareille situation à l’avenir. «Un client nous a suggéré d’utiliser PayPal, mais encore là, il y a des risques», indique Michelle Paradis.
Cette dernière mentionne aussi qu’une liste de tous les équipements vendus et leur numéro de série sera dressée et envoyée à différentes compagnies dans l’espoir de récupérer les biens frauduleusement obtenus. L’entreprise attend aussi de savoir si elle est assurée en cas de fraude.