Un long voyage outre-mer pour un camion autopompe

À quelques mois de la retraite, un camion autopompe du Service incendie de Cowansville vient de se trouver une nouvelle vocation. Direction la France pour le véhicule d’urgence. Philippe Cayrol, un pompier volontaire français, s’apprête à exporter le camion en banlieue parisienne. Une histoire d’amour complètement folle entre lui et l’immense camion âgé de près 30 ans.

Résident français, Philippe Cayrol compte de nombreux souvenirs d’enfance au Québec. Ses grands-parents, qui ont déjà séjourné à Cowansville, ont vécu aux côtés de la caserne de pompiers (auparavant situé sur la rue James). Dès l’âge de cinq ans, le jeune garçon à l’époque rendait visite aux pompiers cowansvillois. 

 

«J’allais aider les pompiers à nettoyer les camions et je les regardais travailler. Dès qu’il y avait de l’action, je traversais de l’autre côté, à la caserne. C’est à ce moment que la passion m’a été transmise. Je passais plus de temps avec les pompiers qu’avec mes grands-parents. Mais bon! Ils ont été compréhensifs», explique Philippe Cayrol.

 

«Le premier camion de pompiers que j’ai touché, c’est celui-là. C’est le plus beau! Il y a quelque chose de vraiment sentimental entre moi et ce camion», indique le sapeur français, pointant l’énorme fourgon jaune.

 

Maintenant âgé de 31 ans, Philippe Cayrol est pompier volontaire dans une ville en banlieue de Paris depuis 2008. «Avant je résidais sur Paris. Et à Paris, les pompiers sont des militaires. On ne peut pas être pompier volontaire. J’ai dû attendre et je me suis installé en banlieue parisienne pour pouvoir pratiquer ma passion», explique ce dernier.

 

C’est en discutant avec le directeur du Service incendie de Cowansville, Gilles Deschamps, qu’une idée folle a germé dans la tête du pompier volontaire passionné.

 

«L’an dernier, je discutais avec Gilles Deschamps et il m’a expliqué que le camion arrivait bientôt à la retraite et que son service allait le remplacer. J’ai donc demandé s’il était possible de le racheter afin de le préserver puisque c’est un camion de collection», explique Philippe Cayrol.

 

Exportation  coûteuse

Même si les coéquipiers français de Philippe Cayrol trouvent l’idée de faire de venir un camion incendie totalement saugrenue, ces derniers attendent tout de même l’arrivée du véhicule avec impatience.

 

Nul ne doute que les procédures pour transporter un camion du genre en France sont fastidieuses et compliquées. Les ports de Montréal et de Québec ne peuvent accueillir le camion en vue d’une traversée par bateau. Philippe Cayrol devra donc se rendre à Halifax avec le camion afin de le transporter sur l’autre continent. D’Halifax, le bateau prendra la direction d’Anvers, aux Pays-Bas avant de terminer son périple vers la France.

 

Philippe Cayrol assume toutes les dépenses reliées à l’exportation du camion par bateau. «J’avais prévu un budget pour ça. Peut-être que finalement les dépenses seront plus élevées que prévues, mais je suis certain que ça vaut le coût. Un camion comme ça, il ne s’en fait plus. Celui-ci a une histoire, c’est un camion de collection. Il vaut le coup d’œil», insiste-t-il. 

 

Philippe Cayrol compte fonder un organisme à but non lucratif en France pour assurer la préservation du camion. Tout l’argent récolté lors d’activités mettant en vedette le camion sera investi dans l’entretien de ce dernier. 

 

«Mon but est de faire de l’événementiel avec le camion. De faire des activités, des parades, des mariages, des expositions afin de le montrer aux jeunes enfants. Je souhaite que d’autres jeunes voient ce camion et aient la piqure comme moi», soutient le nouvel acheteur. 

 

Nouveau véhicule à Cowansville

L’ex-camion autopompe cowansvillois doit être remplacé par un nouveau véhicule de marque Pierce Saber conçu par la compagnie canadienne spécialisée Camions Carl Thibault. Un nouveau joujou tout équipé évalué à 563 000$.

 

«On a également fait l’acquisition d’un second camion «Rescue» à Arlington, en Virginie. Aux États-Unis, ils changent leurs véhicules aux sept ans. Un véhicule comme celui que nous avons acheté vaut 700 000$. Nous l’avons eu à 250 000$. Tant qu’il passe les tests annuels, on peut le garder pour encore vingt ans», explique Gilles Deschamps, directeur du Service incendie de Cowansville.