Une double vie…7 jours sur 7
INCENDIE. Ils ont un emploi à temps plein et dirigent, à temps partiel, une brigade incendie. Au dire de ces directeurs de Service de sécurité incendie, ils sont une «espèce en voie de disparition». À l’aube de la Semaine de la prévention des incendies 2014, portrait de trois directeurs de la région qui carburent à l’adrénaline et à la passion.
Nom: Philippe Brasseur
Villes: Roxton Pond/Sainte-Cécile-de-Milton
Métier principal: Enseignant au D.E.P en électricité au C.R.I.F
Directeur du SSI depuis 2010
Pompier depuis 1991, Philippe Brasseur dirige le Service de sécurité incendie de Roxton Pond/Sainte-Cécile-de-Milton et est aussi enseignant au Centre régional intégré de formation (CRIF) à Granby.
Difficile pour lui de laisser en plan ses étudiants lorsqu’une intervention nécessite sa présence. «C’est arrivé il y a quelques semaines, mais il ne faut pas que ça soit trop fréquent», raconte-t-il, en entrevue avec GranbyExpress.com.
Ce qui l’aide, c’est la présence d’un adjoint qui travaille à temps plein à la caserne. «Le jour, je peux me fier à lui à 100% vu que je suis prof et que je ne peux pas partir en criant ciseau. Il a de l’expérience. Quand il y a un appel, je vois avec la centrale et sur les ondes radio pour voir si je dois me présenter ou non sur l’intervention. […] Je peux me compter chanceux. J’ai mon adjoint et un lieutenant. Je peux compter sur des gens responsables», enchaîne Philippe Brasseur, qui gère 53 pompiers et premiers répondants. «Ça arrive souvent qu’il y a des appels où je devrais être là, comme des incendies ou de la désincarcération, mais [grâce à mon adjoint], c’est le genre d’intervention que je ne suis pas obligé d’aller. […] Je trouve ça pas mal moins stressant. Avant, quand ça sonnait, je trouvais pas ça drôle.»
En incluant les appels pour le service de premiers répondants, les membres du SSI de Roxton Pond/Sainte-Cécile-de-Milton se déplacent environ 350 fois par an.
Philippe Brasseur est d’avis que le rôle de directeur de SSI est voué à devenir un poste à temps plein. «Si une ville choisit d’avoir un SSI, sa première priorité est d’avoir un directeur à temps plein ou une ouverture à la délégation», ajoute M. Brasseur, qui complète également un baccalauréat en enseignement.
Ce dernier mentionne que peu importe qu’il soit à temps partiel ou à temps plein, un chef a les mêmes devoirs. «Qu’on soit à Montréal ou à Roxton Pond, c’est la même chose. Le ministère demande de trouver le point d’ignition, le point de chaleur et le point d’origine.»
Jumeler ses emplois, ses études, sa passion pour l’entrainement et les moments en famille n’est pas de tout repos, mais il aime faire avancer les choses. «Si je reste, c’est que je suis un gars de projets, un gars de futur.»
Nom: Gilles Deschamps
Ville: Cowansville
Métier principal: Vice-président, propriétaire et actionnaire à la Plomberie Goyer
Directeur du SSI depuis 2008
Être pompier, c’est une affaire de famille chez les Deschamps. «Mon grand-père était pompier, mon père a été directeur du Service, mon oncle également et mon garçon est pompier et plombier», raconte Gilles Deschamps. Sapeur depuis 1983, Gilles Deschamps est véritablement passionné par son métier. «C’est une passion, parce qu’avec la business que je gère, jusqu’à 150 employés,… On le fait par passion. La job à temps partiel, c’est une espèce en voie de disparition, surtout que le gouvernement en demande de plus en plus.»
Avant de prendre les rênes de la brigade cowansvilloise, Gilles Deschamps était Chef de division et le directeur de l’époque travaillait à temps plein. «On m’a offert le poste à temps plein, mais je ne pouvais quitter mon emploi en raison de l’entreprise. On a morcelé les tâches (achats, prévention/formation) auprès de lieutenants. Il faut avoir confiance en ses troupes», ajoute Gilles Deschamps. Bon an, mal an, le SSI de Cowansville répond à 425-450 appels par année.
Gilles Deschamps se dit chanceux d’être le propriétaire de sa propre entreprise et de n’avoir besoin que de cinq heures de sommeil par nuit. «Je me couche vers minuit et à 5 heures, je suis levé. Si je me fais réveiller dans la nuit, je ne me recouche pas. C’est un peu la manière que je peux faire cette job-là [directeur du SSI].»
Malgré la passion qui l’anime, Gilles Deschamps, qui gère une troupe de 30 hommes, ne cache pas «qu’il y a des journées où j’ai le goût de prendre ma retraite de mes deux emplois. Mais dès qu’il y a un feu majeur, la passion revient et les doutes partent. C’est la joie du métier. On carbure à l’adrénaline.»
Si être pompier, en plus de son autre emploi, peut être demandant, cela comporte tout de même un avantage de taille une fois au front. «Il y a une synergie de groupe et chacun à son expertise. Chaque personne qui travaille pour toi à un autre métier. Il y a des électriciens, des plombiers, des ingénieurs, des chauffeurs. C’est un plus pour la municipalité et pour la brigade.»
Nom: Ralph Gilman
Ville: Bedford
Métier principal: Courtier d’assurances et propriétaire d’Assurances Gilman et Fils
Directeur du SSI depuis 2007
«On a tous des jobs. On quitte le travail en urgence et on court vers l’incendie». Ralph Gilman est modeste lorsqu’on le questionne sur son statut particulier de directeur de SSI à temps partiel.
Pourtant, le chef de la brigade de Bedford préside également le cabinet d’assurances générales, une entreprise familiale, depuis une quinzaine d’années. S’il est pompier depuis 1976, le travail de sapeur a bien évolué. «À Bedford, on a environ 100 appels par année. C’est un petit service et environ 10% sont des appels fondés. Le reste, ce sont de fausses alarmes et des vérifications. On aide les citoyens. Les pompiers sont appelés pour tout: premiers répondants, désincarcération, sauvetage en hauteur, en forêt en espace clos, sur l’eau, les matières dangereuses, etc.», énumère-t-il. Et parfois, son service reçoit des appels farfelus. «On nous a appelés pour un chien perdu et pour un nid de guêpes! On reçoit des appels pour tout!»
En étant son propre patron au cabinet, M. Gilman a un certain contrôle sur son horaire, mais il ne cache pas qu’il travaille également de soir et de fin de semaine pour mener à terme toutes les tâches.
S’il est passionné par son métier, Ralph Gilman avoue trouver certaines situations difficiles, notamment parce que tout le monde se connait à Bedford, mais cela a également du positif: un aspect humain et de l’entraide qu’on ne voit pas dans les grandes villes. «On a déjà eu une désincarcération à Dunham. Le gars venait du Vermont et a fait une sortie de route. Je l’ai amené chez moi en attendant que quelqu’un vienne le chercher. La porte est toujours ouverte et comme on dit, il y a toujours une assiette de plus sur la table. On prend soin du monde. Quand on a une personne qui va à l’hôpital, on ne la laisse pas seule. On s’assure que quelqu’un du service la suive.»
Quant à ses deux carrières, celle d’assureur et celle de pompier, Ralph Gilman assure que ce sont des emplois banals et qu’ils se complètent. «C’est semblable. [Dans les deux cas], on travaille pour le client. On s’occupe de lui.»
Semaine de la prévention des incendies
Thème
Sitôt arrivé, sitôt sorti
Date
Du 5 au 11 octobre 2014
Activités
La Grande Évacuation
Événement provincial qui se déroule le 8 octobre à 19h00 au cours duquel les familles sont invitées à faire un exercice d’évacuation.
Pompier d’un jour
Dans plusieurs municipalités de la région, des élèves auront la chance de participer à l’activité «Pompier d’un jour».
Kiosques de prévention
Des kiosques de prévention seront aussi tenus dans certains commerces de la Haute-Yamaska.
Visites
Les pompiers visiteront les résidences privées, notamment pour vérifier la présence et la fonctionnalité des détecteurs de fumée.
Pour connaître en détail la programmation de la Semaine de prévention des incendies de votre municipalité, visitez le site web de cette dernière.