Une infirmière de BMP radiée pour deux ans

Une infirmière exerçant à l’hôpital Brome-Missisquoi-Perkins de Cowansville a été radiée pour une période de deux ans, le 27 août dernier, en plus d’être condamnée à payer une amende de 1000$. Nancy Cloutier s’est notamment approprié des médicaments et a exercé son métier sous l’influence de drogues. L’infirmière fait aussi face à deux accusations criminelles pour avoir injecté de l’Ativan à une personne sans son consentement.

Pendant deux mois, l’infirmière a volé des médicaments alors qu’elle travaillait à l’Hôpital BMP et à l’Hôpital Jean-Talon, à Montréal.

Selon les documents obtenus par le JournalLeGuide.com, c’est une plainte déposée au Service de police de Laval en février 2010 qui a permis de mettre en lumière ce larcin.

En février 2010, un individu s’est présenté à l’urgence d’un hôpital disant «qu’il avait été agressé par une personne qui lui avait injecté une substance sans son consentement», peut-on lire dans la décision sur culpabilité rendue le 28 février 2012 par le Conseil de discipline de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).

Responsable de l’enquête policière, la sergente-détective de la Police de Laval, Sylvie Pilon, a alors rencontré Nancy Cloutier avant de perquisitionner à son domicile.

«Dans l’appartement de cette dernière, elle trouve de nombreux sachets de médicaments identifiés aux noms d’hôpitaux et de CLSC. De plus, il y avait plusieurs seringues utilisées qui traînaient un peu partout», peut-on lire dans le jugement.

Lors de son interrogatoire, Nancy Cloutier admet alors qu’elle a administré à l’individu de l’Ativan, un calmant. L’infirmière de 41 ans fait d’ailleurs face à deux accusations criminelles en lien direct avec cette histoire, soit une d’agression armée et une autre d’avoir administré une substance délétère. Elle risque une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans de prison.

Capacités affaiblies et vol au travail

Lors d’une rencontre avec le Conseil de discipline, Nancy Cloutier a précisé qu’elle n’avait pas eu de prescription pour se procurer les médicaments retrouvés dans son appartement et qu’elle ne les avait pas acquis sur le marché noir.

«Ils provenaient, de toute évidence, des endroits où elle a travaillé, tel que mentionné sur les fioles retrouvées par la police», écrit-on dans le document.

L’infirmière a aussi été accusée d’avoir exercé son métier, le 21 février 2010, «alors qu’elle était dans un état susceptible de compromettre la qualité de soins et des services en étant sous l’influence de substances pouvant produire l’ivresse, l’affaiblissement ou la perturbation des facultés ou l’inconscience».

La coordonnatrice du département de l’hôpital BMP où travaillait Nancy Cloutier rapporte qu’à cette date, l’infirmière n’était pas dans un état normal.

La gestionnaire affirme alors que Mme Cloutier «parle lentement, paraît perdue et tient des propos confus et inadéquats». Nancy Cloutier quitte son lieu de travail à l’invitation de sa supérieure. Lors du décompte des médicaments, l’équipe de BMP découvre qu’un comprimé de Zyprexa, un antipsychotique et deux comprimés de Sérax (des calmants) sont manquants, tandis que les notes dans les dossiers complétés par l’infirmière Cloutier sont confuses et erronées.

L’infirmière a aussi été reconnue coupable de négligence dans l’administration de médicaments dans l’exercice de ses fonctions au CLSC de Rosemont d’octobre 2008 à février 2009.

«J’veux plus rien savoir de vous»

Nancy Cloutier ne s’est présentée à aucune des audiences menées par le Conseil de discipline de son ordre professionnel. Elle a toutefois envoyé un courriel bourré de fautes, obtenu par JournalLeGuide.com Dans celui-ci elle écrit à une employée du Conseil que «vous irez seule faire votre show devant le juge moi jirais pas je travail pas et jirais pas. […] jveux plus rien savoir de vous (sic)».

Au moment où la peine a été prononcée le 27 août dernier, Nancy Cloutier n’était plus membre de l’OIIQ. «La sentence est tout de même applicable après l’expiration du délai d’appel de 30 jours. Je vous confirme que Mme Cloutier n’a pas demandé d’appel», a indiqué Me Anne-Sophie Jolin, secrétaire du Conseil de discipline.

Nancy Cloutier n’a pas le droit d’exercer le métier d’infirmière jusqu’au 27 septembre 2014 et doit payer une amende de 1 000$. Cette dernière s’est aussi vu imposer «une limitation de son droit d’exercice, qui s’appliquera à compter de son retour à la pratique, pendant une période de dix-huit mois, au cours de laquelle elle ne pourra manipuler, administrer ou accéder à des narcotiques ou autres drogues contrôlées».

L’avocat de Nancy Cloutier, Me Charles Doucet, a refusé de commenter le dossier.

«Un processus rigoureux»

C’est JournalLeGuide.com qui a informé l’hôpital BMP du vol de médicaments et de la radiation de Nancy Cloutier qui n’est plus à son emploi. «L’Ordre ne nous met pas systématiquement au courant», a expliqué Lise Montagne, directrice générale adjointe et directrice des soins infirmiers au CSSS La Pommeraie.

Questionnée sur le contrôle des médicaments, principalement des narcotiques, elle explique qu’«un processus rigoureux» est en place. «Il y a un décompte qui se fait d’un quart de travail à un autre. Il y a une double vérification. Les doses sont inscrites dans un registre et quand les doses sont épuisées, c’est retourné à la pharmacie qui revérifie les données.»

Lise Montagne précise que cette procédure est en place «depuis toujours» et qu’il n’y a pas eu de requête pour vol de narcotiques durant la période visée. «On peut soulever des hypothèses. Est-ce qu’elle s’administrait elle-même les doses?», demande-t-elle.

Selon BMP, Nancy Cloutier a travaillé sur une courte période et a subi deux évaluations systémiques. Est-ce que l’organisme aurait aimé être mis au parfum de l’histoire? «Je crois qu’on doit développer une habitude d’aller voir les décisions sur le site de l’OIIQ», conclut-elle simplement.

 

Les sanctions imposées à l’infirmière

Radiation temporaire de deux ans et le paiement d’une amende de 1 000$ pour avoir utilisé une seringue et injecté de l’Ativan.*

Radiation temporaire de neuf mois pour s’être approprié des médicaments dans l’exercice de ses fonctions.*

Radiation temporaire de quinze mois pour avoir exercé son métier dans un état susceptible de compromettre la qualité des soins et services.*

Radiation temporaire de deux mois pour avoir fait preuve de négligence lors de l’administration de médicaments.*

Interdit de manipuler, administrer ou accéder à des narcotiques ou autres drogues contrôlées pour une période de 18 mois à compter de son retour.

*Les radiations sont purgées de façon concurrente.