Vague de clonage à Cowansville
Une vague de clonage de cartes de débit déferle sur la région de Cowansville. Au cours des dernières semaines, des utilisateurs ont vu des sommes retirées de leur compte et leur carte bancaire devenir inutilisable.
«Je regarde mon compte bancaire tous les jours et vendredi (le 2 mars), j’ai vu qu’il y avait un retrait anormal de 287$. Je pensais que c’était mon mari, mais il était à mes côtés et m’a dit non. Selon mes recherches, le retrait aurait été fait en Indonésie», raconte la Cowansvilloise Martha Isabelle Alvarez. La dame a contacté son institution bancaire et prise en charge par la section des fraudes.
Mme Alvarez s’est ensuite rendue à la Caisse Desjardins pour y signer des papiers. «Lundi (5 mars), à 10h05, il y avait 57 personnes en avant de moi! J’ai commencé à discuter avec les gens et les cartes d’une quarantaine de personnes avaient été clonées», raconte-t-elle. La carte d’une de ses amies aurait également subi le même sort. «Une somme aurait été retirée en Tunisie», ajoute Martha Isabelle Alvarez. Cette dernière a été remboursée par Desjardins et une nouvelle carte lui a été émise.
«On m’a dit chez Desjardins qu’ils ont trouvé l’endroit et l’ont corrigé», ajoute-t-elle.
Cathy Côté, également de Cowansville, a eu la surprise, le 2 mars dernier, de voir sa carte de débit devenir inutilisable alors qu’elle venait de faire le plein d’essence. «La personne a ressayé ma carte, mais elle ne marchait pas. Je n’avais pas le droit de bouger ma voiture», raconte Cathy Côté, qui a dû demander l’aide d’une amie.
Malaisie?
En appelant chez AccèsD, le service de transactions en ligne de Desjardins, elle a appris qu’un retrait de 502,48$ avait été fait dans son compte. «C’était marqué GuichetPlus/1500.00ringgitsMA. On m’a dit que des ringgits, c’est la devise de la Malaisie et que 1 500 ringgits équivaut à 502,48$ en devise canadienne», explique Cathy Côté.
Tout comme Mme Alvarez, Cathy Côté a pu être remboursée par son institution financière et elle n’a pas eu à prouver qu’elle avait correctement utilisé sa carte.
«Quand ils ont vérifié la carte, ils voyaient tout de suite que je ne pouvais pas faire une transaction à Cowansville et être en Malaisie douze heures plus tard», dit Mme Côté.
Du côté de la Caisse Desjardins Brome-Missisquoi où sont membres Martha Alvarez et Cathy Côté, la direction précise que le dossier est sous enquête.
«Desjardins rembourse toujours ses membres et des démarches sont faites pour corriger le tir», assure le directeur général Stéphane Benjamin, qui n’a pu révéler combien de clients avaient ainsi été floués.
Questionné sur les transactions faites à l’étranger avec les cartes de la Caisse Desjardins Brome-Missisquoi, Stéphane Benjamin indique que les informations captées par les fraudeurs peuvent être vendues à des réseaux étrangers.
«Historiquement, les fraudeurs, une fois qu’ils ont l’information, attendent plusieurs mois avant d’être actifs pour éviter les soupçons. C’est pour ça que les enquêtes peuvent être assez longues et ça explique pourquoi certaines cartes sont annulées. C’est plus simple de prévenir et ça sécurise notre clientèle», enchaîne M. Benjamin.
Craintes
Les institutions financières recommandent aux commerçants d’installer un terminal de point de vente avec la technologique à puce. «Je crois que le système à puce a démontré qu’il était plus efficace. Il a été créé pour diminuer les pertes des institutions», avance Stéphane Benjamin.
Quelques commerçants n’ont toujours pas opté pour cette nouvelle technologie et les deux dames croient fermement qu’elles se sont fait prendre à l’un de ces endroits.
«Je crois que c’est une mauvaise chance. Je paie toujours en argent sauf quand je suis pressée, je paie par débit. Desjardins a remboursé l’argent, c’est une bonne chose», dit Mme Alvarez.
Si pour Martha Isabelle Alvarez il ne s’agit que d’un mauvais hasard de la vie, Cathy Côté, elle, affirme être plus craintive maintenant. «Je ne paierai plus jamais avec ma carte de débit aux endroits où il n’y aura pas de terminal à puce. Si ça continue, je vais retirer de l’argent chaque semaine. J’ai un compte commercial, je n’ai pas le goût qu’ils me le vident. Personne n’est à l’abri», conclut-elle.
Au Canada, les fraudes par clonage de cartes de débit ont causé des pertes de 70 millions de dollars aux institutions financières en 2011 selon l’Association Interac. À titre comparatif, les pertes s’élevaient à 119 millions de dollars en 2010, une baisse de 41%. Pas moins de 154 170 Canadiens ont été remboursés par leur banque l’an dernier.