Vignoble du ruisseau: colère des voisins
Lors d’une assemblée municipale bondée à la Ville de Dunham, lundi soir, le projet de construction du Vignoble du Ruisseau, a continué de soulever les passions entre les résidents et le conseil municipal, pendant une réunion qui s’est étirée jusqu’à tard en soirée.
Plus d’une quarantaine de personnes se sont déplacées pour assister à l’assemblée régulière du conseil de la Ville de Dunham, le 1<I>er<I> octobre dernier. La majorité d’entre eux y étaient spécifiquement pour s’opposer à la nouvelle demande du Vignoble du Ruisseau Inc. L’entreprise ayant abandonné sa demande de dérogation précédente, suite à un vice de procédure soulevé par les voisins du vignoble, elle s’adresse dorénavant à la Commission de Protection du Territoire Agricole (CPTAQ) pour obtenir l’aval à son projet de construction d’un gros bâtiment de deux étages qui servirait notamment de magasin et de salle de réception et auquels seraient rattachés deux immenses stationnements.
En vertu de cette nouvelle demande, la municipalité devait se prononcer sur la conformité du projet à la réglementation municipale, pour faire suivre la procédure à la CPTAQ. La commission aura les pleins pouvoirs pour se prononcer sur le fond du dossier.
Abattage d’arbres illégal
Quand les points concernant le Vignoble du Ruisseau ont été abordés au conseil municipal vers 22h, les habitants du secteur sont revenus sur leurs allégations d’abattage illégal d’arbres, qu’aurait effectué le vignoble. Ils ont demandé au maire pourquoi aucun constat d’infraction n’avait été émis à ce jour, alors que la MRC et la municipalité se «renvoient la balle» dans le dossier.
Le maire Jean-Guy Demers est resté plutôt évasif sur le sujet, arguant notamment que le rapport de la MRC ne justifiait probablement pas un recours de la municipalité. M. Demers a également fait valoir qu’il coûte parfois plus cher à la Ville de poursuivre les contrevenants que de ne rien faire.
«C’est toujours une question monétaire et la superficie concernée était d’un acre seulement. Légalement, on a consulté là-dessus et on ne peut rien faire», a-t-il conclu.
«Finalement, vous nous dites que le règlement n’est pas applicable», a lancé M. Simoneau, proche voisin du vignoble.
Demande d’accès à l’information
Le citoyen Simoneau a déposé une demande d’accès à l’information, pour consulter la nouvelle demande qui sera envoyée à la CPTAQ. Selon les informations actuellement disponibles, la superficie et les dimensions du bâtiment de deux étages n’auraient pas tellement changées.
«Expliquez-moi comment un projet demandant des dérogations majeures peut se transformer du jour au lendemain en projet ordinaire», a lancé Mme Wollank, voisine du vignoble.
Le débat est rapidement devenu émotif dans la salle du conseil, alors que la soirée s’étirait. Plusieurs personnes présentes ont quitté les lieux pendant la séance, visiblement excédées.
Déclaration de guerre
Le lendemain du dernier conseil municipal où les citoyens avaient soulevé avec succès un vice de procédure affectant la première demande, le vignoble aurait mis en marche pour la première fois des canons destinés à effrayer les oiseaux, selon des voisins.
Les propriétaires qui résident près de l’entreprise agricole ont interprété le geste comme une déclaration de guerre. «Ils ont mis des barrières, des cadenas et ont parti les canons. Le fils de mon voisin avait peur de sortir», a souligné Claude Fortin, un résident du secteur.
Conseillers sympathiques aux opposants du projet
Avant de passer au vote sur la conformité, Gérard Dalpé, l’un des conseillers municipaux, a incité les citoyens à poursuivre leur lutte. «Je vous encourage à continuer la bataille et à tenter de bloquer le projet de toutes les façons», a-t-il affirmé.
Son intervention a été vertement critiquée par le maire qui lui a reproché de manquer à son code d’éthique. Une autre conseillère, Marie-Claude Demers, a aussi exprimé de la compassion à l’égard des résidents. «Je suis sympathique à votre cause, je suis allée dans votre beau coin tranquille et mon cœur est de votre côté. Par contre, le conseil doit respecter la règlementation municipale», a-t-elle conclu.
Vers 23h, le Conseil a finalement approuvé la conformité du projet, la rendant toutefois conditionnelle à un avis juridique des avocats de la municipalité en ce sens. Les résidents entendent poursuivre leurs démarches et ont même laissé planer la possibilité d’une poursuite contre la municipalité.