La violence conjugale de plus en plus dénoncée dans Brome-Missisquoi

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Par Stéphanie MacFarlane
La violence conjugale de plus en plus dénoncée dans Brome-Missisquoi
Les campagnes de dénonciation dans les médias sociaux ont un certain rôle à jouer dans les hausses de demandes d’aide des victimes de violence conjugale. (Photo : DepositPhoto)

SOCIÉTÉ. Signe de l’après-#moiaussi? La maison Horizon pour elle, qui vient en aide aux femmes et aux enfants victimes de violence conjugale dans Brome-Missisquoi, fait face à une augmentation considérable du nombre des demandes d’aide.

Le taux d’occupation de la résidence qui peut héberger jusqu’à 15 femmes et enfants à la fois oscille actuellement entre 80 et 85 %. «Ce taux a pas mal augmenté. Avant, on parlait plus de 70 à 75 % d’occupation. Maintenant, il y en a une qui part et une autre qui rentre», indique Cathie Sombret, coordonnatrice d’Horizon pour elle.

Les services offerts à l’externe fonctionnent aussi à plein régime. «On est à 100 % depuis deux ans. C’est une des premières fois que ça arrive. Avant, on était autour de 80 %», poursuit Mme Sombret. Elle précise d’ailleurs que le point de service de Farnham est plein.

En 2017, 1700 consultations téléphoniques ont été faites à Horizon pour elle, tandis qu’environ 80 femmes et une quarantaine d’enfants ont été hébergés. Ces données ne comptent pas tous les gens rencontrés, précise Sylvie Charbonneau, présidente du conseil d’administration de l’organisme. Horizon pour elle compte neuf employées régulières et une demi-douzaine d’employées occasionnelles. À elles s’ajoutent de nombreux bénévoles.

Sensibilisation

Tant Sylvie Charbonneau que Cathie Sombret sont d’avis que les efforts déployés par les organismes représentant les femmes et les Centres d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles (CALACS) pour sensibiliser la gent féminine aux réalités de la violence conjugale ont porté leurs fruits.

«C’est ce travail-là qui a mené à la campagne #moiaussi. C’est le travail d’une décennie de présence sur la place publique à travailler à sensibiliser les femmes afin qu’elles osent sortir et demander de l’aide», indique Mme Charbonneau.

Différentes activités de sensibilisation à la violence conjugale sont régulièrement organisées, notamment dans les écoles pour adultes et auprès des plus jeunes. «Les femmes vont mijoter ce qui va avoir été dit et elles vont réfléchir [avant de demander de l’aide]. Les ados sont plus émotifs. On va donc les voir après l’activité», explique Cathie Sombret.

Tant les activités organisées que les mouvements présents dans les médias sociaux, comme #Balancetonporc et #moiaussi, aident les femmes victimes de violence conjugale, tous types confondus, à comprendre qu’elles ne vivent pas une situation normale et qu’elles n’ont pas à vivre ça, enchaîne Sylvie Charbonneau.

La situation ailleurs

La hausse des demandes d’aide dans Brome-Missisquoi n’est pas unique dans la province. Des augmentations sont observées dans certaines régions, dont à Montréal, à Laval, en Outaouais et dans Lanaudière, précise Louise Riendeau, coordonnatrice des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, dont fait partie Horizon pour elle.

Si le Regroupement compte une quarantaine de maisons membres, une consultation, impliquant la centaine de ressources en hébergement pour victimes de violence conjugale au Québec, tend à démontrer une hausse du nombre de demandes.

«Plusieurs maisons ont de la difficulté à répondre à la demande en hébergement. Vingt-huit maisons, sur la centaine qui a répondu à la consultation, ont une liste d’attente pour les services externes», dit-elle.

Mme Riendeau explique cette hausse par le développement des services et le fait qu’ils sont plus connus qu’auparavant, notamment en raison des campagnes d’informations. La restructuration du réseau de la santé amène aussi davantage de références vers ces ressources.

Le resserrement des finances peut également expliquer cette situation. «Il y a une dizaine d’années, les budgets ont été augmentés et les maisons ont été capables de répondre à la demande. Même s’il y a eu une indexation de ces budgets, ce n’est plus suffisant pour couvrir l’augmentation réelle des dépenses», ajoute Mme Riendeau.

Enfin, elle concède que les mouvements de dénonciation encouragent les femmes à demander de l’aide.

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