Curé-A.-Petit: un bulletin axé sur la progression
ÉDUCATION. L’école alternative Curé-A.-Petit à Cowansville innove cette année avec l’instauration d’un bulletin non chiffré pour ses élèves du 1er cycle, soit de 1re et de 2e année. Ce nouveau bulletin donne des cotes en lien avec la progression de l’enfant, mais s’inscrit dans une façon de faire beaucoup plus large, qui se base beaucoup sur la rétroaction en continu.
C’est sur une formule tripartite, qui compte sur la participation de l’enseignante, de l’élève et des parents, que se fonde l’évaluation des différentes compétences. C’est l’évaluation qualitative qui est mise de l’avant, pas que le résultat.
« Dans notre couleur alternative, avec l’implication parentale qui est très forte, on vise une évaluation où le parent, l’élève et l’enseignante travaillent ensemble de manière rigoureuse et fréquente pour le suivi des évaluations et de la progression de l’élève dans ses apprentissages, explique la directrice de l’école, Rosalie Gagné. Le bulletin, c’est un peu comme l’outil final de la démarche qui vient s’arrimer à nos valeurs alternatives. »
L’accent est également mis sur le rôle de l’élève, à l’extérieur des matières de base, comme l’écoute, la participation, l’organisation ou la collaboration, par exemple. Une rétroaction qualitative basée sur des commentaires est beaucoup plus élaborée qu’elle ne pourrait l’être dans un bulletin chiffré standard.
« Un 53 % ou un 72 %, dans nos valeurs alternatives, ça ne dirait pas grand-chose aux parents, image Mme Gagné. Souvent, le chiffre parle très peu. Avec la rétroaction qualitative, on vient miser sur les forces et défis de l’élève, en impliquant le parent dans la démarche. »
C’est la première école à adopter un tel type de bulletin au Centre de services scolaire du Val-des-Cerfs. Il s’agit également de la seule école alternative du CSS.
PROCESSUS
L’enseignante Cynthia Hamel est à Curé-A.-Petit depuis plusieurs années et s’est impliquée avec l’équipe éducative sur la nouvelle façon de faire, incluant le bulletin non chiffré.
« J’ai fait partie de l’équipe qui a fait la recherche-action avec l’Université de Montréal sur la rétroaction, qui a amené des changements à nos pratiques jusqu’au bulletin non chiffré, relate Mme Hamel. Ça a commencé par une autre lunette à mettre quand on voit les élèves travailler jusqu’à, cinq ans plus tard, l’arrivée du bulletin. »
« En ayant changé toutes nos pratiques, le bulletin chiffré n’était plus cohérent, poursuit-elle. On faisait de la rétroaction avec de l’évaluation qualitative, mais on devait donner une note quantitative. On se retrouvait en déséquilibre. Nous nous sommes dit que nous ne pouvions plus avoir un pied de chaque côté. C’est pour ça que le projet de bulletin non chiffré est arrivé. »
« Le nouveau programme évalue des compétences, mais tu ne peux pas réussir à 75 % une compétence, affirme-t-elle. Une compétence est acquise, en voie d’être acquise ou non acquise. Mettre un pourcentage sur une compétence, c’est un non-sens en prenant la définition même d’une compétence, on peut mettre une note sur des savoirs, mais pas vraiment sur une compétence. »
POINT DE VUE D’UN PARENT
Pour Marie-Hélène, la mère de Margot, élève de 2e année à Curé-A.-Petit, c’est une très belle façon d’avoir une rétroaction en impliquant l’enfant dans le processus.
« Margot était là à la rencontre avec le professeur et elle participe à son bilan avec son auto-évaluation, rapporte-t-elle. Elle a été capable de nommer ses forces, ses défis. Je trouve ça super important. Le bulletin est vraiment basé sur le progrès et ça permet de décortiquer les étapes d’apprentissage, sans avoir nécessairement de note finale sur la compétence. »
Ce type de bulletin permet également d’éviter les comparaisons et l’anxiété qui peut être liée à la remise d’un bulletin chiffré.
« Quand on a une note, on peut comparer avec un autre élève qui aurait une meilleure note, donc, il est meilleur, mais est-ce qu’il l’est réellement en termes de progression ? se demande Marie-Hélène. Ça évite de comparer, ce qu’on fait déjà beaucoup comme parent ! »
« Ils se comparent plutôt à eux-mêmes, ajoute Cynthia Hamel. Les commentaires sont mis en fonction de ce qu’ils ont fait avant, et non pas en fonction de ce que les autres ont fait. Ça amène plutôt un vouloir de dépassement plus intrinsèque et pas du découragement, qu’on pourrait voir dans des classes multiâge comme ici. »
Un bulletin chiffré doit toutefois être effectué à la fin du cycle, soit la troisième étape du 1er cycle. L’objectif est cependant d’étaler éventuellement le projet-pilote à toute l’école.
« J’ai vraiment hâte de le produire pour mes 3e et 4e année ! », déclare Mme Hamel.