Dix ans de soins intensifs à domicile dans Brome-Missisquoi
SANTÉ. Le programme de soins intensifs à domicile (SIAD) implanté dans le Réseau local de service La Pommeraie depuis 2013 remplit ses promesses. Cette initiative permet d’éviter une bonne quarantaine d’hospitalisations ou de déplacements à l’urgence de l’hôpital Brome-Missisquoi-Perkins mois après mois.
Guy Lavallée, un ancien résidant de l’Outaouais établi à Dunham depuis deux ans, doit composer avec une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et a beaucoup de difficulté à se déplacer en fauteuil roulant pour recevoir des soins médicaux. Il bénéficie du programme SIAD depuis son arrivée dans Brome-Missisquoi.
« Les membres de l’équipe de soins intensifs à domicile m’ont pris sous leur aile. Ça fait une grosse différence pour ma qualité de vie car je sais que des professionnels de la santé seront en mesure d’intervenir rapidement dès les premiers symptômes de crise », indique-t-il.
La proche aidante du Dunhamien d’adoption, Isabelle Trottechaud, abonde dans le même sens.
« C’est rassurant de savoir que l’on peut nous répondre tout de suite. Ça nous enlève beaucoup d’inquiétude. On se sent appuyés », explique-t-elle.
Cette dernière ajoute que M. Lavallée aurait bien aimé pouvoir bénéficier du programme SIAD dès les premières années de sa maladie.
« Comme le service n’était pas disponible en Outaouais, nous devions nous rendre à l’hôpital sur une base régulière. Je devais manquer des heures de travail alors que Guy mettait parfois deux ou trois jours à se remettre du voyagement », résume-t-elle.
Critères d’admissibilité
Le programme SIAD a vu le jour à Verdun et est désormais implanté dans une vingtaine de régions du Québec, y compris à Sherbrooke depuis 18 mois.
« Le programme a pris de l’ampleur pendant la pandémie et est maintenant déployé à grande échelle. Il y a une volonté ministérielle de le développer afin d’assurer sa pérennité », signale Dre Isabelle Nicolas, omnipraticienne et membre de l’équipe de soins intensifs à domicile.
Cette offre de service s’adresse à des patients souffrant de conditions sévères et instables référés par un médecin ou un autre professionnel de la santé. Une clientèle généralement
aux prises avec plusieurs problèmes de santé avec épisodes aigus et ayant de la difficulté à se déplacer.
« Des problèmes tels que l’anxiété sévère, la démence, les troubles cognitifs, l’insuffisance cardiaque et les maladies pulmonaires », précise Dre Nicolas.
Types d’interventions
L’équipe du SIAD offre un service médical et infirmier actif et rapide, lorsque requis, au domicile de l’usager.
« Les deux infirmiers et cinq médecins de garde associés au programme peuvent également compter sur le soutien d’un ergothérapeute, d’un physiothérapeute ou d’un autre professionnel de la santé au besoin », indique l’infirmer Mathieu Hubert.
En plus de dispenser des traitements, les intervenants de l’équipe du SIAD jouent un rôle de soutien et font notamment de l’écoute active.
Nous passons beaucoup de temps avec chaque patient et nous sommes ainsi en mesure de déceler des besoins qui, autrement, pourraient passer inaperçus. Ça s’apparente un peu à un travail de détective. Il nous arrive également de pouvoir désamorcer une crise avant qu’elle prenne de l’ampleur par notre seule présence. On joue par ailleurs un rôle de coordination avec les autres spécialités. Cela dit, l’usager doit pouvoir compter sur un réseau familial ou autre pour que ça fonctionne. »
Mathieu Hubert, infirmier
Ce dernier rappelle que M. Lavallée est aux prises avec des problèmes pulmonaires sévères et que la moyenne des épisodes lors de la phase aigue de la maladie peut aller jusqu’à 18 jours chez ce type patient.
Une fois stabilisé, la plupart des bénéficiaires du programme SIAD peuvent être retournés vers les équipes régulières du soutien à domicile.
Un travail gratifiant
Les membres de l’équipe du SIAD n’ont que de bons mots pour ce type de programme.
« J’ai un lien de confiance plus solide avec le patient et la famille que mes collègues des soins à domicile réguliers, car ces derniers voient plus d’usagers dans une même journée et ont forcément moins de temps à leur consacrer », mentionne l’infirmier Mathieu Hubert.
Dre Nicolas est tout aussi enthousiaste…
« C’est une pratique valorisante, stimulante, car on sent qu’on fait une réelle différence », affirme-t-elle.
L’omnipraticienne ajoute que le programme SIAD permet à certains usagers ayant le profil des personnes hébergées dans un CHSLD de continuer à vivre à leur domicile.
« Il reste à souhaiter que des ressources additionnelles puissent être consacrées à ce programme de manière à ce que le service puisse être disponible le week-end », poursuit-elle.