La demande pour de l’aide alimentaire explose sur le territoire de Cowansville

COMMUNAUTAIRE.  Le visage de la pauvreté change d’année en année et les organismes communautaires peinent de plus en plus à répondre aux besoins des personnes en difficulté.

Le Centre d’action bénévole (CAB) de Cowansville a notamment distribué 3000 paniers de victuailles en 2023-2024 et la demande pour de l’aide alimentaire continue d’augmenter au rythme de 20 % par année.

« Au-delà de 70 foyers ont recours à notre service d’aide alimentaire chaque semaine. En raison de la forte demande, les gens ont maintenant droit à un panier aux deux semaines. Auparavant, la distribution des paniers se faisaient sur une base hebdomadaire », signale le chargé de projet Jean-Philippe Ouellette, au nom du CAB de Cowansville.

Pas moins de 406 familles ou individus distincts ont bénéficié de ce service au cours de la dernière année. Plus du tiers d’entre eux (142) étaient de nouveaux bénéficiaires.

Dépannage d’urgence

La Cellule jeunes et familles de Brome-Missisquoi propose par ailleurs un service de dépannage d’urgence.

« Les gens qui se présentent chez nous reçoivent un panier de nourriture permettant de couvrir leurs besoins pour 24 ou 48 heures. Et s’ils ont des besoins plus réguliers, on les réfère au CAB », indique Annie Boulanger, coordonnatrice de l’organisme.

La Cellule a distribué 2000 paniers d’aliments en 2023-2024 à plus de 300 familles ou personnes différentes et les besoins sont de plus en plus criants.

« Les demandes ont carrément doublé. En six mois, on dépasse déjà le nombre de paniers attribués au cours d’une année entière », ajoute Mme Boulanger.

Cette dernière souligne que beaucoup de gens sont gênés et sollicitent de l’aide en tout dernier recours.

« L’autre jour, une femme nous a dit qu’elle avait attendu longtemps avant de venir nous voir. Elle s’est finalement pointée chez nous en se disant qu’il était plus sage de demander de l’aide que de voler à l’épicerie », poursuit la coordonnatrice de la Cellule.

La composition des paniers peut varier d’une personne à l’autre en fonction des besoins de chacun. Certaines personnes vont par exemple demander des produits d’hygiène, des aliments pour bébé ou de la nourriture pour chien. D’autres personnes vont plutôt opter pour du café et des produits sucrés qui permettent de repousser leur prochaine consommation d’alcool ou de drogue.

Autres besoins

Les porte-parole des deux organismes s’entendent pour dire que leur clientèle a beaucoup changé au fil des ans. Des travailleurs à bas salaire ont désormais recours au service d’aide alimentaire au même titre que les familles monoparentales, les prestataires d’aide sociale, les personnes sans abri, les gens aux prises avec un problème de dépendance ou de santé mentale.

« Le dépannage alimentaire est très utile, mais c’est loin de suffire compte tenu de la complexité des besoins rencontrés sur le terrain. Les gens qui se présentent chez nous pour la première fois n’ont pas les contacts et ne connaissent pas les services à leur disposition. On peut cependant leur venir en aide en les accompagnant vers les ressources disponibles. Il faut toutefois éviter de brusquer les choses et s’assurer de respecter le rythme de chacun, sinon notre intervention est vouée à l’échec », explique M. Ouellette.

Mme Boulanger ajoute que les gens qui fréquentent le local de la Cellule tissent des liens d’amitié avec les intervenants et les autres usagers. Une belle façon de socialiser, de briser leur isolement et de reprendre confiance en eux-mêmes.

À la recherche d’un toit

Trois personnes qui utilisent les services de la Cellule jeunes et familles ont réussi à obtenir un logement à prix modique dans l’un des édifices de l’Office d’habitation de Brome-Missisquoi après une ou deux années de démarches.

C’est notamment le cas de Tim, un homme de 64 ans originaire de Montréal qui vient de prendre possession d’un logement à Cowansville après quatre années d’itinérance et de couchsurfing.

« Une réussite comme celle de Tim, c’est pour nous une véritable récompense et ça démontre que l’intégration sociale est toujours possible », affirme Mme Boulanger, avec enthousiasme.