Le SERY accueille toujours plus de personnes immigrantes

IMMIGRATION. Solidarité Ethnique Régionale de la Yamaska (SERY) n’a jamais été autant sollicité. Durant les deux premiers trimestres de 2024, l’organisme a accueilli 718 personnes immigrantes, dont 370 travailleurs étrangers temporaires. Cela montre que l’économie du Québec a besoin d’eux, selon le directeur général su SERY, Frey Guevara.

Par Abraham Santerre

« Si on n’accueille pas ces gens, comment fait-on pour que l’économie continue de fonctionner et que des entreprises ne ferment pas », se demande d’emblée M. Guevara, rencontré par le GranbyExpress. En 2022, moins de personnes ont été accueillies que durant les six premiers mois de cette année (606). 

« Depuis la pandémie, il y a un grand manque de main-d’œuvre avec toutes les personnes qui vont à la retraite, c’est à ce moment qu’on a débuté à recevoir plus de personnes chez nous, explique la directrice du service aux immigrants, Isabelle Meunier. Les travailleurs qui arrivent à Granby sont qualifiés, ce sont des entreprises qui les font venir. On parle de soudeurs, machinistes, bouchers et autres. »

Les travailleurs étrangers temporaires sont des résidents non permanents. Au Québec, ils étaient 174 171 en 2023, contre 94 016 en 2022. Les résultats au SERY suivent cette tendance. Une hausse de 85 % de personnes accueillies a été observée entre ces deux années et 2024 promet de battre une fois de plus ce nombre.

« Depuis la pandémie, il y a un grand manque de main-d’œuvre avec toutes les personnes qui vont à la retraite, c’est à ce moment qu’on a débuté à recevoir plus de personnes chez nous. »

– Isabelle Meunier

Accueillir tout le monde

Devant cette hausse qui n’est pas partie pour s’essouffler, le SERY doit s’adapter pour répondre à la demande. L’organisme emploie 23 personnes actuellement, comparativement à 13 en 2019. Cela reste insuffisant selon Frey Guevara. « Le budget ne permet pas d’avoir tout le personnel nécessaire pour répondre aux besoins de la clientèle immigrante. On couvre Haute-Yamaska et Brome-Missisquoi, c’est énorme », souligne le directeur général de Solidarité Ethnique Régionale de la Yamaska. 

Le poste de responsable des activités socioculturelles du SERY a été laissé vacant il y a quelques mois. Il a été décidé d’attendre pour engager un remplaçant afin d’équilibrer le budget. « C’est la deuxième année depuis notre création, en 1992, que nous avons un budget déficitaire. Il est tout de même important de soutenir notre groupe d’environ 150 bénévoles, parce qu’ils ont un impact direct dans la vie des nouveaux arrivants », déclare M. Guevara. 

Autonomie

Au Service aux immigrants, Isabelle Meunier a dû couper des choses effectuées auparavant. Par exemple, le SERY s’occupait d’aider une personne immigrante à faire venir des membres de sa famille au Québec. Désormais, pour économiser du temps, on montre à la personne immigrante comment faire.

« Je dis aux intervenants que l’on continue comme ça pour l’instant, mais quand on verra que ça déborde, il y a des choses qu’on fera moins profondément. On va toujours continuer à donner un service de qualité, c’est important », mentionne Mme Meunier, qui vise davantage l’autonomie des personnes immigrantes.

« Si on n’accueille pas ces gens, comment fait-on pour que l’économie continue de fonctionner et que des entreprises ne ferment pas? »

– Frey Guevara

Demandeurs d’asile

Outre les travailleurs étrangers, parmi les 718 personnes accueillies au SERY, 128 sont des demandeurs d’asile. Selon Frey Guevara, ces derniers ne sont pas admissibles à une bonne partie des services de l’organisme. « Les demandeurs d’asile se sentent comme un réfugié pris en charge par l’État qui a accès à tous les services, mais il est loin d’avoir tout ça. C’est déchirant pour quelqu’un qui a des attentes envers un organisme mandaté par le gouvernement », exprime le directeur général. 

Le SERY peut aider les demandeurs d’asile seulement pour la recherche de logements. « En dehors de l’aide sociale, ils n’ont droit à rien économiquement, même avec des enfants. Une famille de six personnes vit avec 1200 $ par mois. C’est impossible », se désole Isabelle Meunier. Elle explique qu’il est très long pour eux d’obtenir un permis de travail, voilà pourquoi ils sont appel à l’aide sociale. 

Abraham Santerre.