Les Cowansvillois perdront leur librairie

AFFAIRES. La boutique Attractions Musik & Affiches inc. mettra fin à ses activités dès l’été prochain, faute de relève, après 43 ans en affaires.
« Je compte profiter des deux prochains mois pour liquider l’inventaire du magasin. Mon bail arrive à échéance et je dois libérer le local à la fin juillet », signale le propriétaire, John Franklyn.
La fermeture de cette entreprise familiale privera les Cowansvillois d’une offre de livres, journaux et revues à nul autre pareil dans la région.
Il faut savoir que l’établissement commercial vend environ 20 000 bouquins par an et propose à sa clientèle quelque 2500 titres de revues et journaux.
« Les revues sont en déclin depuis la pandémie. Dans les bonnes années, notre clientèle avait accès à plus de 3500 titres. De nos jours, plusieurs magazines ne sont plus imprimés et ne sont disponibles qu’en version numérique », indique le commerçant.
Musique, affiches et vidéo
Les débuts en affaires de John Franklyn, au centre commercial Le Domaine du parc, remontent à 1982.
Comme sa raison sociale l’indique, Attractions Musik & Affiches misait à l’origine sur la vente de disques longs jeux et de cassettes audio 4 pistes. Les affiches et les photos laminées de grand format étaient également très populaires à cette époque.
En 1991, l’entreprise a déménagé sur la rue Albert, près de la Pharmacie Meunier, puis s’est lancée dans la location/vente de cassettes vidéo.
« J’ai eu un autre magasin à Magog pendant six ans, à la fin des années 80 », nous apprend M. Franklyn.
La boutique de Cowansville a relocalisé ses opérations en 1997, près du centre médical de la rue Sud, avant de retourner au Domaine du parc et de fusionner avec la Tabagie Katou, un établissement commercial appartenant à Stanley Franklyn, le père de John. C’était en 2003.
« Un agrandissement par l’intérieur, réalisé en 2008, m’a permis d’augmenter la superficie du magasin à 3087 pi2 et de grossir mon inventaire de disques, de journaux et de revues », mentionne notre interlocuteur.
Ustensiles de cuisine
En 2013, l’entreprise a opté pour l’ajout d’une section consacrée aux articles de cuisine et aux produits gourmets.
« J’avais constaté une baisse au niveau de la vente de livres et je cherchais une nouvelle opportunité d’affaires. Comme de plus en plus de gens font de la popote, je me suis dit qu’il existait certainement une demande pour des ustensiles de cuisine. Un voyage aux États-Unis, dans une boutique de cuisine particulièrement achalandée, m’a démontré que mes premières impressions étaient fondées », explique M. Franklyn.
Ce dernier ajoute avec amusement que l’addition du département de cuisine a surpris plusieurs de ses clients.
« Au départ, c’était un essai, mais j’ai vite compris que la vente de ce type de produits en valait le coût. Plusieurs grandes bannières non spécialisées ont emboîté le pas et offrent aujourd’hui des articles de cuisine à leur clientèle. C’est notamment le cas du libraire Renaud Bray », résume-t-il.
En 2014, pour répondre à l’engouement des consommateurs, le commerçant cowansvillois a ouvert la boutique Franklyn Cuisine. L’établissement a fermé ses portes en 2021, à la suite au départ de la gérante, et cette ligne de produits a été rapatriée dans l’autre commerce du propriétaire.
Exigences du métier
John Franklyn reconnaît que le métier de libraire n’est pas de tout repos.
« Il faut connaître les livres, les auteurs, les goûts des clients. Au départ, un de mes employés s’occupait de cette division, puis j’ai pris la relève. Ça a été pour moi tout un apprentissage! », explique-t-il.
Pas moins d’un millier de livres paraissent chaque semaine au Québec… et il n’est pas facile pour un commerçant de suivre la cadence! M. Franklyn peut en témoigner, lui qui lit 300 résumés de livres chaque semaine.
L’homme d’affaires ajoute qu’un inventaire vivant, comme celui des journaux et des revues que l’on doit remplacer chaque jour ou chaque semaine, exige beaucoup de manutention.
« C’est un peu la même chose avec les livres. Les titres changent régulièrement et on a doit retourner les invendus dans les délais qui nous sont accordés par les fournisseurs », explique-t-il.
Pas de relève
John Franklyn songe à vendre son commerce depuis plusieurs mois et a eu recours, mais sans succès, aux services d’une firme spécialisée dans la revente d’entreprises.
À la suite d’une annonce publiée sur les réseaux sociaux, trois acheteurs potentiels se sont manifestés, mais la transaction ne s’est pas concrétisée.
« J’aurais bien aimé vendre et prendre une semi-retraite tout en restant à l’emploi du nouveau propriétaire sur une base à temps partiel. Ça n’a malheureusement pas été possible », conclut-il, d’un air déçu.