Maladie pulmonaire obstructive chronique: l’approche collaborative porte ses fruits

SANTÉ. Le réseau local de santé (RLS) de La Pommeraie a constaté une baisse importante des hospitalisations et des visites à l’hôpital en lien avec une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) à la suite d’une stratégie collaborative mise en place il y a six ans.

Au total, depuis 2018, c’est environ une centaine d’hospitalisations et une centaine d’autres visites à l’urgence qui ont pu être évitées.

« Dans un petit RLS, on est arrivé à des chiffres qui sont intéressants, explique le médecin de famille responsable du projet, le Dr Marc-Antoine Ste-Marie.

On a entendu parler beaucoup dans les dernières années que les capacités hospitalières sont assez limitées.

Même cet hiver, c’était très serré. Ce genre de projet là a un impact. »

C’est à la suite d’un hiver assez difficile que des intervenants du milieu de la santé du RLS se sont concertés pour tenter de trouver une solution.

« L’hiver 20172018 a été particulièrement impressionnant en termes d’hospitalisations et de réhospitalisations, relate l’assistante chef inhalothérapeute à la Direction des services multidisciplinaires, Eugénie Mermilliod. On a été convoqués à une rencontre où tous les professionnels de l’hôpital se sont demandé ce qu’on venait de vivre. Quel hiver hallucinant ! On s’est dit qu’il fallait prendre en charge cette problématique-là. »

STRATÉGIE

L’approche collaborative a été divisée en cinq grands axes. Tout d’abord, les intervenants ont tenté de trouver des moyens d’éviter que les patients déjà hospitalisés une première fois reviennent à nouveau.

« Pour ça, on a impliqué beaucoup la première ligne, entre autres les groupes de médecine familiale dans la région, les pharmacies communautaires, le CLSC, les inhalothérapeutes pour essayer de prendre en charge les patients à leur sortie de l’hôpital et de faire des suivis », indique le Dr Ste-Marie.

Des plans d’action ont aussi été mis en place pour que les patients consultent précocement.

« Dans ces plans, il peut y avoir des médicaments en attente à la pharmacie que les médecins prescrivent, souvent de la cortisone ou des antibiotiques, décrit le Dr Ste-Marie. Quand les patients commencent à avoir des symptômes, que ce soit de la toux, de l’essoufflement ou des expectorations, ils peuvent appeler leur pharmacie, leur infirmière en clinique ou leur inhalothérapeute. Les professionnels ont un petit algorithme pas très complexe que permet de déterminer s’il est pertinent d’activer le plan d’action. »

Des cours sont aussi donnés aux patients afin qu’ils comprennent un peu mieux la maladie.

« Plus ils comprennent la maladie, plus ils sont capables de détecter de petits changements, ce qui peut être très utile afin d’éviter les hospitalisations. Il y a des programmes qui existaient déjà au CLSC et au CIUSSS. On a fait une promotion pour que les professionnels et les patients en prennent connaissance. »

Un programme de six mois durant lequel les patients remplissent quotidiennement un questionnaire sur les MPOC a été mis en place. Une inhalothérapeute à Sherbrooke envoie régulièrement aux patients des capsules à visionner.

Les intervenants ont par ailleurs travaillé à réduire les délais d’attente pour un test de fonctions respiratoires qui s’appelle une spirométrie.

« En 2019, il y avait facilement jusqu’à deux ans d’attente, explique Eugénie Mermilliod. On a travaillé fort à diminuer le temps d’attente. On est parvenu à le réduire de 70 % en deux ou trois ans. En 2022, on avait une liste d’attente plus raisonnable. Le fait qu’on ait accès au diagnostic plus facilement, ça aide à mieux prendre en charge la maladie et choisir les bons traitements. »

Pour le cinquième volet de la stratégie, un corridor de services a été mis sur pied pour les patients orphelins.

« Ça leur permet d’avoir un suivi post-exacerbation avec les inhalothérapeutes du CLSC du programme Agir sur sa santé, comme les infirmières GMF, affirme le Dr Ste-Marie. Il y a un corridor également avec le guichet d’accès à la première ligne. »

« On essaie aussi de prioriser que ces patients-là aient un médecin de famille pour une meilleure prise en charge », ajoute-t-il.