Risque de gel printanier: les vignerons aux aguets

VITICULTURE. Avec l’hiver particulièrement chaud et l’absence quasi totale de neige, les vignerons surveilleront attentivement les aléas de mère Nature lors du printemps.

Le risque de gel printanier est d’autant plus grand, puisqu’à l’habitude, le couvert de neige aide à contrer, du moins partiellement, ce phénomène.

« Pour l’instant, ça va, mais on verra, a noté la propriétaire du vignoble Léon Courville, vigneron, Anne-Marie Lemire. Si on a un gel printanier, normalement entre la fin mai et la mi-juin, si les bourgeons sont très ouverts, on va les perdre assurément. Là, puisqu’il faut plus chaud, les bourgeons vont s’ouvrir plus rapidement. Si on a un gel, ça va être catastrophique. »

« En ce moment, les vignerons sont satisfaits, a de son côté relaté la directrice générale du Conseil des vins du Québec, Mélanie Gore. Les années où il n’y a pas de neige, les vignerons se croisent les doigts pour qu’il n’y ait pas de grands froids. Les toiles géotextiles peuvent très bien protéger la vigne, mais il doit y avoir un couvert de neige. Sans ça, les toiles vont chercher quelques degrés de plus, mais ne sont pas à pleine efficacité. »

Ce que les vignerons souhaitent, c’est moins de variations en température, surtout près du point de congélation.

« On se croise les doigts que cette chaleur va rester et qu’on n’aura pas trop de soubresauts, a affirmé Mme Lemire. Le bourgeon peut tolérer jusqu’à 18 °C s’il est fermé, mais s’il est bien ouvert, à 2 °C, c’est terminé. Il faut absolument réchauffer l’air ou trouver un moyen de le protéger, du vent surtout. »

ANNÉE TRÈS DIFFÉRENTE DE L’AN PASSÉ

L’année dernière, ce sont les pluies abondantes qui ont donné du fil à retordre aux agriculteurs et les vignerons n’ont pas fait exception.

« Nous, on est biologique, et dans ce cas-là, c’est beaucoup plus compliqué de gérer tout ça, a souligné Mme Lemire. Il faut passer souvent pour lutter contre les maladies. On est passés plus que jamais l’an dernier avec les tracteurs. On avait plein de projets qu’on a dû mettre de côté parce qu’on était dans les champs plus souvent qu’à l’habitude. »

AUTRES DÉFIS

Si les vignerons doivent composer avec la météo changeante, ils font également face à d’autres défis de taille, à l’instar de plusieurs entreprises d’autres domaines.

Les enjeux de main-d’œuvre les affectent.

Dans le cas de Léon Courville, vigneron, le vignoble s’en tire tout de même plutôt bien.

« Nous, on travaille beaucoup avec des travailleurs mexicains, a souligné Mme Lemire. Ce sont les mêmes d’année en année, ça nous aide beaucoup. »

Un autre défi majeur qui guette les vignobles est l’augmentation faramineuse des coûts.

« C’est de loin supérieur à l’augmentation du coût de la vie, a affirmé Mme Lemire. Les bouteilles ont augmenté de manière très importante, les étiquettes ont doublé du prix, les autres produits également. Il faut s’ajuster, couper à certains endroits. »