30 mois de prison pour Sarah Cousineau Denis
JUSTICE. «On souhaite une prise de conscience de sa part.» À la sortie de la salle d’audience mercredi avant-midi, les mères des deux victimes de Sarah Cousineau-Denis se sont dites soulagées. Le juge Serge Champoux, de la Cour du Québec, a condamné Sarah Cousineau-Denis à purger 30 mois de pénitencier assortis d’une interdiction de conduite de cinq ans.
Pour justifier sa décision, le juge Champoux a souligné le manque d’empathie de la jeune accusée de 20 ans. En contrepartie, il a relevé les témoignages chargés d’émotions des familles des victimes. «Sans aborder en détail le contenu de leur témoignage, il me semble tout de même tout à fait indispensable de souligner toute la douleur que ces personnes ressentent. […] Je n’ai jamais vu d’audience aussi chargée d’émotions», écrit-il. «Le choix des mots, tant de la mère de Natasha que du grand-père d’Alexandra me semble particulièrement révélateur de cette douleur toujours aussi vive et brûlante.» Qui plus est, le juge a relevé un point en commun entre les deux témoignages. «Ni l’une ni l’autre de ces familles n’ont ressenti d’empathie, de remords, de regrets de la part de l’accusée.»
En défense, le témoignage de la mère de Sarah Cousineau n’a pas impressionné le juge Champoux. Il soulève aussi des doutes quant à la lettre qu’aurait écrite l’accusée, parlant de malaise. «Je constate en la lisant qu’elle est fort bien construite, écrite sur un ton sensible et familier, pratiquement exempte de fautes, au moins d’orthographes», note-t-il en faisant référence aux «difficultés académiques importantes» de Sarah Cousineau-Denis. «Je me questionne également en comparant le ton de cette lettre, la sensibilité qui s’en dégage, sa chaleur également, comment donc concilier cette lettre avec le comportement de l’accusée au Tribunal, qui n’a eu strictement aucune réaction, ni à la lecture de la lettre, ni aux témoignages émouvants des parents des victimes, dont Lyne Hébert, la mère de Natasha Lavigne qu’elle écrit "respecter beaucoup" et qui exprimait à quel point elle a été affectée par l’absence de toute marque de sympathie de l’accusée», poursuit le juge.
30 mois de prison
Durant la lecture du jugement de 21 pages, lecture qui a pris près de 30 minutes, Sarah Cousineau-Denis s’est tenue droite devant le juge, impassible en fixant ce dernier. Cet état est demeuré lorsque le juge Champoux l’a condamnée à purger une peine de 30 mois de prison. Sarah Cousineau-Denis a aussitôt pris la direction du box des accusés. À sa sortie du pénitencier, il lui sera interdit de conduire tout véhicule moteur en sol canadien pendant cinq ans.
Pour établir la sentence, le juge a pris en compte des facteurs atténuants (jeune âge, sans antécédent criminel, dossier de conduite vierge, réseau familial aidant et supportant, plaidoyer de culpabilité, absence de consommation d’alcool et de drogue lors du crime) et des facteurs aggravants (deux décès, vitesse excessive, négligence).
Rappelons qu’en décembre dernier, lors des représentations sur sentence, la Couronne avait recommandé au juge Champoux une peine de pénitencier d’un minimum de deux ans. Pour sa part, Me Pierre Poupart, qui assure la défense de Sarah Cousineau, n’avait pas fait de recommandation précise au magistrat. Il avait toutefois suggéré «une peine privative de liberté du nombre de mois jugée suffisamment courte pour que la souffrance de cette fille soit minimisée».
Le 12 novembre 2012, Sarah Cousineau circulait à vive allure sur le chemin Bondville lorsqu’elle a perdu le contrôle de sa Mercedes tuant sur le coup Alexandra Laliberté et Nathasha Lavigne, respectivement âgée de 19 et 18 ans.