Biodiversité: déclin majeur des oiseaux des champs dans Brome-Missisquoi

BIODIVERSITÉ. Les oiseaux des champs sont en déclin dans Brome-Missisquoi et dans le sud du Québec depuis deux décennies, selon des intervenants interviewés par TC Media. La culture intensive du maïs et les coupes de foin à répétition sont pointées du doigt par les environnementalistes.

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«Les plantes herbacées ont fait place au maïs sur bon nombre de terres agricoles. Or, les plants de maïs sont disposés en rangs serrés et atteignent une hauteur importante. Les oiseaux de champs ont eu de la difficulté à s’adapter à cette nouvelle réalité et sont en perte de vitesse partout sur le territoire. Il y a de la sensibilisation à faire à ce niveau, mais ce n’est pas facile», indique Bertrand Hamel, responsable des espèces menacées au sein du Club des ornithologues de Brome-Missisquoi (COBM).

La multiplication des coupes de foin au cours d’une même saison a également joué en défaveur des oiseaux des champs.

«Par le passé, la première récolte de foin se faisait généralement en juin. De nos jours, les cultivateurs coupent le foin beaucoup plus tôt en saison et les faucheuses endommagent au passage les oiseaux qui nichent au sol», signale M. Hamel.

La maubèche des champs (déclin de 71 %) et la sturnelle des prés (déclin de 59 % ont particulièrement été affectés par cette perte d’habitat et se retrouvent sur la liste des espèces en péril. La situation du goglu des prés et du bruant des prés n’est guère plus reluisante.

Changement de statut

À l’opposé, certaines espèces profitent directement des nouvelles pratiques agricoles. C’est notamment le cas du dindon sauvage, une espèce en explosion dans Brome-Missisquoi et ailleurs au Québec.

«La culture du maïs fournit un élément de subsistance au dindon sauvage durant la saison froide. Sans cet apport nutritionnel de premier plan, il aurait de la difficulté à passer l’hiver chez nous», explique le porte-parole du COBM.

Ce dernier rappelle que le dindon sauvage figurait sur la liste des espèces vulnérables en 1989.

«Sa population a été multipliée par 19 en un peu plus de 20 ans. De nos jours, on est même autorisé à le chasser», résume M. Hamel.

Le COBM a dénombré 524 individus de cette espèce, le 20 décembre dernier, lors du recensement annuel des oiseaux de la Société Audubon.

«Le dindon sauvage a été réintroduit au Vermont et dans l’État de New York. Il a par la suite traversé la frontière et réussi à s’installer chez nous en raison des hivers plus cléments», poursuit cet ornithologue d’expérience.

La population de mésanges bicolores a également explosé depuis le début des années 90 au Québec, où le nombre d’individus a été multiplié par 20.

«Il s’agit d’une espèce commune au sud de la frontière canado-américaine qui a migré vers le nord avec l’adoucissement des températures hivernales», indique M. Hamel.

M. Hamel a par ailleurs eu la chance de repérer quelques spécimens de petit blongios et de paruline à ailes dorées, deux espèces en péril, lors d’un inventaire pour le compte de l’organisme de conservation Corridor appalachien.