TÉMOIGNAGE. À l’instar de centaines d’autres Québécois, la Bromontoise Suzanne Durand se tourne vers l’Allemagne et l’expertise du réputé radiologue Thomas Vogl pour traiter un cancer du foie en phase 4.
Depuis quelques mois déjà, Suzanne Durand tente d’esquiver les pronostics. L’imposante masse détectée à son foie est inopérable au Québec, comme le révèleront les examens et autres biopsies. À la tombée du diagnostic, le 1er juin dernier, les portes semblent se refermer devant elle. «Au départ, je ne l’ai pas cru, parce que tout avait débuté par un simple petit rhume. Du jour au lendemain, on te dit que ta vie est complétée. J’en ai fait du déni, puisque j’ai toujours été en parfaite santé», raconte-t-elle.
En évitant la chimio palliative, l’oncologue ne lui donne qu’un ou deux mois à vivre. Si elle choisit les traitements, il lui en reste pour un an ou deux, lui laisse-t-on savoir.
Entre la formation d’accompagnement de soins en fin de vie, un cours qu’elle offre depuis, et son cours d’infirmière, la dame s’est intéressée à la médecine alternative, sans remettre en doute l’efficacité de la médecine traditionnelle, précise-t-elle. Voilà donc un scénario qui bouscule ses convictions. «Je savais que mon corps ne voulait pas de chimio.»
Elle se résignera tout de même à recevoir un traitement. «J’ai été tellement malade, et pour moi c’était terminé.»
«Autre chose à faire»
Alimentation vivante, jeûne, séjours au Mexique, en Allemagne, toutes les avenues sont ensuite explorées. Et beaucoup de recherche sur soi, question d’apprendre à s’aimer avec la maladie, pour s’engager sur le chemin de guérison.
«J’ai beaucoup travaillé sur le côté émotif, ce que j’ai à améliorer, ce que je n’accepte pas, ce que j’ai refoulé. Pour moi, c’est une médecine globale, le corps, l’âme et l’esprit. Une maladie ne vient jamais de nulle part, elle arrive parce que l’on a quelque chose à comprendre dans notre vie. Et il faut l’accepter.»
Une augmentation
Un scan à la fin novembre décèlera un accroissement de 15 % de la masse et du nombre de cellules cancéreuses. «J’ai compris que ce que je faisais était beau, mais qu’il y avait encore autre chose à faire.»
C’est alors qu’un médecin lui suggère de courts exils en Allemagne, au Centre hospitalier universitaire de Francfort, sous la supervision du Dr Vogl.
«J’y avais pensé, mais c’était tellement cher que j’avais écarté cette option. J’ai lu plusieurs témoignages de gens qui s’y sont rendus avec succès, je leur ai téléphoné, puis j’ai décidé de me lancer.»
La chimioembolisation
En pleine période des Fêtes, elle envoie son dossier à Dr Vogl, qui accumule des centaines de demandes canadiennes, mais n’en sélectionne qu’une infime partie. Elle souhaite y recevoir de la chimioembolisation, une technique qui cible directement la masse, une intervention très localisée, contrairement aux traitements conventionnels dont les effets peuvent se faire ressentir sur l’ensemble du corps. Une telle technique est offerte au Québec, mais pas pour traiter ce type de cancer.
Une imagerie par résonnance magnétique révèle que la masse a augmenté de 20 %, mais elle reçoit tout de même le feu vert du Dr Vogl.
Ses amis se mobilisent alors pour mettre sur pied une campagne de financement couvrant les 18 000 $ que coûtent de tels séjours d’une semaine, avec un accompagnant, les soins, l’hôtel et les billets d’avion.
Deux séjours
Elle a déjà reçu quatre traitements lors de deux séjours, en janvier et en mars. Les résultats l’encouragent, une diminution de 7 % de la masse, les nombreuses lettres recueillies également. C’est que les formations suivies lui ont fait rencontrer des tonnes de gens. «Ça m’a ouvert des horizons, j’ai pris contact avec des citoyens de partout dans le monde», souligne-t-elle, désignant les deux piles posées au bout de la table.
«C’était toujours dans un esprit de don, pour offrir aux gens le meilleur de ce que je suis.»
Le jour de ses 70 ans
Mme Durand recevra son cinquième traitement, à son troisième séjour, le 10 mai, à 10h, le jour de ses 70 ans. «C’est un parcours parfait dans l’imperfection», remarque-t-elle, tout en gardant le moral en cette froide matinée d’avril.
Près de sa résidence, le couvert de glace du lac Bromont s’est effacé. «Le lac est calé, c’est le printemps!»
Pour aider Suzanne Durand, allez au www.humainement.com/suzanne ou envoyez un courriel au donsuzannemerci@gmail.com.