Le lockout au Journal de Montréal vu de l’intérieur
LITTÉRATURE. Il y a six ans, les employés du Journal de Montréal descendaient dans la rue. Nul ne s’attendait d’y rester durant 764 longues journées. Michel Larose faisait partie de ces syndiqués qui ont marché au nom de l’information. Il signe aujourd’hui son premier essai avec en toile de fond un conflit qui aura marqué toute une génération.
Le livre Lockout au Journal de Montréal, enjeux d’un conflit de travail raconte de l’intérieur ce que plusieurs ont vu de l’extérieur. Il s’agissait d’un devoir de mémoire pour le journaliste qui cosigne l’ouvrage avec son ancienne collègue à la culture, Manon Gilbert.
«On ne voulait pas que le lockout tombe dans l’oubli, raconte l’auteur qui réside à Sutton. C’est, selon nous, un évènement marquant de l’histoire de la presse. C’est le plus long conflit à être survenu dans la presse écrite au Québec et au Canada. On a donc pensé qu’il fallait laisser un témoignage de cet évènement-là.»
Un livre pour tous
Pour celui qui était chef de pupitre des actualités au Journal de Montréal, l’ouvrage peut être utile à tous. «Le livre s’adresse à toute la population, car on l’a écrit comme un roman, poursuit-il. On ne voulait pas qu’il soit trop didactique.»
Michel Larose affirme que le lockout est le produit d’une manigance patronale. Il estime que des travailleurs, syndiqués ou non, pourront mieux comprendre comment une relation de travail peut dégénérer.
Réflexion journalistique
En pleine mouvance de la presse au Québec et dans le monde, Michel Larose se questionne sur l’avenir du journalisme. Selon lui, le lockout aura laissé des marques indélébiles dans la profession qui doit maintenant conjuguer avec la concentration de la presse.
«Le livre pourrait emmener les journalistes à prendre conscience de leur propre univers, affirme-t-il. Actuellement, il n’y a pas qu’à Radio-Canada où il y a des problèmes. Il y a une précarité d’emploi dans d’autres groupes de presse. C’est un des enjeux de la convergence.»
Selon l’auteur, le lockout aura eu inévitablement un impact sur la qualité de l’information. Le phénomène de précarité causé par la convergence a un impact sur la qualité de la nouvelle.
«Lorsqu’on fait de la convergence, on diminue la variété des sources et on unifie l’information. On a inévitablement un plus grand contrôle de la direction de l’information et une plus grande manipulation de l’opinion publique.»
PKP en politique
La relation entre l’opinion publique et le quatrième pouvoir inquiète l’ex-journaliste dans le giron de Quebecor. Selon lui, il est impossible de penser que Pierre Karl Péladeau n’aura aucune incidence sur l’information véhiculée dans les médias de Quebecor s’il accède aux fonctions de premier ministre.
Il affirme toutefois que la sortie du livre qui coïncide avec la course à la chefferie du Parti québécois de Pierre Karl Péladeau n’était pas prévue. Le livre qui a été lancé le 26 février à Montréal est maintenant disponible en librairie.