Le retrait des mises en échec mal accueilli 

HOCKEY. Hockey Québec annonçait récemment une refonte de sa politique des contacts au niveau mineur. Les mises en échec seront désormais bannies dans le bantam CC et le midget BB, avec le but avoué de réduire le nombre de commotions cérébrales. Hockey Québec entend toutefois éduquer les équipes quant aux contacts physiques, qui eux demeureront permis. Une mesure imposée qui ne fait pas du tout l’affaire dans la région.      

Le vent de scepticisme envers ce choix touche notamment Hockey Estrie. Cette dernière fait d’ailleurs partie des trois fédérations (avec Montréal et Lac Saint-Louis) qui ont affirmé être en désaccord avec Hockey Québec sur ce point. Hockey Estrie, qui chapeaute les organisations de hockey mineur sur le territoire, proposait plutôt un arbitrage plus serré, des suspensions plus longues, et une bonification de l’offre éducative.

«Nous avions fait le travail nécessaire avant, de manière honnête. 75 % de nos membres étaient contre. Nous avons perdu notre cause, mais la décision est démocratique et ce sont eux [Hockey Québec] qui décident. On ne peut pas être en désaccord sur la façon que c’est présenté, dans le sens que si ça peut réduire les commotions et les blessures, personne n’est contre cela. Mais nous croyions en d’autres avenues», estime Gérald Bélanger, président de Hockey Estrie.

Avant même de sauter sur la glace pour le début de la saison, une clinique de mise en échec, incluant des séances vidéo, est donnée aux joueurs. «Nous proposions qu’elle soit donnée plus souvent. Nous pensions que de passer par l’éducation, par des cours, c’était une façon plus intéressante de ne pas changer notre hockey tel qu’on le connait depuis toujours», glisse ce dernier, tout en se disant bien préoccupé par le phénomène des commotions cérébrales. «On ne veut jamais que quelqu’un s’inflige une blessure comme celle-là.»

Des équipes en perte de vitesse?

M. Bélanger affirme qu’Hockey Estrie a perdu 1000 joueurs depuis trois ans, pour le hockey scolaire, où les mises en échec sont encore permises, ou les prep school. Ces joueurs optent pour d’autres circuits, pour de multiples raisons.

«On se demande maintenant ce qui nous attend, comment nos joueurs vont réagir? Si j’en ai perdu autant en trois ans, est-ce que nous allons continuer d’en perdre?», s’interroge-t-il.

Toujours selon ses estimations, un peu plus de 200 joueurs seront touchés au sein de l’association estrienne dans les deux catégories visées par Hockey Québec. Aux quatre coins de la province, ce sont plutôt près de 4000 joueurs qui évoluent au bantam CC et au midget BB.

Comme au pee-wee  

Un des grands défis proviendra de ceux qui ont toujours évolué en étant en mesure de distribuer des mises en échec, et qui devront désormais s’en passer, selon le président de Hockey Estrie. «Il y aura de nombreux ajustements à faire. Par contre, ce qu’il y a de positif, c’est ceux qui passent du pee-wee au bantam. Leur adaptation se fera plus facilement», explique-t-il. D’après lui, les tendances qui s’imposent de plus en plus s’orientent vers le coup de patin et le contrôle de la rondelle.

Hockey Québec avait déjà proscrit les mises en échec au niveau pee-wee. Elle avait d’ailleurs été la première association au Canada faire un pas en ce sens, et l’est restée pendant près de deux décennies, avant de voir la mesure se répandre d’un océan à l’autre.   

Des coups salauds plus fréquents?

Le président de l’Association de hockey mineur de Cowansville, Benoit Lejeune, penche lui aussi vers un bagage éducatif renforcé, mieux défendu. «Nous n’étions pas surpris de l’adoption de cette mesure, mais pour nous, on voulait que la mise en échec soit mieux encadrée. Je pense que la formation était inadéquate.» Il craint maintenant une recrudescence des coups indésirables. «En réalité, le but de la mise en échec, c’est pour écarter du jeu le porteur du disque, sans lui faire mal. Ce qui manquait au niveau de la formation, c’était de bien la recevoir et de bien la distribuer», précise-t-il.        

Faute de joueur, il n’y avait pas d’équipes bantams CC l’an dernier à Cowansville. L’association se penche sur la possibilité de s’affilier avec d’autres villes pour en créer une. «Le double lettre, c’est de plus en plus difficile pour notre région. Une association avec d’autres villes viendrait renforcer le hockey local», avance M. Lejeune.