«Le souvenir est toujours présent», dit Jean Bourgeois

Un an après avoir perdu l’un des leurs, les policiers de Bromont iront se recueillir en toute simplicité, jeudi, à l’endroit même où le constable Vincent Roy a été mortellement happé, le 1er décembre 2011, sur la route 139, à Bromont, alors qu’il était en fonction.

La commémoration du premier anniversaire du décès du policier Roy se fera sobrement lors d’une rencontre semestrielle qui rassemble l’ensemble des effectifs du corps bromontois. «À ce moment, on va prendre un temps pour aller se recueillir sur les lieux de l’accident, possiblement à l’heure où ça s’est produit. On va prendre une petite minute de silence. On veut se souvenir, mais on ne veut pas ramener la douleur. On veut faire quelque chose de spécial pour que le souvenir reste», explique le directeur du Service de police de Bromont, Jean Bourgeois.

Comme dans le cas de n’importe quel décès, le directeur Bourgeois indique que les premiers moments sont difficiles, mais qu’avec le temps, le souvenir, toujours présent, devient moins douloureux. «Il y a des jours où on n’y pense pas, mais certains événements font que ça revient. On a une partie de la tempête passée, mais on continue de ramer fort», enchaîne M. Bourgeois.

Move Over Law

La mort du policier Vincent Roy a ravivé, dans l’esprit du paramédic Patrick Dufresne, l’idée de faire instaurer la Loi sur le corridor de sécurité, aussi connue sous le nom de Move Over Law, déjà présente ailleurs au Canada et aux États-Unis. Il n’a fallu qu’un délai de huit mois après le décès de Vincent Roy pour que la Loi du Move Over soit ajoutée au Code de la sécurité routière. 

Si le décès tragique du constable a frappé l’imaginaire collectif, elle ne semble pas avoir semé des craintes dans l’esprit des troupes policières. À l’intérieur de son équipe, Jean Bourgeois précise n’avoir entendu aucun de ses patrouilleurs avoir des appréhensions à intercepter des véhicules en bordure de la route. «Le premier mois, les gens étaient craintifs. Ils faisaient plus attention. Certains ont triplé la sécurité sur les interceptions, mais le naturel est revenu. J’imagine qu’ils y pensent au moment d’entrer ou de sortir du véhicule», atteste Jean Bourgeois.

Les principes de base de la Loi sur le corridor de sécurité sont relativement simples. L’automobiliste est invité à créer un corridor de sécurité en ralentissant, puis en s’éloignant du véhicule immobilisé, après s’être assuré de pouvoir le faire sans danger.

Interception non problématique

En publiant leur rapport en juin dernier, les enquêteurs de la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST) avaient écarté tout blâme envers le policier Roy qui avait appliqué correctement les rudiments de l’interception tels qu’enseignés à l’École nationale de police du Québec de Nicolet. Selon les conclusions de l’enquête, la conductrice du camion aurait voulu éviter de heurter le miroir d’un poids lourd qui arrivait en sens inverse en donnant un coup de volant vers la droite. Durant cette manœuvre, la caisse du camion de livraison est entrée en contact avec le véhicule de police sur une partie de sa longueur. L’aile avant et le rétroviseur droits du camion ont alors heurté le policier au passage.

«Ça prend des événements malheureux pour se rappeler à quel point notre sécurité est en péril. Mais l’enquête a démontré que l’intervention du policier Roy était effectuée correctement. C’est possiblement dû à une erreur d’inattention de la conductrice. Même si l’intervention est faite de la bonne façon, le hasard peut nous frapper. Ça nous rappelle qu’on exerce un métier à risque et qu’on ne peut pas prévenir l’imprévisible», conclut le directeur Bourgeois.