L’envers du décor

L’opération Cisaille menée par la Sûreté du Québec est loin de faire l’affaire de tous. Parlez-en à ceux qui travaillent dans l’ombre pour mettre en marché cette populaire drogue.

Une fois les plants de pot à maturité, les mariculteurs récoltent et les précieux plants illicites sont envoyés au séchage. «Les producteurs louent des espaces et une fois que c’est séché, ils procèdent au trimage», raconte une source anonyme interrogée par GranbyExpress.com.

À travers des rangées de tables, les «employés» – payés en moyenne 100$ l’heure – «triment» les plants pour en garder les cocottes. «C’est sûr qu’on a toujours la crainte qu’il y ait une descente, mais c’est super bien organisé. La place où j’ai été, ils avaient des walkies-talkies», confie notre interlocuteur. Et ne croyez pas que ces activités se déroulent dans un endroit isolé. «C’était sur une rue principale, derrière une maison. De l’extérieur, ça n’avait pas l’air de ça et à cause de la circulation, les gens ne portaient pas attention. C’était normal qu’il y ait du va-et-vient», soutient-il.

Ce dernier avance aussi que les policiers attendent volontairement que les plants soient récoltés avant de frapper, ce qui fait très mal aux mariculteurs. «Les policiers savent où sont les plantations. Ils attendent que ce soit ramassé, que ce soit trimer et que ce soit prêt à vendre, mais le producteur prend généralement des ententes avec d’autres pour des livraisons. Quelqu’un de mon entourage a dû s’exiler aux États-Unis parce qu’il savait qu’il allait se faire casser les deux jambes parce qu’il n’a pu honorer ses engagements. Sa maison a été saccagée», se souvient notre source.

Générateur de criminalité

La personne interrogée sous le couvert de l’anonymat par GranbyExpress.com ne cache pas qu’elle aimerait mieux que les policiers s’attardent à un autre dossier que le cannabis. «Le pot, ce n’est pas la fin du monde. Ce n’est pas pour rien qu’on s’en sert pour les malades. En plus, ça aide à calmer les nerfs.» Elle croit que les forces de l’ordre devraient prioriser la lutte aux autres stupéfiants, comme les drogues dures et de synthèse.

Or, pour la SQ, le cannabis est un générateur de criminalité et est loin d’être inoffensif. «Le cannabis se retrouve dans les écoles où les jeunes le consomment», note Brigitte Leblanc, sergent-enquêteur à la DERE. «Le plant d’il y a 20 ans n’est plus le même qu’aujourd’hui. Au départ, il y avait entre trois et cinq pour cent de THC. Aujourd’hui, c’est trois fois plus».

Son confrère Richard Nadeau ajoute que «le pot, c’est le générateur de toutes les drogues dures. C’est la clé du moteur». Ce dernier fait aussi référence au lien relationnel qu’entretient la drogue avec la criminalité (vol à l’étalage, invasion de domicile, introduction par effraction, etc.).