L’ERM Estrie financée par les revenus des criminels

L’incertitude qui planait autour de l’avenir de l’Escouade régionale mixte (ERM) de l’Estrie s’est dissipée, vendredi. La Sûreté du Québec et les services policiers municipaux de la région ont annoncé continuer leur collaboration pour lutter contre le crime organisé en utilisant l’argent provenant… des revenus des criminels!

Par Pierre-Olivier Girard et Stéphanie Mac Farlane

L’échéance de la fiducie fédérale de 93M $ sur cinq ans a forcé les corps policiers à s’asseoir ensemble pour renégocier une entente afin d’assurer la pérennité de l’ERM qui regroupe des enquêteurs des services de police de Memphrémagog, Granby, Sherbrooke et de Bromont ainsi que de la SQ et de la GRC.

Certains changements ont cependant dû être apportés à la structure, si bien que l’organigramme a complètement été revu. L’ERM, autrefois divisée par spécialisation soit la drogue, les motards et les gangs de rue, n’est maintenant qu’une seule entité qui se penchera sur le crime organisé.  Des efforts seront également déployés pour enrayer des problématiques qui sont propres à la région estrienne, comme les introductions par effraction qui font partie des crimes récurrents.

Libérant des ressources policières à l’ERM Estrie, les Services de police de Bromont et Granby y retirent un bénéfice.

«On a toujours cru en ces escouades-là à Bromont. Le conseil municipal y a aussi cru parce qu’on a décidé de poursuivre notre association au sein de l’ERM. On croit que c’est un plus au niveau du service à la population. C’est un petit effort monétaire en surplus à y mettre, mais sur le terrain, ce sont des résultats qui sont plus que satisfaisants», commente Jean Bourgeois, directeur du Service de police de Bromont.

À cela, son homologue de Granby, Marco Beauregard, ajoute que l’ERM enquête sur de nombreux dossiers touchant, entre autres, aux stupéfiants, aux crimes violents reliés au crime organisé et aux vols de véhicules… «En Estrie, on a formé un comité directeur et on se rencontre périodiquement pour donner les grandes orientations sur les enquêtes qu’on souhaite voir se réaliser et se concrétiser», indique M. Beauregard en précisant que les stupéfiants demeureront une priorité. La Ville de Granby en retirera aussi des bénéfices. «Pour Granby, la valeur ajoutée c’est que l’équipe va s’attaquer à la criminalité locale et aux groupes locaux. Avant, on avait une participation à l’ERM Estrie qui était basée à Sherbrooke. Souvent, ils enquêtaient dans cette région-là et venaient toucher les grosses têtes dirigeantes à Granby. Là, on va pouvoir aussi enquêter les gens locaux», soutient Marco Beauregard. Ce dernier se réjouit également de la consolidation du bureau granbyen de l’ERM Estrie à même les locaux du poste de police de la rue Simonds.

Financer les enquêtes par le crime

Au sujet du financement, la majeure partie du budget de l’ERM provient du ministère de la Sécurité publique du Québec. De plus, une entente a été conclue avec Revenu Québec qui permettra de financer les huit Escouades régionales mixtes du Québec à même les biens saisis lors de perquisitions. «Ce qui est important de savoir c’est qu’il y a une partie des revenus provenant des saisies ou des confiscations dans certains dossiers qui vont revenir aux organisations policières. Le crime pourrait finalement financer une certaine partie des enquêtes dans ces dossiers-là», explique Jean Bourgeois.

Ce dernier précise qu’aucune information concernant les budgets et les effectifs alloués à l’ERM ne coulera. «Au niveau des ressources, on ne divulguera pas la façon dont la répartition des ressources a été faite autant en nombre total d’effectifs pour chacune des deux ERM de l’Estrie. Il y environ 300 membres des organisations policières qui font partie des ERM au Québec. Les budgets sont aussi scellés», poursuit M. Bourgeois. 

Granby a signé le protocole d’entente de l’ERM jusqu’au 31 mars 2016. «À partir de là, on va réévaluer la situation. On sait qu’il y a des ERM au Québec depuis 1994 et c’est la façon d’enquêter le crime organisé. C’est très productif, tellement que c’est copié par d’autres provinces», conclut Marco Beauregard.