Lise Proteau: 30 ans au service de la communauté
Le Centre d’action bénévole de Bedford et environs (CABBE) venait d’avoir cinq ans quand Lise Proteau s’est jointe à l’organisation. L’organisme célèbre cette année ses 35 ans d’existence et sa directrice générale n’a rien perdu du feu sacré qui l’animait à ses débuts.
Lise Proteau avait 28 ans et une longue feuille de route lors de sa nomination à la direction du CABBE.
Cette dernière est originaire de Cowansville et y a vécu jusqu’à l’âge de 10 ans. Après un intermède de deux ans à Sainte-Philomène (aujourd’hui Ville-Mercier), elle a réintégré son patelin et poursuivi ses études à la nouvelle polyvalente Massey-Vanier.
Aînée d’une famille de cinq enfants, Lise Proteau a notamment été très active au sein du corps de majorettes Les Optimistes. Son séjour de neuf ans au sein de cet ensemble musical lui a permis de s’initier à la trompette, au cor français et au tuba avant d’être promue tambour major.
«Ma participation aux défilés, concerts et compétitions provinciales a développé mon intérêt pour le leadership», signale la principale intéressée.
À l’âge de 18 ans, Lise Proteau suit ses parents à Farnham et complète un cours de commis-comptable. Elle travaillera ensuite à Cowansville (deux ans chez Tupperware), Stanbridge Station (cinq ans comme barmaid), Farnham (deux ans chez Sucraft) et Bedford (deux ans chez Clastec).
Centre régional de bénévolat
Après deux mois d’implication bénévole au Centre de bénévolat régional de Bedford (devenu le CABBE en 1987), Lise Proteau a participé à la réalisation d’un bottin communautaire sous la supervision du Conseil régional de la santé et des services sociaux de Longueuil.
Six mois plus tard, soit en octobre 1983, la jeune femme de 28 ans prenait la relève des coordonnatrices Suzie Jasmin (en poste depuis 1978) et Claudette Boulé (en poste depuis quelques mois).
«J’ai été embauchée par le président fondateur, Alphonse Langlois, avant de travailler aux côté d’une dizaine d’autres présidents et présidentes», précise Mme Proteau.
Le CABBE a déménagé onze fois entre 1983 et 1990. «À l’époque, nous étions continuellement dans les boîtes», résume la directrice générale.
En 1990, le CABBE a été en mesure de racheter la petite maison du 35 rue Cyr, abritant les bureaux des Fermes Angus, grâce à une subvention de 60 000 $ du gouvernement provincial.
«Les économies en salaires réalisées par Québec durant la grève des infirmières ont été redistribuées à des organismes. C’est de cette façon que le CABBE est devenu propriétaire», ajoute Mme Proteau.
Sens de l’innovation
L’acquisition du 35 rue Cyr a fourni au CABBE tout l’espace requis pour l’ajout de nouveaux services. «À mon arrivée, notre organisme ne s’occupait que de transport-accompagnement et de visites aux malades», signale la directrice générale.
Au fil des ans, le CABBE a augmenté ses effectifs et ajouté de nouvelles cordes à son arc (aide domestique, aide alimentaire, repas chauds à domicile, visites d’amitié, ateliers de cuisine, rapports d’impôts, accompagnement médical, accompagnement aux courses, programme Info-stop pour les aînés, calendrier communautaire, guide pour situations d’urgence, etc.).
En 1991, le CABBE et divers organismes locaux ont uni leurs forces pour la mise sur pied d’une première guignolée. «Plusieurs groupes proposaient déjà des paniers de Noël aux démunis, mais chacun travaillait de son côté», se souvient Mme Proteau.
Cette année, le CABBE a délaissé la formule des paniers de Noël pour se concentrer sur le service d’aide alimentaire. «Par le passé, toutes les denrées de la guignolée étaient redistribuées aux bénéficiaires des paniers de Noël. Dorénavant, les denrées et l’argent recueillis pourront servir tout au long de l’année», laisse entendre la Bedfordoise d’adoption.
Le CABBE a également innové l’an dernier en invitant les quelque 60 bénéficiaires de l’aide alimentaire à préparer eux-mêmes leurs sacs de victuailles et en leur proposant des dégustations et recettes à base d’aliments reconnus pour leurs valeurs nutritives. «Les dégustations permettent aux gens de se familiariser avec des légumes méconnus, comme les courges, aubergines et pois chiche. Cette démarche contribue à une modification des habitudes alimentaires des participants», explique Mme Proteau.
Au dire de cette dernière, la demande pour «l’épicerie partage» a augmenté de 13 % à 15 % depuis trois ans. «Nous accueillons de plus en plus de personnes seules, car ce sont elles les véritables parents pauvres du système. Les familles bénéficient d’un meilleur soutien de la part des gouvernements», indique la directrice générale.
Problèmes de relève
Fort d’une armée de 115 bénévoles, le CABBE vient aujourd’hui en aide à plus de 600 bénéficiaires. «Nous avons suffisamment de monde pour suffire à la demande, mais nos bénévoles prennent de l’âge et deviendront bientôt des usagers à leur tour», rappelle Mme Proteau.
La directrice générale remarque par ailleurs que le profil des bénévoles a changé au fil des ans. «La plupart des bénévoles ont déjà été sur le marché du travail et souhaitent remplir des tâches faisant appel à leurs connaissances et leur expérience. Ainsi, il devient de plus en plus difficile de recruter des volontaires pour les visites d’amitié», affirme-t-elle.
Cette dernière ajoute que la relève n’est pas toujours au rendez-vous. «Les gens disent souvent qu’il faudrait recruter des jeunes, mais semblent oublier que ces derniers sont à l’école ou au travail durant la journée. Est-on prêt à ouvrir notre établissement le soir ou la fin de semaine pour faire de la place aux jeunes bénévoles? La question est lancée et fera l’objet d’une réflexion au cours de la prochaine année», poursuit Mme Proteau.