Manon Boisclair: de Cowansville jusqu’au bout du monde

MONDE. Une Cowansvilloise regagnera ce côté-ci de l’Atlantique au cours des prochaines semaines, notamment pour servir d’inspiration à des dizaines de jeunes qui s’apprêtent à terminer leurs études secondaires à Massey-Vanier. Manon Boisclair a terminé son parcours secondaire à la fin des années 1980. Depuis, sa feuille de route l’aura menée aux quatre coins du monde.     

Manon Boisclair assurera la présidence d’honneur de la cérémonie des finissants de l’école Massey-Vanier, qui se tiendra le 21 juin prochain. Plus de 25 ans après avoir délaissé les casiers du secondaire, force est d’admettre qu’elle en a parcouru des kilomètres; elle a travaillé, presque littéralement, à repousser les frontières.

La femme, début quarantaine, est établie en Suisse depuis 2009, à Genève plus précisément, avec son conjoint, à l’emploi de la Croix-Rouge, et ses deux enfants de 8 et 12 ans. Suite à un «prêt» de la part du gouvernement canadien l’automne dernier, elle travaille pour l’organisation internationale Justice Rapid Response, une initiative intergouvernementale. Celle-ci vise à soutenir les efforts déployés, tant au niveau national qu’international, pour tenter de mettre fin à l’impunité liée aux génocides, aux crimes de guerre, aux crimes contre l’humanité et envers les violations des droits de la personne, telles les violences sexuelles et sexistes. C’est donc dire qu’un panel de 400 experts, parmi lesquels des avocats, des policiers et des médecins légistes notamment, sont mis à la disposition de l’organisation afin qu’ils soient assignés rapidement sur le terrain et qu’ils puissent rejoindre une unité d’enquête. Mme Boisclair est responsable des dossiers de planification stratégique, de mobilisation des ressources, des relations externes et des communications pour l’organisme, mis sur pied en octobre 2009.

D’autres rôles aux Affaires étrangères

Elle a auparavant occupé d’autres fonctions à l’intérieur même du vaste ministère Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada, où elle s’est établie depuis 1998. Elle a œuvré au sein de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), où elle était appelée à s’occuper du programme du Canada sur la question des changements climatiques auprès des pays en voie de développement. Mme Boisclair a également représenté le pays à la mission permanente du Conseil des droits de la personne auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à Genève, de 2009 à 2013. Ces fonctions l’amenaient à mener de front des négociations touchant à la question du droit des femmes, particulièrement dans le cadre de l’élimination de la violence faite aux femmes.

Revenir… pour mieux repartir

Après ces multiples contacts avec le monde, la diplomate se rapprochera bientôt de sa ville natale pour ensuite repartir en 2016; elle se verra confier un nouveau mandat, cette fois à l’ambassade canadienne au Liban. Afin d’être bien formée, elle devra maîtriser la langue arabe, dont elle connaît déjà quelques rudiments. Les deux prochaines années l’amèneront donc à revenir dans la capitale fédérale pour se préparer à ce défi, qu’elle qualifie d’excitant. «Le fait d’apprendre de nouvelles langues et de voir le monde me fascinait et ce sont des raisons pour lesquelles je voulais travailler aux Affaires étrangères». Elle maîtrise, «à divers niveaux» s’empresse-t-elle de préciser, cinq langues, dont l’allemand et l’espagnol.

Cet intérêt remonte à une autre époque; déjà en cinquième secondaire, elle décidait d’enrichir son bagage linguistique. Elle a été la première à décrocher un diplôme secondaire bilingue, au moment où cette possibilité venait tout juste d’être offerte.

Conjuguer son message au futur

Les rôles s’inverseront donc à la fin juin. Manon Boisclair se tiendra en face d’un groupe d’étudiants sur le point de franchir une étape importante de leur parcours scolaire. Elle s’adressera aux finissants et ce qu’elle leur dira, elle en a déjà une bonne idée. Elle qui est confrontée, dans le cadre de son travail, à des défis énormes qui affectent le monde et dont les retombées s’en ressentent partout, fonde beaucoup d’espoir sur les jeunes.

«Je vois ça comme une opportunité de les encourager. Ils représentent le meilleur espoir d’arriver à résoudre ces problèmes et de les confronter. Les jeunes sont les leaders de demain et même d’aujourd’hui. J’en vois beaucoup s’impliquer dans leur communauté», expose-t-elle. Elle estime que ce qu’il est possible d’accomplir n’a rien à voir avec d’où on vient; il s’agit avant tout d’y croire. «Avec l’effort et la persévérance, on peut arriver à réaliser ses objectifs et ses rêves. La clé, c’est de travailler fort.»

Autre temps, autres mœurs? Pas tout à fait. Comme c’est coutume encore aujourd’hui, une amie lui avait laissé une note sur les pages de son album des finissants, qui se lisait comme suit: «Manon, je t’admire surtout pour ta persévérance, ta confiance en toi et ton autonomie. Je crois beaucoup en toi et j’espère que la vie te réservera les plus belles choses». Sa jeune collègue aura vu juste.