Philippe Martel, bénévole dans l’ombre

PERSONNALITÉ. La période des fêtes braque les projecteurs sur diverses causes impliquant une participation citoyenne. Certains n’hésitent pas à consacrer de leur temps libre pour appuyer celles qui leur sont chères. C’est le cas de Philippe Martel. Le septuagénaire, bien connu dans le milieu, s’investit bénévolement à La Maison Au Diapason dans le cadre de la campagne annuelle de vente de poinsettias.           

Le résident de Cowansville depuis un quart de siècle fait partie des nombreux bénévoles qui soutiennent la Maison Au Diapason, un établissement offrant des soins aux personnes en fin de vie et à leurs proches. Son engagement lui donne l’occasion d’échanger avec les gens qu’il croise au fil de ses «tournées» de sollicitation, une grande source de satisfaction pour ce bénévole, qui préfère travailler dans l’ombre, en toute discrétion.

Sept années se sont écoulées depuis les débuts de son implication avec Le Diapason. Le décès d’un ami en aura été l’élément déclencheur. «De permettre aux gens de vivre des derniers instants de qualité, pour moi, c’est primordial», signale-t-il. La maladie l’a frappé à deux reprises au milieu des années 2000, en plus d’emporter trois des membres de sa famille. «Disons qu’il y a eu un moment de sensibilisation important. C’était réel.» La vente de poinsettias aura par ailleurs permis d’amasser une somme record de 28 000$ cette année. Plus de 2850 pots de cette plante devenue un symbole de la période des fêtes ont trouvé preneurs.

M. Martel n’en a pas que pour cette cause. Il a, depuis sa retraite du domaine de l’enseignement, il y a un peu plus de 15 ans, distribué des heures de bénévolat sur plusieurs fronts, entre autres, au Centre d’action bénévole de Cowansville pendant huit ans. Il compte trois années d’implication chez Centraide comme représentant auprès des entreprises de Brome-Missisquoi et de Rouville. Il a également fait partie de la grande famille d’Opération Nez rouge pour sensibiliser les jeunes de secondaire 5 de Massey-Vanier aux dangers de l’alcool au volant, accompagné d’un policier et d’un avocat. «D’être porté vers les gens, je trouve ça toujours enrichissant. Mon épouse me dit que je suis mémère, mais disons que j’aime discuter avec les gens», confie-t-il entre deux éclats de rire. 

Chez Philippe Martel, le désir de s’impliquer ne date pas d’hier. Ses années comme pensionnaire au collège Bourget à Rigaud, où il a complété son cours classique, auront façonné son parcours. «On nous disait, vous avez reçu beaucoup et vous devrez donner beaucoup aussi. Ma façon de voir la société remonte à cette période.» N’empêche, le fait de cogner aux portes des gens pour solliciter des dons était loin d’être un scénario qu’il envisageait alors. «Si on m’avait dit un jour que c’est ce que je ferais, jamais au grand jamais je ne l’aurais cru, c’était aux antipodes de ce que je prévoyais».

La piqûre pour l’éducation…

C’est également lors de ses années collégiales qu’il développera une passion pour le monde de l’éducation, qui l’amènera dans la région dès l’âge de 21 ans, plus précisément à Sutton. «On m’a tout de suite adopté», se remémore-t-il. Pendant sept ans, il a été enseignant, notamment en biologie à Massey-Vanier. Il poursuivra sa carrière pendant 26 autres années comme directeur à la défunte école Pierre-Aubre de Bromont, à Saint-Édouard à Knowlton, à Curé-A.-Petit et à Massey-Vanier. «Mes années d’études avaient été pour moi un moment d’éblouissement. J’avais envie de transmettre cela, d’ouvrir les esprits et de satisfaire la curiosité des jeunes», ajoute M. Martel, pour expliquer son engagement dans le domaine de l’éducation.

Des milliers d’étudiants ont pris place sur les bancs de ces écoles. D’anciens collègues et élèves croisés dans les déplacements quotidiens n’hésitent pas à ressortir vieilles anecdotes et souvenirs lointains, partagés avec M. Martel dans un élan d’enthousiasme.

…et la politique

Son affection pour le «travail de terrain» s’exprime également dans la sphère politique. Le porte-à-porte n’a plus de secrets pour le septuagénaire, qui compte dix campagnes électorales pour le Parti québécois et pour le Bloc québécois à son actif. «Ça a élargi ma vision de la société, en plus de me permettre de parcourir un grand territoire.» Il a toutefois toujours décliné les offres de se présenter comme candidat. «Je n’ai jamais été carriériste en politique. Mon implication m’a permis d’élargir mon réseau et de connaître encore mieux ma région», laisse-t-il entendre.   

«Sa région», qu’il habite depuis 50 ans maintenant, suscite continuellement de la fierté chez lui. «Ce coin de pays, je l’ai sillonné de multiples fois, il y a plein d’endroits à faire découvrir. Tout le monde se connaît. C’est devenu mon lieu d’appartenance aussitôt que je suis arrivé.» Il est à même de constater que l’esprit communautaire est toujours là. «Les gens n’hésitent pas à se retrousser les manches et à se prendre en main.» La relève est certes attirée vers les grands centres urbains pour les études, observe-t-il, mais il se réjouit tout de même du bouillonnement provoqué par les jeunes générations. «Il y a de la relève, mais il n’y a pas une masse critique suffisamment importante pour les inciter à regagner leur patelin. Mais il y en a qui reviennent», note-t-il.

Philippe Martel ne s’inquiète pas outre mesure pour la suite des choses. «Il faut savoir se retirer, et comme la nature a horreur du vide, la place sera comblée». Ce n’est pas là un principe qu’il entend appliquer de sitôt. «Comme le disait un ami, ce qui est important, c’est de semer. Si ça tombe dans la bonne terre, ça va pousser, sinon ce n’est pas plus grave.» Voilà une maxime qui résume bien l’ensemble de son parcours.