Sophie Deraspe présente Le profil Amina à Cowansville

DOCUMENTAIRE. Son récent documentaire, «Le profil Amina», est salué par la critique. Sophie Deraspe sera au cinéma Princess à Cowansville, jeudi soir, pour le présenter et pour répondre aux questions du public.

En février, le JournalLeGuide.com annonçait que le Cinéma Princess amorçait un nouveau virage plus éducatif en ajoutant à sa programmation des ciné-rencontres.

Demain, la réalisatrice du documentaire Le profil Amina, présentement en tournée provinciale, s’arrête à Cowansville. Pour Sophie Deraspe, faire un film est un acte de prise de parole. Elle voit, dans ce type de rencontre, une façon de donner la parole au public.

«Je trouve très enrichissant que la rencontre se fasse dans les deux sens. Nos perspectives s’élargissent. Même que certaines personnes du public, par leurs interventions, questions, commentaires, élargissent les visions d’autres personnes», explique-t-elle.

Dans Le profil Amina, Sophie Deraspe remonte l’histoire de son amie, Sandra Bagaria, qui, en 2011, entretient une relation intime avec une Syrienne par le biais d’Internet. S’ensuit une histoire d’amour passionnelle. Quand Sandra Bagaria, Montréalaise d’origine française, n’a plus de nouvelles de sa correspondante Amina, elle s’inquiète et décide de partir à sa recherche.

«Je savais que je tenais une histoire forte, très actuelle, internationale, donc qui pouvait rejoindre un public de par le monde. Il fallait toutefois que je trouve le bon traitement», admet la cinéaste.

C’est finalement à travers une enquête, réalisée aux quatre coins de la planète par la protagoniste elle-même, et accompagnée par la cinéaste, que le documentaire a pris tout son sens.

Amina était censée être une Syrienne lesbienne qui habitait à Damas. Elle avait même un blogue baptisé A gay girl in Damas. Ce qui fit réagir les médias internationaux.

Ce que Sandra Bagaria finit par découvrir est que sa correspondante se nomme Tom MacMaster et est un américain de 40 ans.

Résilience

Le documentaire est ponctué de scènes de fiction pour montrer la relation amoureuse entre Sandra et Amina. Une relation teintée d’érotisme. Une relation qui, au final, s’avère humiliante.

«Je considère que j’ai reçu un cadeau immense lorsque Sandra m’a confié ses archives ainsi que toute sa confiance. Elle accepte qu’un film soit fait, sur son histoire, en sachant qu’elle est beaucoup plus complexe que ce que les médias en ont dit en de grandes lignes souvent sensationnalistes», note la réalisatrice du film de fiction Les loups.

Sandra Bagaria peut être perçue comme une personne naïve, mais c’est tout le contraire. Dans cette histoire, des gens éduqués, intelligents, informés et même des médias réputés ont été dupés.

Aujourd’hui, la protagoniste peut se dire réhabilitée. «Sans le savoir, le film a opéré comme un cheminement thérapeutique pour Sandra. Elle a repris le contrôle sur quelque chose qui lui a complètement échappé à un moment donné», confie Sophie Deraspe.

Maux de l’époque

Personne n’est à l’abri d’une histoire comme celle qu’a vécue Sandra Bagaria.

Réseaux sociaux, blogues, site Internet, chaînes de nouvelles en continue, l’information circule comme jamais en cette ère 2.0. Les médias sociaux sont là pour rester, estime la réalisatrice, et la clé pour éviter ce genre de situation demeure la vigilance.

«Il faut continuer à faire confiance, mais en exerçant une vigilance. Il faut faire attention à ce qu’on révèle, ce qu’on laisse comme trace. Dès lors où la relation devient engageante, il faut s’assurer de sa vérité et de sa réciprocité et cela nous ramène au réel et au tangible du face à face».  

En supplément, le film Les loups sera présenté les 24, 26 et 27 avril.