Un chien tiré à bout portant

Un berger australien croisé a été retrouvé inerte dans un fossé de Lac-Brome, le 24 février dernier, avec un trou béant derrière la tête, a appris JounalLeGuide.com. Dix jours plus tard, une radiographie révèle la présence d’une balle de fusil de calibre 0.22 dans la boîte crânienne de la bête qui prend du mieux. La Société protectrice des animaux (SPA) des Cantons enquête et une plainte de nature criminelle a été formulée à la Sûreté du Québec.

«C’est mon pire cas à date», lance Carl Girard, directeur de la SPA des Cantons. La bête, prénommée Orville par les employés de la SPA, a été trouvée par une dame, le 24 février dernier, dans un fossé du chemin Doucet à Lac-Brome. «Elle sortait ses deux chiens et ils se sont mis à japper vers la calvette. Elle est allée voir. Le chien était à moitié enseveli et ne réagissait pas. Elle pensait qu’il était mort. Elle l’a rentré dans son garage», raconte M. Girard. La dame a ensuite communiqué avec la municipalité qui a contacté la SPA. «C’est difficile de dire si ça faisait longtemps qu’il était là», enchaîne Carl Girard.

Orville a été paralysé pendant deux jours et un médicament intramusculaire lui a été administré pendant trois jours afin qu’un important hématome situé sur la tête du chien désenfle. «Ça lui a pris trois jours avant d’aller à la selle. On a attendu une semaine avant de le manipuler», poursuit l’éducateur canin.

Une balle dans la tête

«La première chose que la dame m’a dit à propos du chien, c’est qu’il a été tiré dans la tête», expose Carl Girard. Ce dernier refusait toutefois d’y croire et de sauter aux conclusions trop rapidement. Il a cependant dû se faire à l’idée. «Notre vétérinaire disait que son problème était neurologique, pas physique. Tout tendait dans cette direction.»

Une mobilisation s’est mise en branle sur Facebook afin de trouver un moyen peu dispendieux pour soumettre Orville à une radiographie. Des citoyens ont même ouvert la page «Help save Orville». «On nous avait soumis le nom d’un vétérinaire qui nous ferait la radio gratuitement à Laval, mais on n’a pas eu de nouvelles. Finalement, on a eu assez de dons pour permettre de défrayer les coûts de la radiographie», mentionne le directeur de la SPA.

Orville est passé sous le rayon X mardi avant-midi et cet examen a confirmé les pires craintes. «Il y a une balle où est-ce qu’il y a l’hématome. Elle a éclaté là et il y a des particules dans la boîte crânienne. À long terme, ça va lui coûter la vie, mais à court terme, le vétérinaire a indiqué qu’il n’y avait pas de problème», ajoute M. Girard. Le projectile n’aurait pas atteint le cerveau. Pour l’instant, Orville se rétablit dans les locaux de la SPA. Il obtient même des privilèges! «On lui a fait un parc dans la grande salle pour la nuit, mais dès qu’on arrive le matin, il est libre. Il passe la journée avec moi dans mon bureau. Il se couche à terre», témoigne M. Girard.

Ce dernier a ouvert une enquête et une plainte a également été formulée auprès de la Sûreté du Québec.

Le geste d’un agriculteur?

Sans montrer du doigt personne, Carl Girard soupçonne un agriculteur d’être derrière ce geste. «La technique utilisée, qui consiste à tirer derrière l’oreille du bétail, me fait penser à celle d’un cultivateur. Mais il y a autant de possibilités qu’il y a de gens sur terre, dit-il. Je trouve ça dégueulasse.»

Mais ce qu’il le laisse encore plus perplexe, c’est le fait que la bête ait été abandonnée. «Ce que je trouve le plus drôle, c’est qu’Orville ait été trouvé dans un fossé. Malgré certaines techniques discutables, les cultivateurs ont un respect pour les animaux. Ils n’auraient pas laissé un chien pour mort comme ce fut le cas ici.»

Différents comportements d’Orville donnent aussi des indices quant à sa provenance. «Il ne sait pas demander la porte. Il est infesté de vers et a un poil d’hiver, énumère Carl Girard. C’est un chien négligé. Il est craintif.» Son âge est évalué à deux ans.

Cette histoire n’est pas sans rappeler le dossier de Normand Girard. Accusé d’avoir enfoncé des clous dans la tête et le corps de deux chiens avant de les abandonner dans un fossé du chemin Stagecoach à Lac-Brome, en décembre 2010, Normand Girard a évité la prison. Le juge François Marchand l’a condamné en février 2012 à effectuer 150 heures de travaux communautaires et à remettre 2000 $ à un organisme voué à la protection des animaux.