Changements climatiques : la canicule sans précédent au Royaume-Uni sonne l’alarme

LONDRES — La canicule sans précédent qui déferle sur le Royaume-Uni depuis quelques jours exerce une pression énorme sur le gouvernement britannique afin de s’adapter aux changements climatiques, au lendemain de la journée la plus occupée qu’aient connue les pompiers londoniens depuis la pluie de bombes de la Deuxième Guerre mondiale.

Le pays a obtenu mercredi un répit du temps sec et chaud qui frappe l’Europe quand une masse d’air plus frais est arrivée de l’ouest. Les météorologues prédisaient un maximum de 26 degrés Celsius à Londres, comparativement au record de 40,3℃ établi la veille à Coningsby, dans l’est de l’Angleterre.

Malgré cela, les déplacements étaient perturbés pour une troisième journée alors que les transporteurs ferroviaires réparaient les dommages causés par la chaleur et que les pompiers s’affairaient à finir d’éteindre les incendies de mardi.

Le Royaume-Uni doit se préparer à d’autres canicules du genre dans le futur, puisque les émissions polluantes d’origine humaine ont déjà modifié le climat, a prévenu le patron de l’agence météorologique nationale, le Met Office, le professeur Stephen Belcher. Seule une réduction agressive de ces émissions réduira la fréquence de tels événements, a-t-il ajouté.

«Tout est encore en jeu, mais nous devrions nous adapter au type d’événement que nous avons vu hier», a dit M. Belcher sur les ondes de la BBC britannique.

Les climatologues sont stupéfaits de la rapidité de la hausse des températures au Royaume-Uni au cours des dernières années et de l’ampleur du territoire touché par les événements de cette semaine. Mardi, le record précédent de chaleur (37,8℃, établi en 2019) a été battu à 39 endroits à travers le pays.

La canicule a matraqué un pays où les maisons, les écoles et les petites entreprises climatisées sont rares, et où des infrastructures comme le rail, les autoroutes et les aéroports ne sont pas équipées pour affronter une telle chaleur.

Treize personnes, dont sept adolescents, se sont apparemment noyées en essayant de se rafraîchir dans les cours d’eau du pays.

Quinze services d’incendie ont déclaré des incidents majeurs et plus de 60 propriétés ont été détruites à travers le pays mardi, a révélé le ministre Kit Malthouse à la Chambre des communes.

Un des plus gros incendies s’est déclaré à Wennington, un village de la banlieue est de Londres où une rangée de maisons a été perdue quand des flammes ont déferlé dans les champs desséchés voisins.

Les pompiers de Londres ont reçu mardi quelque 2600 appels, comparativement à une moyenne quotidienne d’environ 350, a dit le maire de la métropole, Sadiq Khan, qui a ensuite précisé qu’il s’agissait de la journée la plus occupée pour le service d’incendie depuis la Deuxième Guerre mondiale.

En dépit du temps plus frais de mardi, le risque d’incendie demeure élevé parce que le temps chaud et sec a desséché les champs qui entourent la ville, a prévenu M. Khan.

«Quand le feu éclate, il se propage incroyablement rapidement, comme les feux de forêt qu’on voit dans les films ou les incendies en Californie ou dans certaines régions de la France», a dit M. Khan à la BBC.

Phil Gerigan, du Conseil national des chefs de service d’incendie, a décrit les feux de forêt comme une menace émergente associée aux changements climatiques qui met à l’épreuve les capacités des services d’incendie.

Le Royaume-Uni pourrait devoir accroître les moyens dont il dispose pour les combattre, par exemple en ajoutant des avions-citernes et des hélicoptères, a-t-il dit à la BBC.

Quelques perturbations aux déplacements persistaient au Royaume-Uni. Le principal lien ferroviaire entre Londres et Édimbourg était toujours fermé pendant qu’on s’affairait à réparer les dommages causés par la chaleur.

Les incendies de forêt continuent à faire des ravages à travers l’Europe. Quelque 500 pompiers appuyés par des hélicoptères combattaient mercredi un incendie énorme qui menaçait les banlieues dans les collines près d’Athènes pour une deuxième journée de suite.

Un responsable a assuré que le sinistre est essentiellement sous contrôle, en dépit de vents de 80 kilomètres/heure. Un deuxième incendie a toutefois éclaté dans les collines de la ville de Megara, à 40 kilomètres vers l’ouest.

Plusieurs maisons ont déjà été détruites près du mont Penteli, à 25 kilomètres au nord-est d’Athènes. Au moins deux personnes ont été hospitalisées après avoir été incommodées par la fumée ou pour des brûlures mineures. Quelque 600 autres ont été évacuées.

Un répit de la chaleur a entraîné une amélioration de la situation en France, en Espagne et au Portugal, où les pompiers combattent les flammes sans relâche depuis plusieurs jours.

Les incendies qui brûlent en France ont jusqu’à présent détruit 25 % plus de terrain qu’à pareille date l’an dernier, a annoncé le gouvernement mercredi.

Le ministère portugais de la Santé a témoigné mercredi d’un taux de mortalité excessive de 1065 décès entre les 7 et 18 juillet. Les responsables blâment la chaleur et préviennent que d’autres pertes de vie sont probables au cours des prochains jours avec le retour de la chaleur.