Début d’une réunion du G20 dans un région contestée de l’Inde

SRINAGAR, Inde — Des délégués du Groupe des 20 nations sont arrivés lundi au Cachemire sous contrôle indien pour participer à une rencontre sur le tourisme, un événement condamné par la Chine et le Pakistan.

La réunion prévue est le premier événement international important au Cachemire depuis que New Delhi a privé la région à majorité musulmane de sa semi-autonomie en 2019. Les autorités indiennes espèrent que le rassemblement montrera que les changements controversés ont apporté «la paix et la prospérité» dans la région.

Les délégués discuteront de sujets tels que le tourisme vert et la gestion des destinations. Des événements parallèles sur l’écotourisme et le rôle des films dans la promotion des destinations touristiques sont également prévus au programme.

Lundi, la principale ville de la région, Srinagar, est apparue calme et les routes jamais aussi propres. La plupart des points de contrôle de sécurité ont été retirés ou camouflés avec des postes de sécurité en forme de cabine constitués de panneaux de signalisation du G20 derrière lesquels se tenaient des responsables de la sécurité.

Les mesures de lundi contrastaient fortement avec la sécurité imposée dans les jours précédant l’événement.

«Nous sommes en train d’organiser une réunion unique en son genre», a affirmé le coordonnateur en chef de l’Inde pour le G20, Harshvardhan Shringla, dimanche.

Il a précisé que l’événement compterait la plus forte représentation de délégués étrangers par rapport aux précédentes réunions sur le tourisme organisées par l’Inde dans les États du Bengale occidental et du Gujarat au début de l’année.

«Violations massives des droits humains»

La semaine dernière, le rapporteur spécial de l’ONU sur les questions relatives aux minorités, Fernand de Varennes, a fait valoir que la réunion soutiendrait une «façade de normalité» alors que «des violations massives des droits humains» se poursuivent dans la région. La mission de l’Inde auprès de l’ONU à Genève a rejeté la déclaration comme étant «sans fondement» et des «allégations injustifiées».

Le secrétaire indien au tourisme, Arvind Singh, a déclaré aux journalistes samedi que la réunion «n’était pas seulement pour montrer le potentiel touristique (du Cachemire), mais aussi pour signaler à l’échelle mondiale le rétablissement de la stabilité et de la normalité dans la région».

La Chine, avec laquelle l’Inde est engagée dans une impasse militaire le long de la frontière, en grande partie non marquée, dans la région du Ladakh, a boycotté l’événement. Le Pakistan, qui contrôle une partie du Cachemire, mais qui, comme l’Inde, revendique l’intégralité du territoire, a également critiqué New Delhi pour avoir organisé la réunion à Srinagar.

Les deux pays ont fait valoir que de telles réunions ne pouvaient se tenir dans des territoires contestés.

L’Inde a rejeté les critiques du Pakistan, affirmant que ce pays n’est même pas membre du G20.

La région reste l’un des territoires les plus militarisés au monde, avec des centaines de milliers de soldats indiens. En 1989, une violente insurrection séparatiste a éclaté dans la région dans le but d’obtenir l’indépendance ou une fusion avec le Pakistan. L’Inde a répondu par une contre-insurrection brutale et des dizaines de milliers de civils, de soldats et de rebelles ont été tués dans le conflit.

La répression indienne s’est intensifiée après 2019 lorsque New Delhi a pris la région sous son contrôle direct. Depuis lors, les habitants du territoire et ses médias ont été largement réduits au silence. Les autorités ont saisi des dizaines de maisons et arrêté des centaines de personnes en vertu de lois antiterroristes strictes. Le gouvernement affirme que de telles actions sont nécessaires pour arrêter ce qu’il appelle un «écosystème terroriste».

Les autorités ont également adopté de nouvelles lois dont les détracteurs et de nombreux Cachemiriens craignent qu’elles ne transforment la démographie de la région.

L’Inde promeut le tourisme au Cachemire en signe de paix depuis la décision de 2019. Des millions de visiteurs arrivent au Cachemire chaque année et profitent d’une étrange paix maintenue par des points de contrôle de sécurité omniprésents, des véhicules blindés et des soldats en patrouille.

Cependant, le pilier de l’économie du Cachemire reste l’agriculture et l’industrie du tourisme ne contribue qu’à environ 7% au PIB de la région.

Le G20, qui regroupe les plus grandes économies du monde, a une présidence tournante, un membre différent fixant les priorités chaque année. L’Inde dirigera le groupe en 2023.