Étude: 15M de personnes seraient menacées par les inondations glaciaires

Au moment où les glaciers fondent et déversent des quantités inimaginables d’eau dans les lacs voisins, quelque 15 millions de personnes à travers le monde sont menacées par des inondations soudaines, prévient une nouvelle étude.

Plus de la moitié de ceux qui sont menacés par la crue subite d’un lac glaciaire habitent quatre pays: l’Inde, le Pakistan, le Pérou et la Chine, selon l’étude publiée mardi par le journal scientifique Nature Communications.

Une deuxième étude, qui attend celle-là d’être publiée dans un journal revu par les pairs, recense quant à elle environ 150 événements du genre dans le passé.

Environ un million de personnes vivent dans un rayon de dix kilomètres d’un lac alimenté par un glacier, selon l’étude.

Une inondation dévastatrice survenue au Pérou en 1941 a fait entre 1800 et 6000 morts. En 2020, la crue subite d’un lac glaciaire de la Colombie-Britannique a donné naissance à un tsunami d’une hauteur de cent mètres, sans faire de victimes. En 2017, une crue subite provoquée par un glissement de terrain au Népal a été filmée par des alpinistes allemands.

Pour le moment, disent les chercheurs, le réchauffement de la planète ne semble pas rendre ces crues plus fréquentes, mais la fonte des glaciers sous l’effet de la chaleur gonfle les lacs, les rendant plus dangereux si jamais ils devaient céder.

«Dans le passé nous avons eu des crues subites d’un lac glaciaire qui ont fait plusieurs milliers de morts lors d’une seule inondation catastrophique, a dit le co-auteur de l’étude, le professeur Tom Robinson de l’Université de Canterbury en Nouvelle-Zélande. Et avec les changements climatiques, les glaciers fondent et les lacs deviennent plus gros, et potentiellement plus instables.»

Dan Shugar, un géoscientifique de l’Université de Calgary qui n’a pas participé aux deux études, a dit que l’ampleur de la menace dépend essentiellement du nombre de gens qui habitent dans la zone inondable autour du lac.

«Dans un monde qui se réchauffe, nous anticipons certainement des lacs glaciaires plus nombreux et plus gros, a-t-il dit par courriel. Mais la menace que présentent ces lacs dépend de manière critique de l’endroit où vivent les gens et de leurs vulnérabilités.»

Cette étude, a dit M. Robinson, se distingue par le fait qu’elle est la première à prendre en compte le climat, la géographie, la population, la vulnérabilité et tous ces facteurs pour obtenir un «bon aperçu d’où dans le monde se trouvent les endroits les plus dangereux» pour les 1089 bassins glaciaires.

On retrouve au sommet de la liste le bassin pakistanais de Khyber Pakhtunkhwa, au nord d’Islamabad, mais trois bassins nord-américains sont aussi jugés préoccupants, même s’ils menacent peu d’humains: dans la péninsule alaskienne de Kenai, dans le nord-est de l’État de Washington et dans le centre-ouest de la Colombie-Britannique.