Le Parlement de l’Ouganda adopte une loi anti-LGBTQ extrêmement répressive

KAMPALA, Ouganda — Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme exhorte le président ougandais, Yoweri Museveni, à bloquer une loi anti-LGBTQ qui prévoit des peines sévères pour certaines «infractions homosexuelles», y compris la mort et la réclusion à perpétuité.

Dans un communiqué publié mercredi, Volker Turk a qualifié d’«évolution profondément troublante» l’adoption de ce «projet de loi discriminatoire». Il a estimé qu’il s’agissait probablement de l’une des pires lois du genre dans le monde.

La législature ougandaise a adopté le projet de loi mardi soir lors d’une session plénière prolongée, au cours de laquelle des modifications de dernière minute ont été apportées. 

Le projet de loi prévoyait à l’origine des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison pour les «délits homosexuels». Dans la version votée par les législateurs, le délit «d’homosexualité aggravée» est désormais passible de la peine de mort en Ouganda. 

L’«homosexualité aggravée» s’applique dans les cas de relations sexuelles impliquant des personnes infectées par le VIH, des mineurs et d’autres personnes vulnérables.

En vertu du projet de loi adopté mardi, un suspect reconnu coupable de «tentative d’homosexualité aggravée» peut être emprisonné pendant 14 ans, et le délit de «tentative d’homosexualité» est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans.

Le délit d’«homosexualité» est passible quant à lui de la réclusion à perpétuité — la même peine prévue dans un code pénal de l’époque coloniale britannique qui criminalisait les «actes charnels contraires à l’ordre naturel».

Le premier ministre Justin Trudeau a affirmé mercredi que le Canada condamnait la loi anti-LGBTQ du gouvernement ougandais. 

«C’est une attaque frontale contre les droits fondamentaux des personnes de la communauté LGBTQ en Ouganda. (…) Nous appelons tous les leaders à travers le monde, particulièrement les leaders du  Commonwealth à condamner ce projet de loi et de se tenir allié de la communauté LGBTQ», a déclaré M. Trudeau.

Le projet de loi avait été présenté le mois dernier par un député de l’opposition qui a déclaré que son objectif était de punir «la promotion, le recrutement et le financement» liés aux activités LGBTQ dans ce pays d’Afrique de l’Est où les homosexuels sont largement décriés.

Le texte de loi est maintenant entre les mains du président Museveni, qui peut y mettre son veto ou le signer. Le président a récemment suggéré dans un discours qu’il soutenait cette législation, accusant des nations occidentales, sans les nommer, d’«essayer d’imposer leurs pratiques à d’autres».

«Si elle est promulguée par le président, elle fera des personnes lesbiennes, gays et bisexuelles en Ouganda des criminels simplement pour exister, pour être ce qu’elles sont», a déclaré mercredi le haut-commissaire Turk. «Cela pourrait donner carte blanche pour la violation systématique de la quasi-totalité de leurs droits humains et sert à monter les gens les uns contre les autres.»

L’homophobie en Ouganda s’est accrue ces dernières semaines au milieu d’allégations de sodomie dans des pensionnats, dont un établissement prestigieux pour garçons où un parent a accusé un enseignant d’avoir agressé son fils. Les autorités enquêtent sur cette affaire.

La récente décision de l’Église d’Angleterre de bénir les mariages civils des couples de même sexe en a également enflammé plusieurs, y compris certains qui considèrent l’homosexualité comme importée de l’étranger.

L’homosexualité est criminelle dans plus de 30 des 54 pays africains.