Les forces russes traquent les auteurs d’un raid

KYIV, Ukraine — Les troupes russes et les forces de sécurité combattaient mardi, pour une deuxième journée de suite, un raid transfrontalier présumé que Moscou a attribué à des saboteurs militaires ukrainiens, mais que Kyiv a dépeint comme un soulèvement contre le Kremlin par des partisans russes.

Vyacheslav Gladkov, le gouverneur de la région de Belgorod, à la frontière de l’Ukraine, a déclaré que les forces continuaient à ratisser la zone rurale autour de la ville de Graivoron, où l’attaque présumée de lundi a eu lieu. Douze civils ont été blessés lors de l’attaque, et une femme âgée est décédée lors de l’évacuation.

M. Gladkov a exhorté les habitants de la zone qui ont été évacués à rester sur place et à ne pas revenir chez eux pour l’instant. «Nous vous ferons savoir immédiatement (…) lorsque la situation sera sûre, a déclaré M. Gladkov. Les agences de sécurité prennent toutes les mesures nécessaires. Nous attendons la fin de l’opération antiterroriste.»

Il a été impossible de vérifier de manière indépendante qui était derrière l’attaque ou quels étaient ses objectifs. La désinformation a été l’une des armes de cette guerre qui dure depuis près de 15 mois.

Si ce n’est pas la première fois que la Russie allègue une incursion de saboteurs ukrainiens, c’est la première fois que l’opération visant à contrer le raid se poursuit pendant une deuxième journée, ce qui met en évidence les difficultés auxquelles Moscou est confronté dans le cadre de son invasion enlisée de l’Ukraine et met le Kremlin dans l’embarras. Le territoire russe et les zones de l’Ukraine occupées par la Russie ont également été touchés par des drones et des explosions qui ont fait dérailler des trains, bien que les responsables de Kyiv rejettent les accusations de les avoir orchestrées.

L’Ukraine a déclaré que des citoyens russes appartenant à des groupes obscurs se réclamant du Corps des volontaires russes et de la Légion «Liberté de la Russie» étaient à l’origine de l’assaut.

Des dissidents russes mécontents de la politique du président russe Vladimir Poutine sont à l’origine de l’assaut, a assuré mardi la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar.

«Il s’agit de patriotes russes, au sens où nous l’entendons. Ce sont des gens qui se sont rebellés contre le régime de Poutine», a-t-elle lancé.

La Légion «Liberté de la Russie» a affirmé mardi sur sa chaîne Telegram que les deux groupes opéraient toujours dans la région de Belgorod et avaient pour objectif de «libérer» la région.

Les autorités de Belgorod ont annoncé au début de l’année avoir dépensé près de 116 millions d’euros en fortifications pour protéger la région d’une incursion pendant la guerre.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dit que ce raid «suscitait de vives inquiétudes» et qu’il fallait «redoubler d’efforts» pour empêcher de tels raids à l’avenir.

M. Peskov a refusé de dire combien d’assaillants étaient impliqués dans l’assaut et n’a pas voulu commenter les raisons pour lesquelles les efforts déployés pour mettre fin aux attaques prennent autant de temps. Lors d’une conférence téléphonique avec les journalistes mardi, il a redirigé ces questions vers le ministère russe de la Défense et le service fédéral de sécurité (FSB).

Le ministère britannique de la Défense a déclaré que les forces de sécurité russes combattaient «très probablement» des partisans dans au moins trois endroits de Belgorod.

«La Russie est confrontée à une menace de sécurité multi-domaine de plus en plus sérieuse dans ses régions frontalières, avec des pertes d’avions de combat, des attaques d’engins explosifs improvisés sur les lignes ferroviaires, et maintenant des actions partisanes directes», a déclaré le ministère mardi sur Twitter.

Le Comité d’enquête de la Russie, la plus haute instance policière du pays, a annoncé l’ouverture d’une enquête pour terrorisme présumé et tentative de meurtre en rapport avec l’incident.

Outre l’incursion présumée, M. Gladkov a fait état de plusieurs attaques de drones contre Graivoron et d’autres localités de la région de Belgorod dans la nuit de lundi à mardi. Ces attaques n’ont pas fait de victimes, mais ont endommagé des bâtiments et provoqué un incendie. Mardi matin, deux autres drones ont été abattus par les systèmes de défense aérienne de la région.

M. Gladkov a d’abord rapporté lundi après-midi qu’un groupe de saboteurs des forces armées ukrainiennes était entré à Graivoron, une ville située à environ cinq kilomètres de la frontière avec l’Ukraine. La ville a également été la cible de tirs d’artillerie ukrainiens.

Il a ensuite annoncé une opération antiterroriste dans la région et déclaré que les autorités imposaient des contrôles spéciaux, notamment des vérifications de documents personnels, et arrêtaient le travail des entreprises qui utilisent des «explosifs, des substances radioactives, chimiques et biologiques dangereuses».

Le Corps des volontaires russes a affirmé avoir franchi la frontière au début du mois de mars. Ce groupe clandestin se décrit comme une «formation de volontaires combattant aux côtés de l’Ukraine». On sait peu de choses sur ce groupe et on ignore s’il a des liens avec l’armée ukrainienne. Il en va de même pour la Légion «Liberté de la Russie».

La région de Belgorod, dans le sud-ouest de la Russie, tout comme la région voisine de Briansk et plusieurs autres zones, a été témoin de débordements sporadiques de la guerre, ses villes et villages frontaliers étant régulièrement la cible de bombardements et d’attaques de drones.

Ailleurs, les forces ukrainiennes ont fait des progrès mineurs contre les forces russes à la périphérie de Bakhmout, la ville de l’est de l’Ukraine que Moscou prétend avoir capturée, selon Mme Maliar, la vice-ministre ukrainienne de la Défense.

Elle a déclaré mardi que les troupes ukrainiennes contrôlaient toujours la périphérie sud-ouest de la ville et que les combats se poursuivaient dans les banlieues, sur les flancs de la Russie.

Les chefs militaires ukrainiens affirment que les combats à Bakhmout ne sont pas terminés.