L’Ukraine dénonce les «doubles frappes» de la Russie pour viser des secouristes

KYÏV, Ukraine — Les responsables ukrainiens ont accusé mardi les forces du Kremlin de cibler les secouristes du pays, alors que le nombre de morts lié à deux frappes de missiles russes qui ont percuté des immeubles résidentiels dans le centre-ville d’une ville ukrainienne est passé à sept.

Les victimes des frappes survenues lundi soir dans la ville de Pokrovsk étaient cinq civils, un sauveteur et un soldat, a indiqué le gouverneur de Donetsk, Pavlo Kyrylenko.

Des dizaines d’autres personnes ont été blessées, pour la plupart des policiers, des secouristes et des soldats qui s’étaient précipités sur les lieux pour aider les habitants.

Les missiles russes ont percuté le centre de Pokrovsk, une ville qui se trouve dans la région de Donetsk et qui est partiellement occupée par la Russie. Les équipes d’urgence retiraient toujours des décombres sur les lieux mardi.

Les missiles Iskander, qui disposent d’un système de guidage avancé qui augmente leur précision, ont frappé à moins de 40 minutes d’intervalle, selon M. Kyrylenko.

Depuis le début de la guerre, la Russie a souvent lancé une deuxième vague de missiles exactement au même endroit où elle avait frappé environ 30 minutes plus tôt, touchant souvent les secouristes qui s’étaient déployés sur les lieux.

C’est une tactique, appelée «double frappe» dans le jargon militaire, que les Russes ont également utilisée pendant la guerre civile en Syrie.

«Les policiers étaient là parce qu’ils devaient sauver les gens après la première frappe», a souligné mardi le chef de la police nationale ukrainienne, Ivan Vyhivskyi. «Ils savaient qu’il y avait des blessés sous les décombres et ils devaient réagir, creuser, pour les sauver. Et l’ennemi a délibérément frappé une deuxième fois.»

Le ministère russe de la Défense a affirmé qu’il avait touché un poste de commandement de l’armée ukrainienne à Pokrovsk. Les affirmations d’aucune des parties n’ont pu être vérifiées de manière indépendante.

Parmi les blessés figurait Volodymyr Nikouline, un policier originaire de la ville portuaire de Marioupol, désormais occupée par la Russie.

Arrivé sur les lieux après la première frappe de missile, M. Nikouline a été blessé lors de la deuxième frappe quand des éclats de missile ont percé son poumon gauche et sa main gauche.

Comme d’autres blessés, M. Nikouline a été transporté vers un hôpital, mais il y avait tellement de blessés qu’il attendait toujours d’être opéré mardi matin.

Il a ensuite été transporté vers un hôpital de Dnipro, où il devait subir une intervention chirurgicale pour retirer les éclats d’obus.

M. Nikouline a déjà été témoin de certaines des horreurs de la guerre. Il a aidé une équipe de l’Associated Press à s’échapper après que les troupes russes qui avaient assiégé la ville soient entrées dans le centre-ville et les aient traqués.

M. Kyrylenko, le gouverneur régional, a précisé que 12 bâtiments à plusieurs étages avaient été endommagés à Pokrovsk, tout comme un hôtel, une pharmacie, deux commerces et deux cafés.

Des missiles, des drones et de l’artillerie russes ont frappé à plusieurs reprises des zones civiles pendant la guerre. Le Kremlin affirme que ses forces ne ciblent que des actifs militaires et que les autres dommages sont causés par des débris d’armes de défense aérienne ukrainiennes.

Pendant ce temps, une attaque survenue pendant la nuit de lundi à mardi contre le village de Kruhliakivka, dans la région de Kharkiv, a coûté la vie à trois personnes et en a blessé neuf autres.

La Russie a également largué quatre missiles guidés sur un village près de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, tuant deux civils, a indiqué le bureau présidentiel ukrainien.

Les sauveteurs ont ensuite essuyé des tirs et deux d’entre eux ont été blessés, a-t-on ajouté.