Carney appelle à la désescalade après les frappes sur les sites nucléaires iraniens

OTTAWA — Le premier ministre Mark Carney a appelé dimanche à la désescalade après les frappes américaines contre trois sites nucléaires iraniens, plus tôt dans la journée.
Peu avant 8 h (heure de l’Est), M. Carney a publié un message sur les réseaux sociaux affirmant que l’intervention militaire américaine visait à «atténuer» les menaces posées par l’Iran, mais que la situation au Moyen-Orient demeurait «extrêmement instable».
«La stabilité dans la région est une priorité, a expliqué M. Carney sur le réseau social X. Le Canada appelle les parties à retourner immédiatement à la table des négociations et à trouver une solution diplomatique pour mettre fin à cette crise.»
L’intervention militaire associe les États-Unis aux efforts d’Israël pour saboter le programme nucléaire iranien et aggrave les craintes d’une escalade du conflit.
La réaction internationale aux frappes américaines de dimanche a largement fait écho aux appels à la diplomatie, même si de nombreux pays ont également souligné les dangers du programme nucléaire de Téhéran.
Dans son message, Mark Carney a ajouté que les ambitions nucléaires iraniennes constituent une menace pour la sécurité internationale et a réitéré la position du Canada selon laquelle l’Iran ne doit jamais être autorisé à développer l’arme nucléaire.
Mark Carney a cité une déclaration des dirigeants du G7 à l’issue du sommet tenu en Alberta la semaine dernière, selon laquelle la solution à la crise iranienne devrait passer par une désescalade plus large des conflits au Moyen-Orient, y compris un cessez-le-feu à Gaza.
S’adressant à la nation depuis la Maison-Blanche après les frappes, le président américain Donald Trump a affirmé que les principaux sites nucléaires iraniens avaient été «complètement et entièrement détruits». Aucune évaluation indépendante des dommages n’a été réalisée.
On ne sait pas si les États-Unis continueront d’attaquer l’Iran aux côtés de leur allié Israël, engagé dans une guerre de neuf jours contre l’Iran. Israël reste également en conflit avec le Hamas, un allié du régime iranien.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a averti dans une publication sur X que les attaques américaines «auraient des conséquences durables» et que Téhéran «se réserve toutes les options» pour riposter.
L’Associated Press a rapporté que l’Iran avait tiré une nouvelle salve de missiles sur Israël dans les heures qui ont suivi les frappes américaines, détruisant des immeubles d’habitation et des maisons dans trois villes et blessant au moins 23 personnes.
Dans sa propre publication sur les réseaux sociaux dimanche, la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a rappelé aux Canadiens de la région de s’inscrire auprès d’Affaires mondiales Canada pour recevoir des informations spécifiques à chaque pays, notamment sur les options de voyage disponibles.
Affaires mondiales Canada a indiqué que, bien que l’espace aérien iranien soit fermé en raison du conflit, les postes frontaliers terrestres vers la Turquie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan constituent des options possibles pour les Canadiens qui tentent de quitter l’Iran.
Il est conseillé aux Canadiens en Israël, à Gaza, en Cisjordanie et en Iran de «se tenir à proximité d’un abri antiaérien ou d’une structure renforcée, loin des fenêtres», peut-on lire sur le site internet d’Affaires mondiales Canada.
Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, dit espérer un soulèvement du peuple iranien
«Permettre au régime génocidaire iranien de se doter de l’arme nucléaire aurait été irresponsable. Les actions américaines et israéliennes pour l’en empêcher sont entièrement justifiées», a-t-il dit dans un message publié sur X.
M. Poilievre a appelé le gouvernement à protéger les Canadiens contre la violence qui se propage dans nos communautés au pays et contre les tentatives de l’Iran d’intimider les communautés juive et persane du Canada.
Il a également déclaré espérer que le peuple iranien «se soulèvera et mettra fin à ce régime effroyable afin que le peuple puisse vivre en liberté et que le monde puisse vivre en paix».
Le Canada n’a pas appelé à un changement de régime en Iran, mais n’entretient pas de relations diplomatiques avec ce pays. Le premier ministre de l’époque, Stephen Harper, a fermé l’ambassade du Canada à Téhéran en 2012.
Le Canada a inscrit le Corps des gardiens de la révolution iranienne sur la liste des entités terroristes il y a un an et a imposé des sanctions à des centaines de personnes et d’entités en Iran pour violations des droits de la personne et tentatives de déstabilisation de la paix mondiale.
En janvier, la juge Marie-Josée Hogue a écrit dans son rapport final sur l’Enquête publique sur l’ingérence étrangère que l’Iran n’a jamais été un «acteur important de l’ingérence étrangère» dans la démocratie canadienne.
Elle a écrit que l’Iran s’appuie plutôt sur des campagnes de répression transnationales pour empêcher toute critique de son gouvernement.
Le Service canadien du renseignement de sécurité a affirmé dans son rapport annuel 2024 publié la semaine dernière que l’Iran est susceptible d’utiliser des intermédiaires pour cibler des ennemis perçus et vivant dans des États étrangers, dont le Canada.
«Les activités liées à la menace iranienne visant le Canada et ses alliés devraient se poursuivre en 2025 et pourraient s’intensifier en fonction de l’évolution de la situation au Moyen-Orient et des perceptions de menace du régime iranien», peut-on lire dans le rapport.
Mark Carney et Anita Anand se rendent en Europe dimanche pour un voyage dominé par des discussions sur la sécurité et la défense lors des sommets de l’Union européenne et de l’OTAN.
— avec des informations de Dylan Robertson et de l’Associated Press