Chrystia Freeland promet un budget axé sur l’aide ciblée et l’économie verte

Les Canadiens ne doivent pas s’attendre à recevoir des chèques ou des baisses d’impôt généralisées pour contrer l’effet de l’inflation dans le budget fédéral qui sera déposé mardi prochain.

De passage à Québec, mercredi, la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, a averti que «notre capacité de dépenser n’est pas infinie».

«On ne peut pas couvrir tous les coûts que chaque Canadien doit assumer à cause de l’inflation ou de la hausse des taux d’intérêt. Agir de la sorte ne ferait qu’aggraver l’inflation et augmenter les taux d’intérêt encore plus longtemps.»

Pas d’huile sur le feu

«C’est un des principaux objectifs du budget de cette année: ne pas jeter de l’huile sur le feu de l’inflation», a dit Mme Freeland.

Plutôt, Ottawa visera les citoyens les plus mal en point: «On aura dans le budget des mesures ciblées pour aider les moins nantis et, en même temps, on aura une politique responsable du côté fiscal.»

De l’argent pour la transition

Le gouvernement Trudeau prévoit tout de même puiser dans le trésor public afin de réaliser «des investissements importants dans l’économie verte», selon la vice-première ministre. Elle affirme que l’économie mondiale arrive à un moment charnière historique, aussi important que la révolution industrielle et que le Canada ne peut pas simplement regarder passer le train.

«Aujourd’hui et dans les années à venir, le Canada pourra soit saisir ce moment historique, cette occasion sans précédent qui s’offre à lui, soit se laisser distancer par les démocraties du monde entier qui ont choisi de bâtir l’économie propre du 21e siècle.»

Subventions aux énergies fossiles

Mme Freeland a été appelée à s’avancer sur l’engagement réel du Canada face à cette transition énergétique lorsqu’on lui a demandé si son budget répondait à l’engagement de son collègue de l’Environnement, Steven Guilbeault, de cesser complètement de subventionner les énergies fossiles d’ici le milieu de 2023. Sa réponse laissait entendre qu’elle avait des réserves importantes: «On a pris des engagements et on va faire ce qu’on a promis, mais je veux dire aussi concernant nos ressources naturelles. C’est aussi important de comprendre qu’aujourd’hui le monde a besoin des ressources naturelles du Canada.»

Elle n’a pas manqué de rappeler que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, «a souligné l’importance des ressources naturelles du Canada, surtout du gaz naturel, pour le monde aujourd’hui», lors de sa visite au pays il y a un peu plus d’une semaine.

Elle a mis l’accent sur le «grand, grand défi auquel nos alliés européens ont fait face cet hiver», eux qui ont dû se priver du gaz naturel russe en raison de la guerre en Ukraine.

«(Il est) très important pour nous d’investir dans la transition verte, mais on a aussi une responsabilité d’aider nos alliés et c’est ce que le Canada est en train de faire aussi», a-t-elle déclaré, laissant ainsi planer un doute sur la réalisation de la promesse de son collègue à l’Environnement.