CHSLD Herron: le courriel de la sous-ministre aux Aînés «rassurant», insiste Legault

QUÉBEC — Le courriel d’une sous-ministre aux Aînés intitulé «URGENT: Situation CHSLD Herron Ouest Montréal» contenait aussi un aspect «rassurant», soutient François Legault.

Le premier ministre est revenu mardi, en mêlée de presse à l’Assemblée nationale, sur l’éclosion au CHSLD Herron qui a fait 47 morts lors de la première vague de la pandémie.

Il a été appelé à commenter le courriel de la sous-ministre adjointe aux Aînés, Natalie Rosebush, déposé en preuve à la coroner le 28 janvier dernier et déterré mardi par Radio-Canada.

«Bien sûr, Mme (la ministre des Aînés, Marguerite) Blais, Mme (l’ex-ministre de la Santé, Danielle) McCann et moi-même étions satisfaits d’entendre que le CIUSSS prenait en charge la situation», a-t-il déclaré en anglais.

Le 29 mars 2020, Mme Rosebush a fait parvenir un courriel à la directrice de cabinet de Mme Blais pour lui signaler que le CHSLD Herron vivait une situation «très problématique».

Il n’y avait «presque plus de personnel pour prendre soin des 154 résidants», a-t-elle écrit. Son message a été transféré la nuit même à Mme Blais, alors que Mme McCann obtenait le 30 mars un «état de situation».

Mme Rosebush a ajouté dans ce même courriel que «le CIUSSS va prendre en charge le CHSLD pour donner les services, le temps de ramener la situation et de former le personnel».

«Le CIUSSS de l’Ouest de l’Île prend en charge la situation dans le CHSLD Herron, c’est ce qu’on dit dans le courriel. Donc, c’était rassurant», s’est défendu M. Legault.

«Pour moi, c’était correct», a-t-il ajouté en anglais. Le premier ministre était-il oui ou non au courant des problèmes au CHSLD Herron? «Je ne me rappelle pas d’avoir été au courant de ça», a-t-il répondu.

«Mais je peux très bien comprendre que Mme McCann, puis Mme Blais, quand elles ont vu un courriel qui disait: « Le CIUSSS prend en charge la situation à Herron », que ça les a satisfaites», a-t-il enchaîné.

Départs réclamés

Ces explications n’ont pas suffi à la cheffe libérale Dominique Anglade, qui a réclamé mardi le départ des ministres Blais et McCann pour avoir menti à la population.

De toute évidence, les deux ministres — et peut-être même le premier ministre — savaient dès le 30 mars 2020 qu’il n’y avait presque plus de personnel pour soigner les résidants du CHSLD Herron, a-t-elle martelé.

Or, selon la version officielle, ce n’est qu’autour du 10 avril qu’ils apprenaient la catastrophe à Herron.

«On avait des ministres qui étaient au courant et qui nous ont menti depuis deux ans», a fulminé Mme Anglade, disant ressentir un mélange de «colère» et de «tristesse».

Mmes Blais et McCann ont toutes deux déclaré devant la coroner que ce n’est que suivant la publication d’un article dévastateur dans The Gazette qu’elles avaient saisi la gravité de la situation.

«Herron, on a appris ça surtout par l’article de journal, on ne connaissait pas l’ampleur de la situation», a déclaré Mme Blais lors de son témoignage le 14 janvier dernier.

Le député péquiste Pascal Bérubé a accusé le gouvernement de s’être «assis sur ces informations» pendant 10 jours. «Je ne sais pas si quelqu’un fait ses boîtes aujourd’hui, mais j’invite des personnes à la réflexion.»

«Écoutez, c’est grave, a-t-il poursuivi. Deux ministres étaient informées de ce qui se passait à Herron dix jours avant. Imaginez l’impact si on avait agi rapidement sur ce qui s’est passé à Herron.»

De son côté, le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a invité Mme Blais à procéder à un «examen de conscience».

«Ça fait des années qu’elle est en politique québécoise et qu’elle répète sur toutes les tribunes qu’elle veut défendre les aînés. Bien comment ça elle a appris ce qui se passait au CHSLD Herron puis elle n’a rien fait?»

Les trois partis d’opposition ont réitéré, mardi, leur demande pour la tenue d’une enquête publique et indépendante sur la gestion de la pandémie par le gouvernement Legault.