Doug Ford affirme que Danielle Smith «comprend que nous devons être unis»

OTTAWA — Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a déclaré que son homologue de l’Alberta, Danielle Smith, comprend pourquoi les dirigeants politiques du Canada doivent être unis face à la menace tarifaire du président des États-Unis, Donald Trump. Il estime que les premiers ministres du pays «la font avancer» dans sa position.

Les premiers ministres des provinces et des territoires ont rencontré virtuellement le premier ministre Justin Trudeau mercredi matin pour discuter des premières mesures de Donald Trump en tant que président et de la menace imminente des tarifs, qui pourraient survenir dès la semaine prochaine.

Le républicain a signé lundi un décret ordonnant à son gouvernement d’étudier les pratiques commerciales «déloyales» présumées du Canada et du Mexique et de déposer un rapport d’ici le 1er avril.

Plus tard dans la journée, il a évoqué l’imposition de tarifs de 25 % aux deux pays d’ici le 1er février, critiquant de nouveau le Canada pour le passage de drogues illégales et de migrants en situation irrégulière aux États-Unis.

Le Canada a réfuté la vision des choses de M. Trump. M. Trudeau a indiqué mardi que moins d’un pour cent du fentanyl ou des migrants entrant aux États-Unis proviennent du Canada.

S’adressant aux journalistes à Toronto après la réunion de mercredi, M. Ford a déclaré que le groupe veut s’assurer que le Canada dispose d’un «plan solide».

«Nous savons que ces tarifs douaniers seront imposés le 1er février. Nous devons répliquer dollar pour dollar et nous assurer que cela nuise autant aux Américains qu’aux Canadiens», a-t-il affirmé.

Le caucus libéral fédéral a passé deux jours en retraite au Québec cette semaine à peaufiner les détails d’un plan pour répondre aux tarifs. M. Trump menaçait depuis l’élection de novembre d’imposer des tarifs dès son premier jour au pouvoir.

Les changements de discours et d’échéanciers du président américain sont tout à fait normaux, a déclaré M. Trudeau aux journalistes mardi. Il a fait savoir que son gouvernement avait prévu divers scénarios et était prêt à mettre en œuvre des tarifs de représailles.

À leur dernière réunion, qui s’était tenue en personne à Ottawa la semaine dernière, 12 des 13 premiers ministres avaient signé une déclaration commune à l’unité face à la menace des tarifs.

La première ministre Smith avait été la seule à faire exception, affirmant qu’elle ne pourrait pas adhérer à l’approche «Équipe Canada» si le gouvernement fédéral refusait d’exempter les exportations d’énergie dans ses éventuelles mesures de rétorsion.

Au cours des jours qui ont suivi, elle s’est encore plus éloignée du groupe en rencontrant des législateurs américains et en appelant à la coopération plutôt qu’aux représailles.

«Le pays passe avant tout»

Mercredi, M. Ford a déclaré que Mme Smith «comprend que nous devons être unis» et qu’il comprend «qu’elle veuille protéger son principal produit».

«Mais le pays passe avant tout. On ne peut pas enlever un outil de la boîte à outils», a-t-il ajouté.

Lorsqu’on lui a demandé si Mme Smith était désormais du côté de ses collègues, M. Ford a répondu: «Je pense que nous la faisons avancer.»

Danielle Smith a écrit sur les réseaux sociaux mercredi après-midi que la taxation des exportations de pétrole vers les États-Unis «serait un désastre pour le Canada».

Elle a appelé le gouvernement canadien à améliorer la sécurité à la frontière et à augmenter les dépenses de défense. Selon elle, il y avait un plus grand consensus sur ces questions que la semaine dernière. Elle a qualifié la réunion de «plus positive» que la précédente.

De son côté, le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a déclaré mercredi que, même s’il approuve l’approche «Équipe Canada», «l’imposition de droits de douane dollar pour dollar avec les États-Unis n’est pas dans l’intérêt des Canadiens et notre gouvernement ne devrait jamais envisager d’imposer des droits de douane à l’exportation».

Quant au premier ministre du Québec, François Legault, il n’a pas voulu dévoiler ses cartes. «En ce qui concerne les mesures de rétorsion, nous nous sommes mis d’accord sur certaines étapes, mais nous n’allons pas les révéler. Nous attendons que M. Trump impose ses tarifs avant d’annoncer des mesures de représailles.»

Par ailleurs, le groupe a convenu de s’attaquer à des problèmes de longue date concernant le commerce au sein du Canada.

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a dit qu’il soutiendrait les mesures de rétorsion du gouvernement fédéral contre ce qu’il a appelé «la taxe Trump», ajoutant que la guerre commerciale imminente devrait être un signal que le Canada doit renforcer sa propre économie.

«Cela signifie qu’il faut examiner nos politiques commerciales internes à travers le pays et se poser des questions simples comme : “Pourquoi est-il si difficile d’envoyer une bouteille de vin d’une province à l’autre?”»

Le Comité du commerce intérieur (CCI), qui comprend des représentants des provinces et des territoires ainsi que la ministre fédérale du Commerce intérieur, Anita Anand, a convoqué une réunion d’urgence pour discuter des moyens de faciliter la circulation des marchandises à l’intérieur du pays.

Mme Anand a écrit sur les médias sociaux que «l’élimination des barrières commerciales à l’intérieur du Canada pourrait ajouter jusqu’à 200 milliards $ à notre économie et atténuer l’impact des tarifs douaniers».

Lorsqu’il a menacé d’imposer des tarifs douaniers, M. Trump a déclaré qu’ils constituaient une réponse à ce qu’il a appelé l’inaction du Canada et du Mexique sur les drogues illégales et les migrants entrant aux États-Unis.

Le gouvernement fédéral a annoncé un plan de 1,3 milliard $ pour renforcer la sécurité à la frontière en décembre. Cette semaine, la Gendarmerie royale du Canada a déployé deux nouveaux hélicoptères pour surveiller la frontière.

«Négocions ensemble»

M. Trump a également soutenu que les tarifs douaniers sont un moyen de faire pression sur le Canada au sujet du déficit commercial entre les deux pays.

Mme Smith a déclaré que le Canada devrait s’efforcer de remédier au déséquilibre commercial.

«Réduisons la rhétorique et concentrons-nous sur la négociation de solutions qui profitent aux Canadiens et aux Américains», a-t-elle dit.

Mardi, Arlene Dickinson, vedette de l’émission «Dragon’s Den» et membre du conseil consultatif du premier ministre sur les relations canado-américaines, a déclaré qu’elle espérait que Mme Smith changerait d’avis.

«Il est extrêmement important que nous négociions ensemble, comme une seule nation», a-t-elle indiqué aux journalistes lors de la retraite du cabinet Trudeau à Montebello, dans la région de l’Outaouais.

Les premiers ministres se sont engagés à se rencontrer chaque semaine maintenant que Donald Trump est officiellement de retour à la Maison-Blanche.