Doug Ford déclenchera-t-il des élections en 2025? Les signes s’accumulent.

TORONTO — À l’intérieur de l’Assemblée législative de l’Ontario, les couloirs sont décorés, les sons des chœurs d’enfants entonnant des chants de Noël flottent dans les couloirs et dans l’air circule la rumeur d’élections générales.

Le personnel et les politiciens sont tous en effervescence face aux spéculations sur des élections anticipées, notant des signes, petits et grands, s’accumuler alors que l’Assemblée législative se prépare pour ses vacances d’hiver.

Certains voient l’accélération de plusieurs projets de loi par le gouvernement comme une indication qu’il veut faire le ménage dans le domaine législatif avant le déclenchement d’élections au printemps. D’autres soulignent la date limite de fin d’année que le premier ministre Doug Ford a donnée aux membres du caucus progressiste-conservateur pour décider s’ils se présenteront à la réélection.

Certains disent que les chèques de «remise» de 200 $ que le gouvernement prévoit envoyer par la poste aux ménages ontariens au début de la nouvelle année sont la preuve qu’une élection suivra bientôt, tandis que d’autres notent que les dépenses publicitaires du gouvernement sont à leur plus haut niveau jamais atteint.

Et les rumeurs s’emballent de plus belle depuis que M. Ford a refusé à plusieurs reprises d’exclure la possibilité de déclencher des élections plus tôt que la date fixée de juin 2026 lors d’une conférence de presse ce printemps.

Tout cela amène les partis d’opposition et les groupes d’intérêts spéciaux à lire dans les feuilles de thé et à s’assurer que leur propre planification électorale est bien avancée.

Les libéraux sur la ligne de départ

«J’entends ce que tout le monde dit, à savoir qu’il y a certainement des plans en cours pour envisager de déclencher des élections plus tôt», a indiqué la coprésidente de la campagne libérale Genevieve Tomney.

«Donc, de mon point de vue, la chose la plus importante que je puisse faire est de travailler avec mon équipe pour être prête.»

La cheffe libérale Bonnie Crombie a déjà fait deux annonces sur sa plateforme, en utilisant «Team Bonnie» («Équipe Bonnie») à la place de «The Ontario Liberal Party» («Le Parti libéral de l’Ontario») dans certains des documents d’accompagnement, et le parti présente la nouvelle cheffe aux électeurs par le biais d’une campagne publicitaire. Dans ce cas, la rumeur préélectorale est utile, a souligné Mme Tomney.

«Je veux toujours m’assurer que nous utilisons nos ressources et que nous diffusons un message fort à un moment où les gens sont réellement prêts à l’entendre et à faire quelque chose à ce sujet», a-t-elle soutenu.

«Si nous avions lancé une publicité il y a six mois, je ne suis pas sûre que les gens seraient prêts à commencer à explorer ce à quoi ressemble une alternative à Doug Ford.»

Les syndicats en campagne

Des tiers comme les syndicats d’enseignants prennent également note des spéculations sur les élections anticipées et préparent leurs propres campagnes publicitaires. Ils financent conjointement des publicités anti-Ford sous la bannière d’«Ontario Forward», qui rappelle l’ancienne «Working Families Coalition» qui a dépensé des millions de dollars en publicité contre les conservateurs progressistes lors des élections précédentes.

La Fédération des enseignantes et enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO) lance également sa propre campagne intitulée «Ford High», destinée à mettre en lumière une litanie de problèmes dans les écoles.

«Je n’entre pas dans une conversation ces jours-ci sans que quelqu’un me dise: « Que pensez-vous des élections ? » et « Quand auront-elles lieu? » et que les gens doivent être conscients et se mobiliser», a déclaré la présidente de la FEESO, Karen Littlewood.

«Je pense que nous avons tous fait nos paris. J’ai changé mes paris à quelques reprises, mais pour l’instant, je parie sur la fin mars ou la fin avril (…) Il en coûtera beaucoup d’argent aux citoyens de l’Ontario pour tenir des élections maintenant, alors que nous n’en avons pas besoin avant juin 2026, mais si c’est la direction que le gouvernement veut prendre, pour consolider sa voie, nous devons être prêts.»

Une seule personne sait vraiment si M. Ford appuiera sur la gâchette électorale ce printemps. Et même lui n’en est peut-être pas sûr à ce stade.

Laryssa Waler, l’ancienne directrice des communications de Doug Ford, a déclaré il y a un mois qu’elle était certaine que le premier ministre déclencherait des élections anticipées, mais elle n’en est plus si convaincue maintenant.

«Je pense que le premier ministre a beaucoup de choses à faire et il est en bonne voie de les faire, surtout en ce qui concerne la construction d’infrastructures: hôpitaux, soins de longue durée, écoles, la ligne Ontario, GO à deux sens toute la journée, toutes ces choses», a souligné Mme Waler, directrice du cabinet de relations publiques Henley Strategies.

«Je pense qu’il essaie de peser le pour et le contre, est-ce que ces choses se produiraient plus rapidement et mieux si on déclenchait des élections maintenant et qu’on obtenait un mandat plus important ou (…) est-il préférable de continuer à avancer?»

Une enquête de la GRC en cours

La cheffe néo-démocrate, Marit Stiles, croit que le premier ministre Ford envisage des élections anticipées pour des raisons plus égoïstes.

«Je comprends pourquoi il est si préoccupé par l’enquête criminelle de la GRC et par ce qu’elle va révéler», a-t-elle avancé.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) enquête sur le processus du gouvernement visant à retirer 15 parcelles de terrain des terres protégées de la ceinture de verdure pour construire 50 000 maisons. M. Ford a finalement annulé sa décision et a rendu le terrain à la ceinture après que la vérificatrice générale et le commissaire à l’intégrité eurent tous deux constaté que le processus favorisait certains promoteurs.

Le bureau de M. Ford a confirmé en août que la GRC avait commencé à interroger des témoins, mais à ce moment-là, le premier ministre Ford n’était pas inclus. Le premier ministre dit être convaincu qu’aucun acte criminel n’a eu lieu.

Mme Stiles a déclaré que le NPD travaillait dur pour nommer des candidats et recueillir des fonds. Le parti a récemment annoncé avoir recueilli plus de 825 000 $ grâce à 15 640 contributions sur une période de 60 jours.

«Cela signifie beaucoup pour nous, car nous savons que ce sont des gens qui (…) ont besoin d’un gouvernement qui répondra réellement à leurs besoins, les travailleurs de cette province», a-t-elle déclaré.

Les libéraux disent avoir recueilli près de 2,5 millions $ en 60 jours, dont plus de la moitié provenait d’un grand événement de la cheffe organisé par Mme Crombie la semaine dernière.